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Bordeaux en confiance

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 18/05/2012 à 12:07 GMT+2

Cinquièmes avant de se rendre à Saint-Etienne dimanche, les Girondins ont opéré un spectaculaire redressement en se libérant de la pression.

FOOTBALL 2012 Bordeaux - Gouffran et Plasil

Crédit: AFP

Jérémie Janot ne les reconnaît plus. Et pour cause : les Girondins ont bien changé. Le désormais gardien de Lorient a pu le constater le week-end dernier. Le Bordeaux qui est venu péniblement à bout des Merlus (1-0) n’a pas grand-chose à voir avec celui qui errait comme une âme en peine sur les pelouses de France quelques semaines plus tôt. "On les a joués lors de la première journée alors qu’ils doutaient, se souvient Janot, prêté depuis par l’AS Saint-Etienne. On les a affrontés à nouveau début janvier en Coupe. Ils étaient un peu mieux mais on les avait dominés, et il avait fallu un grand Carrasso. Le Bordeaux que j’ai rencontré dimanche est totalement différent. Il a beaucoup progressé. C’est une équipe en pleine confiance."
Pour mesurer l’ampleur de cette métamorphose, un simple coup d’œil à son tableau de marche suffit. Le 15 octobre, la bande à Francis Gillot venait de recevoir une gifle face à Nice -0-3). Elle était alors relégable. Sept mois plus tard, elle est aux portes d’une qualification européenne inespérée, quasi-miraculeuse. Dimanche, dans le Chaudron de Saint-Etienne, elle défendra sa cinquième place, lors d’un dernier acte aux allures de finale. Ce spectaculaire redressement s’explique. Pas seulement par les chamboulements tactiques de Gillot, par l’apport des recrues hivernales, ou par la réussite insolente d’un Yoan Gouffran redevenu enfin lui-même. Non. Si "Bordeaux revient de loin et a retrouvé le sourire", pour reprendre les termes de Mickaël Ciani, c’est parce qu’il est aujourd’hui mieux dans sa tête. Parce qu’il a su faire son examen de conscience. Ou plutôt, son examen de confiance.
"Depuis que personne ne croit en nous, on se lâche"
Cette fameuse "confiance" évoquée par Janot, les Girondins l’ont puisée quand ils étaient largués. C’est paradoxalement à ce moment-là que les Bordelais se sont retroussés les manches. Comme si la pression s’était envolée, évaporée en même temps que les illusions européennes affichées par le champion de France 2009. "Quand on fait un championnat, il ne faut pas se prendre la tête avec des objectifs", souligne Cédric Carrasso. L’irréprochable gardien girondin donne ici une clé qui ouvre la porte de l’introspection. "Le fait de n’avoir plus rien à jouer nous a libérés", souligne Lamine Sané. "Depuis que personne, y compris nous d’ailleurs, ne croit en nous, on se lâche", confirme Nicolas Maurice-Belay.
Cette mentalité a escorté la folle remontée des Bordelais. Elle s’est amorcée juste avant la trêve, au gré d’une série probante de trois succès et un nul en cinq matches. Puis au rythme d’une spirale positive, entretenue par deux victoires de prestige, à Lille (4-5) et face à Lyon (1-0). Sans faire de bruit, sur la pointe des pieds, les Girondins sont ainsi revenus à six longueurs de la quatrième place. Ce redressement a ravivé leurs ambitions européennes. Et "la pression négative" qui va avec. "Quand on a pensé à l’Europe, on s’est déchirés", reconnaît Maurice-Belay, qui a vécu l’épisode sochalien. Résultat : Bordeaux a immédiatement replongé, en gagnant un seul de ses huit matches suivants, à Brest (0-2).
Irrité par une saison "énervante et frustrante", Nicolas De Tavernost a donc tapé du poing sur la table. Il y a un mois, dans les colonnes de Sud-Ouest, le président du directoire de M6, actionnaire principal du club girondin, a pointé du doigt des "problèmes psychologiques qui n'ont pas été réglés". Mais surtout, des comportements douteux sur le terrain. "Certains joueurs se battent, sont constants dans l'effort, d'autres beaucoup moins. Et ce ne sont pas ceux qui parlent le plus qui sont les plus constants (…) Toute place gagnée est un investissement pour le futur. Mieux vaut finir sixième que douzième. Il y a beaucoup de gens qui font beaucoup d'efforts pour ce club. Nous attendons aussi un effort du sportif."
Sur les talons de Montpellier et du PSG
Au cœur de l’hiver, un tel message ne serait probablement pas passé. Il aurait eu le don de tétaniser les joueurs. Cette fois, il les a piqués dans leur orgueil. "Tout le monde y a mis du sien", explicite Carrasso. Et voilà comment Bordeaux a soudainement rappuyé sur l’accélérateur. Le club au Scapulaire s’est offert tour à tour les scalps de Marseille (2-1), de Sochaux (3-0), de Rennes (2-0) et d’Auxerre (4-2). Autant de succès "mérités", dixit Carrasso, qui en ont précédé une cinquième consécutive face à Lorient, beaucoup plus heureuse celle-là. "Nous avons plus de réussite qu’en début de saison", justifie Francis Gillot. Vrai. "Mais la chance, renchérit Carrasso, ça se provoque." Pour peu qu’on l’attende avec une intime conviction, qui porte un nom : "la confiance."
Cette si précieuse "confiance" a permis aux Girondins de récolter 35 points en 2012. A peine moins que Montpellier (42) et que le PSG (36) lors de la phase retour. "Depuis quelques temps, ils ont un parcours de champion", relève Laurent Battles dans un entretien accordé à Football.fr. Mais dimanche, à Geoffroy-Guichard, Bordeaux devra affronter ses vieux démons : pour conserver sa cinquième place, il lui faudra maîtriser ses émotions, contenir sa peur. "C'est Bordeaux qui détient cette place avec un point d'avance sur nous, rappelle le milieu de terrain stéphanois, un ancien de la maison girondine. C'est donc à eux de le défendre. A eux aussi la pression." Celle qui a tant effrayé les Girondins cette saison.
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