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Cissokho, la crise

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 07/04/2011 à 13:49 GMT+2

Entre coups de sang et mauvaises prestations, Aly Cissokho vit des heures difficiles à Lyon. Une simple crise de croissance après une ascension (trop) rapide, assure son entourage. C’est notamment le cas que son entraîneur à Gueugnon, Victor Zvunka, qui lui conseille de rester à l’OL pour rebondir.

FOOTBALL - 2010/2011 - Lyon-PSG - Cissokho

Crédit: AFP

A Lyon, Aly Cissokho fait débat. Pas seulement pour son altercation avec un supporter à l’entraînement, lundi. Ses prestations sur le terrain sont également bien en-deçà de celles qu’il affichait la saison dernière. Cet incident, qui fait suite à un accrochage avec un journaliste à l’issue du match nul contre Rennes (1-1, le 19 mars), peut néanmoins être la traduction de la mauvaise passe traversée actuellement par l’ancien joueur du FC Porto. Le garçon est sous pression. Jusque là, Cissokho avait pourtant l’image d’un joueur calme et posé, voire effacé. Sa réaction a malgré tout poussé Bernard Lacombe à s’interroger sur sa capacité à évoluer au haut niveau. "Il ne doit pas répondre. Il faut ignorer ce genre de situation. Si tu fais attention à ce genre de choses, tu ne peux pas jouer au haut niveau", a laissé entendre le conseiller du président Aulas. Le joueur, s’il s’est excusé depuis, n’a pas vraiment dit autre chose lorsqu’il a voulu se défendre. "De toute façon, c'est l'apprentissage du haut niveau qui continue. C'est une façon comme une autre de me blinder", a-t-il expliqué.
Car on oublierait presque qu’Aly Cissokho n’a que 23 ans. Surtout, le natif de Blois a franchi tous les échelons à vitesse grand V avant d’atterrir à Lyon. En 2008, il évoluait encore en Ligue 2 à Gueugnon avant d’aller tenter l’aventure au Portugal. Victor Zvunka, qui l’a lancé dans le grand pain chez les Forgerons, nous explique les difficultés d’un tel parcours. "Il n’est pas rattrapé par la pression mais le fait est que tout est allé très vite pour lui, rappelle-t-il. Même s’il a d’énormes qualités, quand tu es habitué à jouer en Ligue 2 puis au Portugal à Setubal et à Porto, tu te demandes ce qui t’arrive. Tu es dans une sorte d’euphorie. Ensuite arrive Lyon avec un gros transfert, la Ligue des Champions… il n’était peut-être pas tout à fait adapté à cette situation. Tu te poses des questions". A l’OL, Cissokho a découvert un autre monde. "Lyon, c’est le top niveau. La pression est énorme, insiste l’actuel entraîneur de l’AS Cannes. Vous devez jouer le titre, vous êtes attendus tous les week-ends. Je ne veux pas être méchant mais, quand vous jouez à Porto, une fois que vous avez affronté le Benfica, le Sporting voire Braga, les autres équipes ne sont pas exceptionnelles".
Zvunka : "Il me fait penser à Dalmat"
Cissokho traverserait donc une crise de croissance. Rien d’anormal selon Zvunka. "C’est une petite crise, dédramatise-t-il. Mais il n’y a pas que lui. C’est le cas de beaucoup de jeunes qui se retrouvent dans un grand club avec beaucoup d’attentes. C’est plus difficile à supporter". Il a d’ailleurs déjà connu pareilles situations. "Il me fait penser à Stéphane Dalmat, estime l’ancien entraîneur de Châteauroux. Ce sont des jeunes joueurs qui ont été placé très tôt dans des situations de haut niveau puis de très haut niveau. Quand Dalmat est parti de Lens (pour Marseille, ndlr), on attendait beaucoup de lui, il y avait beaucoup de pression. Mais il était jeune dans le métier. Ça n’a pas été facile mais je pense que ça lui a forgé un caractère. C’est pour ça qu’il a réussi à l’Inter Milan, de mon point de vue. C’est la même chose pour Aly". Le latéral gauche lyonnais suivra-t-il la même voie ? A Lyon, où l’on a déboursé 15 millions d’euros pour le faire venir, on s’impatiente. Pourtant, Zvunka prédit "un petit temps d’adaptation". Dans son entourage, on nous a également confié qu’il pourrait lui falloir "un an ou deux ans pour digérer tout ça. Répondre à un journaliste ou à un supporter de la sorte, ce sont des erreurs de jeunesse. Plus tard, il le gérera beaucoup mieux. Ça lui fait une bonne expérience".
En attendant, Cissokho est dans la tourmente. Déjà, son match à Nice, au cours duquel il a concédé le corner de l'égalisation (2-2), avait fait couler beaucoup d’encre. Mais, autour de lui, on cherche à le défendre. "Aujourd’hui, il faut peut-être faire davantage le procès de Diakhaté qui, lui, a l’expérienceen Ligue 1, attaque Zvunka. Quand on voit ce qu’il fait sur les deux penalties… C’est lui qui a tué le match". On cherche également à expliquer pourquoi il est loin du joueur solide en défense et explosif en attaque de la saison passée. Il a d’abord eu les blessures à répétition. Or, "Aly doit être au top physiquement. Sinon, on voit tous les petits défauts", selon Zvunka. D’après un de ses proches, qui dit que l’homme est "touché" par les critiques qui le visent, il y a aussi eu sa sélection en équipe de France en Norvège au mois d’août : "Pour certains joueurs, ça les transcende. Pour d'autres, c'est un statut plus difficile à assumer, à l'image de Michaël Ciani. On attend beaucoup de vous, on attend que vous fassiez des passes décisives à chaque match et on est beaucoup moins patient". Restent la mauvaise ambiance au club ("Il n'y a pas une super ambiance à Lyon et ça continue") et le manque de résultats ("L'équipe ne va pas bien donc, pour ceux qui jouent, l'image est un peu erronée").
Les Bleus, « difficile à assumer » ?
Aujourd’hui, son avenir dans le Rhône est en suspens. Aly Cissokho jouit toujours d’une bonne cote en Italie, où le Milan AC voulait déjà le faire venir en 2009. Mais, contrairement à ce que l’on a pu lire ces derniers jours dans la presse, "il est bien à Lyon, il est content. Il n'a aucun envie de partir, nous a-t-on confié. Quand on est international français, on sait que c'est mieux de jouer en France". Pour Victor Zvunka, sa sélection chez les Bleus doit d’ailleurs être une "source de motivation supplémentaire" pour rebondir. "C’est la récompense d’un travail qu’il a accompli depuis des mois. Ça montre qu’il n’est pas loin du groupe France, affirme son ancien entraîneur. C’est d’ailleurs le message que je lui avais envoyé à l’époque". Ce dernier lui déconseille ainsi fortement de quitter l’OL. "Il ne faut surtout pas qu’il change de club tous les deux ou trois ans. A Lyon, on lui fait confiance. Il faut qu’il reste même s’il a un passage à vide. Je ne pense pas que Claude Puel va l’écarter". Car, "sur ses qualités, il n’y a aucun doute, Lyon a recruté un très bon arrière gauche. C’est plus un problème mental", assure-t-il. Mais lui laissera-t-on encore le temps de faire ses preuves ?
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