Gignac-Hoarau, le duel

Eurosport
ParEurosport

Publié 22/03/2009 à 09:00 GMT+1

Le choc entre Toulouse et le PSG sera l'occasion d'un duel entre les deux meilleurs buteurs de L1 : André-Pierre Gignac et Guillaume Hoarau. Dans un style différent, les deux attaquants ont explosé cette saison, même si seul le Toulousain a pour l'instant été appelé chez les Bleus.

LE PARCOURS DU COMBATTANT
Aujourd'hui au sommet du classement des buteurs, les deux hommes ont pour point commun d'avoir éclos relativement tardivement au haut niveau. Loin des Benzema ou Ben Arfa, on ne leur a jamais prédit un avenir doré dès leur plus jeune âge. Pour Gignac, l'aventure a même plutôt mal commencé. A Lorient, où il marque dès son premier match en L2, il se brûle les ailes. "Je me prenais pour Ronaldo" , avoua-t-il plus tard. Ecarté par Christian Gourcuff, il passe une année de purgatoire en National, à Pau, où il inscrit 8 buts en une demi-saison. Deux ans plus tard, il découvre l'élite avec les Merlus. Première titularisation et premier triplé. Mais l'histoire se répète. Débauché par Toulouse, il peine aux côtés d'Elmander (2 buts en 28 matches) et c'est finalement à 23 ans qu'il sort de l'ombre. Le parcours de Hoarau est moins chaotique. Mais, du Havre en passant par Gueugnon (où il est prêté en 2006-2007), le Parisien a dû attendre ses 24 ans pour quitter la Ligue 2 et découvrir le haut niveau. Avec le succès que l'on connaît pour parvenir lui aussi à remplacer un autre serial buteur : Pauleta.
UNE OPPOSITION DE STYLE
Entre le buffle Gignac et le longiligne Hoarau, c'est une véritable opposition de style. Avec son physique de déménageur (1.86, 84 kg), le Toulousain joue avec sa puissance. "Gignac me fait penser à Papin. Il part en profondeur et dès que le ballon arrive, il sait très bien où est le but", dit de lui Thierry Henry. Mais le natif de Martigues n'est pas qu'un cogneur. Selon Alain Casanova, son entraîneur, il est "capable de jouer en remise, de prendre la profondeur, de jouer sur un côté ou dans l'axe : c'est le prototype de l'attaquant moderne". De son côté, Hoarau évolue dans un autre registre. "Par rapport à moi, c'est un joueur costaud. Il sait tenir une défense à lui tout seul" , reconnaît-il. Du haut de son 1m92, le Réunionnais brille lui par sa polyvalence et a fait de son jeu aérien l'une de ses forces. Sur ses 15 buts, il en a inscrit 6 du pied droit, 4 du gauche et surtout 5 de la tête pendant que Gignac fait mouche exclusivement du droit. Sa grande taille lui permet en outre de jouer un rôle de pivot sur le front de l'attaque.
DES HOMMES D'INFLUENCE
A Toulouse, difficile d'occulter une certaine Gignac-dépendance. "Il est influent et important dans le groupe, au même titre que beaucoup d'autres joueurs, comme Didot ou Carrasso", rétorque Casanova. Mais l'attaquant du TFC est directement impliqué dans 61% des buts de son équipe (17 buts et 3 passes décisives), un record cette saison en L1. Aucun de ses coéquipiers n'a ainsi marqué plus de deux fois. Son influence s'étend également hors du terrain où ses coéquipiers le présentent volontiers comme un animateur de vestiaire. Plus réservé, Guillaume Hoarau a su gagner le respect sur le rectangle vert. "Dès le premier match, j'ai vu qu'il allait beaucoup nous apporter", raconte Mickaël Landreau. Avec 15 réalisations et 2 passes, le PSG lui doit 42 % de ses buts. Mais le club de la capitale possède davantage d'atouts offensifs avec Luyindula, Sessegnon, Kezman ou Giuly, buteur lors des trois dernières journées. Ça n'est pas pour rien que Paris est la meilleure attaque cette année en championnat avec 16 buts en 2009.
LA TETE SUR LES EPAULES
Les deux joueurs ne sont pas du genre à faire des vagues. Les déboires passés ont assagi Gignac, même si Lille se souvient sans doute de son transfert avorté dans le Nord. "L'année dernière, j'ai beaucoup souffert. Cette saison, j'ai dû travailler comme un forcené pour arriver où je suis. Je sais d'où je viens" , explique-t-il lui-même. Plus question de s'enflammer, même lorsque Domenech lui avait tressé des louanges en 2006. "Revenir d'où il vient en acceptant de se remettre en question est un exemple pour les plus jeunes. Quand beaucoup auraient rué dans les brancards, lui il a mis la tête dans le guidon et a bossé", confirme aujourd'hui Casanova. On retrouve la même humilité chez Hoarau. Arrivé au milieu du scepticisme quant à sa capacité à franchir le cap en L1 et à se montrer plus réaliste, l'ancien Havrais a fait ses preuves. "En plus d'avoir du talent, c'est quelqu'un de généreux. C'est un élément hyper positif. Il a envie de progresser et de grandir, donc il bosse et ne cherche pas à se mettre en avant", confie Landreau.
LES BLEUS : AVANTAGE GIGNAC
Tout le monde les voyait en équipe de France. Mais les places sont chères et Raymond Domenech a finalement choisi Gignac pour la double confrontation cruciale face à la Lituanie. Un "choix tactique" selon le patron des Bleus. "Il travaille plus dans la largeur. J'avais davantage besoin de cette option que d'une option dans la hauteur et la profondeur", a-t-il expliqué. A Kaunas, "il y aura des espaces. Ça n'est pas une équipe qui attend l'adversaire. Cela correspond peut-être plus aux qualités de Gignac". Mais Hoarau aura sans doute sa chance. "C'est la vie, c'est comme ça. Si ça doit arriver un jour, cela arrivera. Pour l'instant ma vie est belle et elle le restera", ne s'inquiète pas le Parisien. Avec son gabarit hors-norme pour un attaquant, il peut apporter à l'équipe de France une arme dont elle a rarement bénéficié. Son entraîneur est lui aussi persuadé que son travail sera récompensé. "Il faut se dire que ce n'est que partie remise, estime Paul Le Guen. C'est un garçon qui sait attendre".
LE FACE-A-FACE
Quelques jours après l'annonce de la liste de Domenech, le choc entre Toulouse et le PSG offre une belle occasion de jauger les deux buteurs. "Guillaume Hoarau est à 15 buts. Il restera à 15 buts dimanche soir. Gignac, lui, il va prendre le large au classement des buteurs, sourit le Toulousain Daniel Congré. Sa sélection en équipe de France va lui faire du bien. J'espère qu'il va prouver qu'il a vraiment le niveau". Mais, de part et d'autre, on se refuse à résumer ce match du haut de tableau à un duel Gignac contre Hoarau. "Il n'y aura pas de plan anti-Hoarau, comme il n'y aura pas de plan anti-Sessegnon ou je ne sais pas qui. On joue notre jeu et on ne se soucie pas de l'adversaire. C'est collectivement que l'on va répondre présent", met ainsi en garde Casanova. De son côté, le Parisien ne veut pas alimenter ce genre de rivalité. "Gignac est un joueur qui est en pleine confiance. On sait très bien que dans ces moments là, on est capable de tout, se méfie-t-il, tout en tempérant : Gignac a ses qualités et moi les miennes. Je suis respectueux de ce qu'il fait. Une chose est sûre, il n'y a pas de compétition entre nous. Il est devant en ce moment et c'est un bon lièvre" .
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité