Rennes, quelle année !

"Trente-quatre points à la trêve, c'est un record, non ?", fanfaronne Romain Danzé, l'un des rares authentiques Bretons du Stade Rennais. Le jeune joueur peut être satisfait. Rennes a réussi sa première moitié de saison et, globalement, une année 2008 de toute beauté. Guy Lacombe n'y est pas pour rien. Arrivé en Bretagne il y a tout juste un an, à un moment délicat puisque le club en chute libre venait de perdre dix places dans la foulée de six revers consécutifs, le technicien moustachu n'aura pas mis longtemps à entrer dans l'histoire des Rouge et Noir.

Sous sa férule, Rennes a d'ailleurs seulement perdu cinq de ses 39 matches de L1. Dont un seul cette saison, à Grenoble (2e journée, 1-0). Pour les Bretons, qui ont encore étalé samedi leurs vertus morales en inversant la tendance en fin de rencontre contre Lorient (victoire 2-1), la série d'invincibilité a donc atteint la barre des 17 matches, là encore un nouveau record du club. Pourtant, au regard justement de la fin de la saison précédente, la première partie de celle-ci ne revêt finalement pas de caractère exceptionnel. Car l'entraîneur a toujours insisté sur la continuité, faisant valoir dès août son envie de prolonger la dynamique entretenue jusqu'en mai.

Après un mois de février agité, Lacombe avait en effet estimé qu'il en savait assez pour trancher. Et accessoirement dégager la base du groupe uni et solidaire qui a continué de rayonner malgré son essoufflement, même si ses choix ont pu faire des vagues, écartant des éléments orgueilleux comme Wiltord, Sorlin ou Didot (parti à Toulouse). Dans ce noyau dur de 13 joueurs, 10 étaient déjà là l'an passé. Certains, même inconstants, ont porté l'équipe, que ce soit la paire de "vieux" Leroy et Pagis (meilleur buteur rennais avec 6 buts cette saison), la doublette néo-internationale Briand et Fanni, ou la révélation Lemoine dans l'entrejeu. Avec Douchez, Mangane et Bocanegra, Lacombe n'a eu ensuite qu'à ajouter trois petites touches personnelles au tableau.

Le premier a stabilisé le poste de gardien, le deuxième a apporté sa puissance à une équipe qui a aussi fait des arguments physiques son fonds de commerce, et le troisième a donné à un groupe qui en a souvent manqué sa culture de la gagne. Pour l'instant, cela a surtout servi à Rennes à ne pas perdre, comme en témoignent ses dix matches nuls. Mais si, comme à Lorient, cet état d'esprit devait perdurer, Rennes ne devrait pas être très loin de la Ligue des champions en mai.

Après avoir passé un an à repousser les limites du club, l'idée d'une première qualification dans la plus belle des coupes européennes, souvent entrevue mais jamais atteinte, ne doit plus faire peur. "Le club n'a pas d'ambitions démesurées, du moins d'après ce qu'on a pu me dire, je vous le garantis. J'espère que ce groupe-là aura envie de titiller un peu les grosses cylindrées", souhaite, faussement prudent, un entraîneur qui a reconnu samedi qu'il allait passer "un Noël fantastique!"