Le fol été de Chamakh

Marouane Chamakh à Bordeaux en 2009/2010, hors de question. L'international marocain avait décidé de quitter le navire au terme du dernier exercice. Très tôt dans l'année, il avait tâté le terrain et annoncé être très attiré par l'Angleterre : "Si je suis amené à partir un jour, ce sera, c'est sûr, pour l'Angleterre. Mais cela ne veut pas dire que je veux partir absolument. Cela dépendra des opportunités", annonçait-il au mois de mars.

Le joueur, formé aux Girondins, n'a pas tardé à se montrer plus affirmatif. Plus question de rester, Chamakh a envie d'aller voir ailleurs. Et, courant mai, Jean-Michel Aulas se montre intéressé... "Pour aller en Angleterre on peut toujours faire un crochet par Lyon !", lance-t-il dans les colonnes de Sud Ouest. Du côté de l'Angleterre, Arsenal, Tottenham et Newcastle sont sur les rangs du joueur qui confirme son départ le soir du titre : "J'avais dit que je partais en fin de saison, je reste là-dessus".

Moins de vingt-quatre heures après, Maroune Chamakh revient quelque peu sur ses dires. Durant la fête organisée à Bordeaux, sur l'esplanade des Quinconces, le joueur est ovationné et le public scande "Chamakh à Bordeaux." Dans un élan d'euphorie, le Marocain lance : "Oui je vais rester normalement, ça dépend du président." Jean-Louis Triaud et Laurent Blanc sont ravis. Reste à prolonger le contrat du joueur. Tout le monde sera gagnant. Chamakh sera augmenté et les Girondins ne seront pas obligés de transférer le joueur gratuitement l'été prochain.

L'été commence et le buteur des Girondins n'a finalement plus tellement envie de poursuivre sa carrière à Bordeaux. Parti en vacances aux Etats-Unis, il attend. Beaucoup de clubs sont intéressés, en Angleterre, mais aussi en Italie où la Juventus Turin se serait renseignée. Mais rien de très concret si l'on en croit Jean-Louis Triaud, qui préférerait conserver son joueur : "Chamakh n'a reçu aucune offre d'un club anglais, qu'il soit gros ou petit. Jusqu'ici, la seule offre est venue d'un club suisse. Nous souhaitons que Marouane signe un nouveau contrat à Bordeaux, et il le sait. On veut construire une grande équipe, pas vendre nos meilleurs joueurs."

Pas d'offre ? Si, une. Elle vient de Sunderland et n'est pas pour déplaire au joueur. Mais là, c'est Bordeaux, un brin paternaliste, qui met son veto. On parle pourtant de 14 millions ! Triaud infirme au début du mois de juillet. Et va s'attirer les foudres du club anglais : "On n'a jamais reçu d'offre concernant Marouane Chamakh. En plus, qu'est-ce que Chamakh va aller foutre à Sunderland? Quand vous avez écouté ce qu'il a dit, il a parlé d'un gros club anglais. Je ne veux pas faire injure à Sunderland, je ne sais même pas combien ils ont fini au classement cette année..."

Si Sunderland n'a rien d'un premier choix, cela ne gène pas Marouane Chamakh. "Je ne crache pas sur Sunderland. Je veux faire le bon choix, je ne veux pas partir pour partir. C'est pour ça que je prends mon temps. Je ne suis pas inquiet. J'ai des propositions concrètes et c'est à moi de faire le bon choix." Quelques jours plus tard (17 juillet), il assure que "c'est chaud avec Sunderland et Blackburn où j'aurais pu signer car je suis d'accord avec eux." Arsenal le fait rêver. Mais "les discussions sont moins avancées."

Fin juillet, Marouane Chamakh se rend à Montréal où Bordeaux remporte le Trophée des Champions. La saison approche et Bordeaux ne change pas son fusil d'épaule. Si un club veut le joueur, c'est 18 millions ! Début août, Chamakh est "en colère, je suis même dégoûté. Je ne comprends pas pourquoi on me fait ça. (...) Aller à Arsenal, c'est mon rêve. Ce que demande le club n'est pas juste. Une chose est certaine, je n'ajouterai pas une année de plus à mon contrat (...). Là franchement, je n'ai pas la tête à commencer la saison avec Bordeaux." Si le joueur ne prolonge pas, il commence quand même la saison avec les Marine et Blanc. Et plutôt bien.

Finalement, Marouane Chamakh va rester. Le joueur le susurre. D'autant plus que, devant l'inflexibilité girondine, Arsenal est prêt à attendre l'été prochain quand l'international marocain sera libre. Laurent Blanc est content et pense que les Girondins sont la meilleure solution pour Chamakh : "Qui offre le meilleur challenge et les meilleures garanties sportives à Marouane ? C'est Bordeaux !", lance-t-il.

Invité de dernière minute, West Ham tente de décrocher le gros lot et d'attirer Marouane Chamakh dans ses filets au coeur du mois d'août. Le club reçoit les représentants du joueur alors que celui-ci continue à briller avec Bordeaux. Même Jean-Louis Triaud est d'accord. Mais pas Chamakh. Le 22 août, il annonce : "Je préfère rester à Bordeaux qu'aller à West Ham. J'ai opté pour le challenge intéressant que me propose le club avant d'aller jouer plus tard en Angleterre." Fin du feuilleton ? Presque. Les Hammers reviennent à la charge : 8 millions d'euros dans la balance et 3 millions nets par an pour Chamakh.

De quoi faire changer d'avis le joueur ? Oui et non. "Normalement, je dois rester, assure-t-il après Marseille - Bordeaux, dimanche. Même si j'avais dit que tout pouvait arriver jusqu'au 31 août, je n'ai pas encore eu mes représentants au téléphone. Il n'y a rien de nouveau pour le moment. Je suis parti pour rester. Ça m'étonnerait vraiment qu'Arsenal fasse une nouvelle offre. Je ne me suis pas fait d'illusion et je me suis concentré sur Bordeaux. Je pense que ça va être le cas jusqu'à la fin de la saison." Point final ? Cette fois, oui.