Le Big Four exaspère la L1

Les dîners entre présidents des quatre produits d'appel de la L1, pour tenter de prendre plus de poids dans la gouvernance du football, sont monnaie courante. "Ce n'était pas la première, mais la troisième, et on en aura sûrement d'autres. On discute de l'avenir du football français et de ses quatre grands clubs", a ainsi confirmé le président de l'OM, Jean-Claude Dassier, interrogé par l'AFP. Et d'envoyer un message -"Il n'est pas normal que les quatre grands clubs ne soient pas (tous) représentés au conseil d'administration" de la LFP- qui a du mal à passer chez les autres pensionnaires de L1 ou dans les structures chargées de défendre l'intérêt des clubs professionnels.

"Je tiens à préciser qu'à l'UCPF, les quatre clubs cités sont représentés", a tancé Jean-Pierre Louvel, président du Havre (L2) et président de l'Union des clubs professionnels de football (UCPF), interrogé par l'AFP. "Donc, ils ont tout à fait la possibilité au sein du comité exécutif de présenter leur dossier, leurs propositions et de les faire débattre, a-t-il regretté. S'ils ne le font pas, c'est qu'ils ne sont peut-être que 4, 5 ou 6 et que c'est insuffisant pour faire changer les choses. Ils sont peut-être conscients de leurs faiblesses."

Et de lâcher: "J'ai bien vu que l'UCPF était un peu mou (ironique). L'UCPF n'est pas mou, l'UCPF travaille. C'est-à-dire d'une façon sérieuse et rigoureuse et non pas autour d'une table au Bristol (hôtel où le Big Four s'est réuni mercredi). Ca ne sert à rien, ça ne sert pas le football". M. Louvel pointe aussi du doigt une méconnaissance des sujets par les présidents nouvellement arrivés (Robin Leproux au PSG, M. Dassier à l'OM): "Ce n'est pas de notre faute s'ils changent de président tous les ans et demi!"

La bataille juridique entre Bordeaux et Lyon, à propos de la programmation de l'OL-Grenoble pour une question de jours de repos avant le quart de finale français de Ligue des champions, a du mal à sonner vraie après la révélation des dîners du club des quatre. "Tout cela est pitoyable", a tonné Francis Decourrière, président de Valenciennes, interrogé par l'AFP. "Ce sont des affaires de corneculs! lance encore le dirigeant nordiste. Depuis deux jours, ils font semblant de se battre comme des chiffonniers, s'engueulent devant les médias, mais en réalité, c'est 'T'ar ta gueule à la récré, mais rendez-vous ce soir au Bristol!'".

"Ca n'intéressera personne qu'il n'y ait que quatre clubs qui jouent le championnat", persifle encore auprès de l'AFP le président du Mans Henri Legarda, qui met aussi en garde contre une manoeuvre improductive. "On avait retrouvé une certaine unité et cela a fait que les clubs français aujourd'hui se comportent le mieux possible en Coupe d'Europe, rappelle-t-il. Et si on doit recommencer les chamailleries, la désunion, il ne faudra pas pleurer. Les gros clubs savent ce que pensent l'ensemble des clubs."

Mais Frédéric Thiriez ne pourra pas forcément trouver des alliés parmi les petits clubs si un bras de fer s'engage avec le Big Four. "Frédéric Thiriez, qui est un politique malin et un avocat habile, surfe sur ces querelles pour avoir le pouvoir et pour défendre la Coupe de la Ligue qui ne rime à rien. On devrait l'appeler la Coupe Frédéric Thiriez", égratigne M. Decourrière. "Il y a le fait aussi que Thiriez veut faire sa chaîne, alors Canal+ se rapproche des grands clubs", dénonce encore le président de Valenciennes.