Gervinho, graine de star

Arrivé au Mans dans l'anonymat à l'été 2007, le fantasque ivoirien Gervinho, dynamisé par des JO qu'il rêvait de disputer et les buts qu'il se met enfin à marquer, est devenu la nouvelle vedette de son équipe de Ligue 1. "C'est vrai que mon statut à changé" , reconnaît le jeune et timide attaquant de 21 ans, arrivé "comme un inconnu" et caché derrière ses nattes. Titularisé sur la pointe des pieds en septembre 2007, justement contre Lyon qu'il retrouve dimanche, le capitaine de sa sélection olympique n'a ensuite quitté le MUC que pour disputer la CAN et les JO.

Ses chevauchées fougueuses, ses coups de rein et ses éclairs de génie en ont fait l'un des favoris des supporteurs qui ont découvert dans le couloir droit cet ancien attaquant axial. Mieux, l'Ivoirien, surnommé "patte de serin" en raison de ses mollets de coq et ses chaussures jaunes, se met même à marquer des buts. En six titularisations cette saison et quatre réalisations, contre deux l'an passé, le promoteur de la dernière campagne d'abonnements du MUC a déjà rejoint les meilleurs artificiers du club. "Mon manque de finition m'inquiétait un peu, alors cet été, j'ai fait un travail individuel à la fin des séances. Sans me donner ses secrets, Didier (Drogba) me donne souvent des conseils au téléphone."

Ancien pensionnaire de l'ASEC Abidjan, intégrée en 1998 et où son frère de 13 ans est toujours apprenti, Gervais Yao Kouassi, qui a hérité son surnom d'un entraîneur brésilien de l'époque, vit depuis un rêve éveillé. "Il joue comme il est dans la vie, avec enthousiasme et bonne humeur", témoigne le directeur technique du MUC Alain Pascalou. "Il aime créer, tenter. Quand il est moins bon, je lui dis souvent avec humour qu'il a les yeux 'd'un poisson mort'. Son foot doit pétiller." Passé par Beveren (Belgique) et sous contrat jusqu'en 2011, Gervinho affiche sa fierté d'être international et pense tout haut à Arsenal, un club "qui donne sa chance aux jeunes", dit-il.

"A l'époque de l'Académie, Thierry Henry était mon idole, se souvient-il. Avec les Gunners, il faisait des trucs extraordinaires." "Quelquefois, j'ai tellement envie d'apporter que j'ai du déchet" , poursuit l'Ivoirien avec lucidité. "Je suis revenu fatigué des JO et je me suis trop précipité sur certains matches." "C'est peut-être dû à la décompression, à des interrogations sur son placement , tente d'expliquer Pascalou. Après la CAN et six mois exceptionnels, il avait eu du mal à réenclencher mais là, j'ai la sensation qu'il a pris conscience qu'il peut marquer des buts."

"Dans ses actions, il a cette faculté à déborder avant de centrer en retrait, poursuit-il. Quand on l'a découvert, on ne pouvait pas laisser passer une telle opportunité. Maintenant, c'est notre porte-drapeau et il doit l'assumer." Dans sa chambre, un énorme tigre en peluche veille sur une impressionnante collection de chaussures de foot. "Je les garde précieusement et quand je retourne en Côte d'Ivoire je les donne à mes amis et on organise des matches dans mon quartier", se justifie-t-il timidement.