Marseille perd la tête

L'Olympique de Marseille est sur une faille. Et connait quelques secousses sismiques à intervalles réguliers. C'est comme ça. Et il n'y a rien à faire. L'OM a besoin de ça pour vivre, c'est inscrit dans les gênes d'un club qui a du mal à faire de la stabilité un leitmotiv. A l'issue d'une saison sportive globalement satisfaisante même si elle s'est conclue sans titre, une nouvelle fois, Marseille semblait pourtant à l'abri de tels remous. Le départ d'Eric Gerets avait été plutôt géré et digéré puisque Pape Diouf n'avait pas mis bien longtemps à trouver un successeur au Belge en la personne de Didier Deschamps. Tout allait bien. En surface... La réalité a vite rattrapé la cité phocéenne et aujourd'hui, l'OM, rongé par une guerre intestine, est à deux doigts de basculer une nouvelle fois du côté obscur.

Pape Diouf, président du club, et Vincent Labrune, président du Conseil de Surveillance, se livrent une lutte d'influence à distance. Le premier ne supporte pas le second, qui le lui rend bien. Nommé par Robert Louis-Dreyfus, Labrune est ciblé depuis un quelques semaines par Diouf, qui lui a balancé au visage des amabilités via la presse. Celles-ci n'ont guère plu à RLD qui, en dernier ressort, va devoir trancher. Une telle situation est ingérable. En faveur de qui ? Il y a un homme de trop sur le navire OM, c'est indéniable.

Si la tendance pourrait laisser penser que Pape Diouf est celui-là, en raison des accointances de Louis-Dreyfus et de Labrune, il est quand même très difficile pour l'actionnaire de l'OM de mettre à la porte celui qui, depuis le début de sa présidence, a redonné à l'OM un certain standing. Certes, l'armoire ne s'est pas emplie d'un trophée supplémentaire. Mais force est de constater que Marseille disputera la Ligue des Champions pour la troisième fois de suite en 2009/2010, que Diouf et Anigo, son directeur sportif, tiennent parfaitement les rênes d'un club que certains jugent souvent ingérable. Ajoutez à cela que l'OM gagne de l'argent.

Les supporters ne sont pas dupes. Eux, si influents et capables de mettre un président à la porte quand ils le souhaitent (Jean-Michel Roussier s'en souvient), n'ont pas envie de voir partir Diouf. D'ailleurs, si ce dernier quittait le club, il ne le ferait pas seul. En plus de quelques joueurs qui pourraient avoir envie d'aller voir ailleurs compte tenu de cette nouvelle donne et de leurs liens avec Pape Diouf, José Anigo a d'ores et déjà annoncé qu'il serait aussi à mettre sur la liste de départs. Lui qui ne pouvait pas s'entendre avec Diouf au début de leur association a lié son avenir à celui du président. "Depuis cinq ans, Pape a fait un super boulot. Il n'y a eu aucun problème juridique ou financier. Il y a eu peu d'échecs sportifs. Il a pacifié les relations avec les supporters. Pape, c'est un mec de qualité. Il est donc inconcevable de faire vaciller le club au moment où celui-ci est reconnu pour être stable et serein. (...) Si Pape doit partir pour X raisons, une chose est sûre : je me mettrai dans ses valises."

Si jamais RLD décidait avant le prochain conseil de surveillance, prévu mercredi, de remercier Pape Diouf, qui prendrait les rênes de l'Olympique de Marseille ? Vincent Labrune ? Difficile à imaginer. Qui alors ? Le nom de Charles Villeneuve aurait été avancé par Vincent Labrune. Les deux hommes se connaissent. Néanmoins, on peine à imaginer l'ancien dirigeant du PSG arriver à l'OM... La solution la plus saine - et envisagée par RLD - serait de trouver un consensus entre les hommes en place. Pour le bien de son club.