Boulogne libéré !

Un jour, Boulogne-sur-Mer lui érigera sans doute une statue. Dans l'histoire de l'USBCO, Grégory Thil ne sera plus seulement le goleador qui avait mené le club nordiste sur la route de l'élite. Aux yeux de la Côte d'Opale, il restera à jamais comme le premier buteur de Boulogne en Ligue 1. Comme celui qui lui a offert son premier succès pour son premier match de première division au stade de la Libération. 16 août 2008, jour des premières ? Le raccourci est un brin hâtif. Car si les deux buts de Thil ont offert une précieuse victoire face à Grenoble (2-1), en termes d'efficacité, l'ancien Beauvaisien n'est pas le premier venu. On lui prête souvent une trajectoire à la Savidan. Et pour cause : sa trajectoire épouse étrangement celle de l'ex-attaquant de Valenciennes. Comme l'ancien international, Thil (29 ans) a découvert l'élite sur le tard. Comme "Savigol", Thil fut la terreur des défenses de National, en 2007 (31 buts inscrits). Puis de celles de L2, l'an passé (18 buts).

Le natif de Creil - qui entame sa cinquième saison à Boulogne - a fait trembler les filets à soixante dix-sept reprises en 151 matches de Championnat. Face à un concurrent direct pour le maintien, il a été fidèle à sa réputation. Celle d'un renard des surfaces, vif et percutant, terriblement adroit devant le but. Sa première réalisation, sur un service magistral de Cuvillier, fut un modèle de sang-froid (1-0, 33e). Sa seconde, du bout du pied, fut un modèle de ruse et d'opportunisme (2-0, 38e). Thil aurait pourtant pu mettre son équipe à l'abri s'il n'avait pas buté sur Viviani à deux reprises (15e et 24e).

Conquérante avant le repos, l'équipe de Laurent Guyot a failli payer cash ce relatif manque de réalisme dès le retour des vestiaires. En moins d'une minute, Danijel Ljuboja lui a rappelé qu'à ce niveau-là, la moindre approximation, la moindre saute de concentration est sanctionnée. Bien servi par Tadic, l'ancien Parisien ne s'est pas fait prier pour battre Valverde à bout portant (2-1, 46e). Et pour balayer l'euphorie ambiante. Le stade de la Libération s'est alors crispé. Une fébrilité palpable sur la pelouse.

Les Boulonnais ont serré les dents pendant près de quarante-cinq minutes. Ils se sont faits quelques frayeurs dans les ultimes secondes. Et ils ont tenu. Au courage. Une semaine après la gifle inaugurale reçue à Rennes (3-0), l'USBO n'a pas développé un jeu flamboyant face à des Grenoblois trop timorés. Mais à ceux qui les condamnent déjà à une descente immédiate, les coéquipiers de Grégory Thil ont avancé d'indéniables valeurs morales. Cela leur offre la garantie de ne plus être relégables à l'issue de cette 2e journée.

"On a montré qu'on pouvait faire de bonnes choses, qu'on pouvait mettre un adversaire sous pression. Je suis évidemment très satisfait du contenu de notre première période. Moins de le seconde où on a vu dans la deuxième période notre manque d'expérience. A la différence du match contre Rennes, on a été à distance d'intervention. On sait quand on mène deux à zéro qu'on peut exploser l'adversaire ou qu'on peut se faire rejoindre. Tout le monde attendait avec impatience ce moment. Les gens sont contents de l'état d'esprit. Il y a d'autres matches à faire. Il nous reste 39 points à prendre. Il y a d'autres histoires à écrire. Maintenant, on prépare Saint-Etienne".