Cabella-Payet, les jokers

L'un trainait sa misère depuis le début de saison entre prestations sinusoïdales et problèmes de santé. L'autre ne fut longtemps qu'un recours. De luxe certes mais recours tout de même. Dans le sprint final, les cartes ont été redistribuées. Désormais, Dimitri Payet et Rémy Cabella sont deux des principaux atouts de Lille et Montpellier dans la course au titre. Et si les Nordistes ou les Héraultais, qui s'affrontent ce dimanche, venaient à s'offrir le Graal, ils le devront aussi à leur ultime joker. Zoom sur ceux qui pourraient faire pencher la balance dans le money time.

Depuis quelques semaines, Dimitri Payet est redevenu le joueur décisif qui a fait les beaux jours de Saint-Etienne la saison dernière. Depuis la 29e journée, le Réunionnais a inscrit deux fois plus de buts (4) que lors de ses 24 premières sorties en L1 sous le maillot du LOSC (2). "C'est le Dimitri Payet que l'on veut voir, dont on connaît le potentiel et qu'on n'avait pas encore vu à ce niveau de confiance", constatait Rudi Garcia en début de semaine. "Il peut être influent pendant toute une rencontre, à la mesure de son talent. C'est un plus sur le plan offensif. La maturité arrive. Il se bonifie."

Ce retard à l'allumage n'a pas grand chose d'étonnant. Sa première saison à Saint-Etienne fut chaotique. Aucun but et des prestations souvent quelconques. Timide, le Réunionais manque parfois d'assurance. Or son jeu est basé sur la prise de risque et il a besoin de se sentir à l'aise dans un collectif pour le faire briller. Le garçon marche à l'affectif et l'arrivée de Joe Cole dans le Nord l'a  fait douter en début de saison. Mais depuis que Rudi Garcia l'a installé dans le onze au lendemain d'une défaite à Lyon (2-1, le 10 mars), il ne cesse de prendre du volume.

Sa relation technique avec Eden Hazard est la clé de sa renaissance. Le Belge lui a offert quatre de ses six buts et les deux hommes s'entendent à merveille. Dans le Forez, sa complicité avec Pascal Feidouno lui avait déjà permis de sortir de sa réserve. Le travail de Grégory Dupont, préparateur athlétique du LOSC, lui a également fait un bien fou. Et Lille peut enfin compter sur le plus gros investissement de son histoire (10 millions d'euros). Au meilleur moment.

Rémy Cabella n'a, lui, rien coûté mais pourrait rapporter gros. De SuperSub à maître à jouer, tel est l'itinéraire de la jeune perle héraultaise cette saison. Le chouchou de Loulou Nicollin profite de l'absence de Younès Belhanda, suspendu jusqu'à la fin de saison, pour prendre les rênes du collectif et le mener sur les cimes de l'élite. La semaine dernière à Rennes, il fut à l'origine des deux buts héraultais (0-2). Face à Evian (2-2), c'est lui qui avait provoqué le pénalty finalement raté par Camara.

"Nous étions privés de garçons majeurs à Rennes", jugeait René Girard. "Mais quand on voit le match que fait Rémy Cabella… Il a la fraîcheur, la qualité, l'insouciance." Le facteur x du MHSC en cette fin de saison, c'est lui. Virevoltant sur le côté gauche ou dans l'axe, il joue juste sans trop en faire. "Heureusement, on a le joker... Cabella", constate Louis Nicollin dans les colonnes de Midi Libre. "Quel nez j’ai eu de ne pas avoir voulu recruter cet hiver ! Il a changé ce petit, il a mûri et on va continuer à l’aider. S’il est bien entouré, il ira probablement loin." En cette fin de saison, c'est lui qui a les clés du jeu offensif du MHSC et donc une partie du destin héraultais entre les pieds.

Sa grande force, c'est qu'il ne doute de rien. "Il a une grande confiance en lui et des aptitudes mentales au-dessus de la moyenne. Il prend des risques et assume ses responsabilités", nous assurait Erick Mombaerts, son sélectionneur chez les Espoirs, il y a quelques semaines. Huit fois titulaires lors des treize dernières sorties de Montpellier en Ligue 1, Cabella ne sortira plus du onze jusqu'à la fin de saison. Montpellier ne sera pas sacré champion sans un grand Cabella. Vu ce qu'il a montré ces dernières semaines, la L1 semble tendre les bras au MHSC.