Aux racines du LOSC (2/2)

"Le club a été en danger plus d'une fois, surtout en 1969. A cette époque, il reprend le statut amateur. Lors de la saison 1969-70, on dispute le championnat de France amateur. Mais il faut noter qu'on n'était pas les seuls puisqu'il y avait Lens avec nous mais aussi Le Havre, Toulouse et Montpellier. D'autres places fortes du football français qui avaient également repris le statut amateur. Ça a duré une saison. Heureusement. Ensuite, on est remonté. Ils avaient créé ce qu'on a alors appelé le National. On a remporté ce championnat avant de revenir en deuxième division. En 1971, Lille a réussi à remonter en D1 du temps de René Gardien et a retrouvé son statut professionnel. Mais les comptes du club restaient précaires. En 1969, il faut même un comité de soutien pour organiser une série de matches amicaux et éponger la dette qui atteignait 700 000 nouveaux francs, un record à l'époque."

"Ce fut un long passage à vide jusqu'à 1979 où l'on rejoint la première division et on y reste pendant 19 ans. C'était toujours un club familial. C'était toujours la mairie qui bouchait les trous dans les finances. Comme en 1973 (la mairie éponge une dette de 6 millions de francs, ndlr). Ensuite, on est tombé dans une bonne période avec les Pierre Pleimelding (1977-1981), deux fois meilleur buteur du club, les Zarko Olarevic (1977-1981), etc. Le club était alors entraîné par José Arribas (1977-1982). C'était une bonne période. Mais sans jamais jouer les premiers rôles. Si on regarde les classements, il n'y a rien d'exceptionnel.

Du point de vue des finances, le club n'a jamais eu beaucoup d'argent. C'est la mairie qui gérait (en 1980, le LOSC devient une société d’économie mixte dont la ville est l’actionnaire majoritaire, ndlr). Elle bouchait les trous mais il ne fallait pas trop dépenser. On avait un bon centre de formation mais c'était limite tous les ans. D'ailleurs, à une époque, Pierre Mauroy voulait arrêter, il ne voulait plus rien donner. Il avait dit : 'si vous voulez un nouveau stade, il faudra marquer des buts'. Il a parlé trop vite car c'est l'année où Lille a commencé à bien tourner avec Vahid Halilhodzic."

"Il y a eu la période de la présidence de Bernard Lecomte (1993-2000). Avec son travail, il a permis de remettre Lille à flot financièrement. Ensuite, la mairie a cherché à vendre le club. C'est là que sont arrivés les Luc Dayan et Francis Graille (2000-2002). A partir de cette privatisation, le club est devenu un peu plus professionnel. En plus, ils ont apporté de l’argent. Mais l’arrivée de Michel Seydoux (en 2002) a été encore plus prolifique. Il s’est engagé à fond dans le club et il avait envie d’arriver à quelque chose. On le voit aujourd’hui dans ses réactions. Le centre de Luchin, c’est lui qui l’a fait. Il s’est également battu pour avoir le nouveau stade. Aujourd’hui, il y a une équipe sur le terrain mais il y a également une équipe en coulisses qui est à la hauteur. Tout le monde sait ce qu’il a à faire. C’est peut-être ce sérieux qui a amené le LOSC où il est aujourd’hui.

Sans oublier l’arrivée de Rudi Garcia (en 2008). Même si le club doit beaucoup à Claude Puel (2002-2008), le football pratiqué aujourd’hui n’a rien à voir. Et il ne faut pas oublier que, avant Puel, il y a eu Vahid Halilhodzic du temps du président Lecomte (1998-2002). Avec les moyens du bord, il a réussi à nous mener de la Ligue 2 à la Ligue des Champions, à trois reprises. La saison prochaine, grâce à la Ligue des Champions, ils vont récupérer de l'argent. Car, tous les ans, Michel Seydoux met de l'argent de sa poche. Au Stadium, il n'y a aucune loge. Ça n'est pas avec la recette du club qu'ils peuvent s'en sortir. Tous les Lillois espèrent que le club va renouer avec ses heures de gloire de l'après-guerre. Moi, si on m'avait dit que je vivrais un doublé, j'aurais eu du mal à le croire et c'est arrivé. On a réalisé la même chose que ceux de 1946."

Mémoire vivante du LOSC, Jacques Verhaeghe a publié plusieurs ouvrages sur le sujet, notamment"Lille Olympique Sporting Club : 1944-2004, le soixantenaire", publié en 2004 en collaboration avec Paul Hurseau aux éditions Alan Sutton.