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L1: Petit guide du report

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ParEurosport

Mis à jour 10/02/2012 à 16:13 GMT+1

Depuis une semaine, le foot français vit au rythme des reports en cascade dus aux températures négatives. Des décisions souvent tardives, conséquences de la volonté de la Ligue "d'organiser le championnat et non de le désorganiser", selon la LFP. Qui décide et sur quels critères ? Enquête.

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Crédit: Eurosport

Quand la France a froid, c'est son football qui est paralysé. Quand l'Angleterre ou l'Allemagne continuent de jouer, malgré des températures plus extrêmes, les reports s'accumulent dans l'Hexagone. Le week-end dernier a donné l’impression d’un cafouillage avec des décisions souvent prises à la dernière minute, comme Sochaux-Lille, annulé à 16h58 pour un coup d'envoi théorique à 17h00. Depuis, la FFF a pris les devants en Coupe de France, la Ligue a déjà avancé plusieurs matches de la 23e journée de L1 à 15h00 et reporté Evian-OM. Mais difficile d’effacer cette image brouillée. Pourtant, en la matière, le règlement est assez clair. Il est à peu près le même pour la LFP et la FFF. Bruno Derrien, à l'origine de la directive de la Ligue en mars 2005 suite à un Caen-Lyon disputé sur une couche de verglas contre l'avis des Lyonnais, nous l'explique : "Dans la semaine, quand il y a des doutes sur la praticabilité du terrain, les clubs doivent relayer tous les jours l’état du terrain. En amont, la Ligue programme désormais les choses. Le jour du match, le délégué a le pouvoir de reporter un match jusqu’à deux heures du coup d’envoi. Ensuite, c’est l’arbitre qui prend le relai."
Pourquoi un tel fonctionnement ? "Plus la décision est prise en amont, mieux c’est. Cela évite le déplacement inutile des spectateurs voire de l’équipe visiteuse", nous répond l'ancien arbitre international. Ce bons sens n'empêche pas des reports très tardifs malgré l'activation d'une cellule de surveillance de la météo le 30 janvier, même si la LFP n'aime pas entendre ce reproche. Elle met en avant son obligation de faire le maximum pour que les rencontres aient lieu, même si les prévisions laissent très peu d'espoir. Dans un courrier adressé aux présidents de L1 et L2, Frédéric Thiriez a rappelé que sa "mission (était) d'organiser et non de désorganiser", notant que "chaque match reporté pose d'importants problèmes d'équité et de calendrier". Dans L'Equipe, le directeur des activités sportives à la FFF Christophe Drouvroy évoque quant à lui l'imprévisibilité des conditions de jeu. "On ne peut pas savoir cinq jours à l'avance, défend-il. On est donc obligés d'attendre le dernier moment. On ne peut pas reporter comme ça, par facilité ou confort. Sinon, quand est-ce qu'on joue ? Le calendrier est déjà surchargé et il y a très peu de dates disponibles."
"Ne pas être complice de cette parodie"
Si l'argument est recevable, il ne résiste pas toujours aux faits. Pour nous, Bruno Derrien s'est penché sur la 22e journée de L1 et a noté au moins trois erreurs de jugements, notamment le match ASSE-Lorient arrêté après à peine dix minutes de jeu. "A Saint-Etienne, je trouve que ça n’est pas été très bien géré, nous confie l'ancien homme en noir. Si le terrain est praticable à 15h00, comment ne l’est-il plus à 15h08 ?". Selon lui, deux autres matches auraient également dû être reportés : "A Dijon (contre Valenciennes), où les joueurs perdaient leurs appuis, et à Nancy (contre Rennes), ce fut une parodie de football." Pourtant, il estime qu'il est "moins difficile de juger si un terrain est praticable qu'un penalty ou un hors-jeu". Pour l'arbitre, c'est le principe de précaution qui doit prévaloir au nom de la sécurité et du respect du jeu : "Quand j’étais arbitre, je ne prenais aucun risque. On reprochera beaucoup plus à un arbitre d’avoir fait jouer un match sur une patinoire que d'avoir pris ses responsabilités et d'avoir dit : 'moi, je ne veux pas faire jouer'. Je ne veux pas être complice de cette parodie ".
Pourtant, le problème se pose chaque hiver. Avancer certains matches de la 23e journée à 15h00 et établir un suivi journalier des terrains, voilà deux mesures qui constituent des avancées pour Bruno Derrien. L'arbitre tord au passage le coup à une idée reçue au regard des contrats qui lient la LFP à ses diffuseurs : "La télé ne m’a jamais imposé de faire jouer un match. Personne ne m’a mis la pression pour jouer". D'autres solutions ont été exploitées, comme les pelouses synthétiques. Samedi dernier, Frédéric Antonetti l'a expérimenté à Nancy (0-0) et n'a visiblement pas été emballé. "C'était encore pire que sur une pelouse gelée, a-t-il pesté. C'est tout sauf du football, c'est un peu du hasard". L'exemple allemand montre aussi que l'on peut jouer des conditions difficiles dans des stades modernes. Sur ce dossier, la France a accumulé un retard gigantesque. A Sochaux, où la rencontre face à Lille a été reportée au coup d'envoi, le système de chauffage de la pelouse est ainsi tombé en panne la nuit précédente la rencontre. Mercredi, Valenciennes a en revanche pu accueillir le LOSC sans problème dans son nouveau stade du Hainaut. Sans doute pas un hasard. L'Euro 2016 pourrait donc permettre un vaste mouvement de modernisation des enceintes françaises. Mais c'est encore loin...
La pression de l'UEFA
Reste une réflexion de fond sur le calendrier. Un vieux serpent de mer. En 2009, un groupe de travail de la LFP envisageait de copier le modèle anglais et de programmer deux journées supplémentaires fin décembre. Une grande trêve hivernale à l'Allemande est aussi souvent évoquée. Cette semaine, Antonetti s'est même positionné pour un report intégral de la 22e journée. "Pourquoi l'UEFA prend-elle quatre dates pour les huitièmes de finale de la coupe d'Europe? Avec deux dates disponibles, peut-être auraient-ils remis toute la journée !", s'est-il interrogé. Mais il a là mis le doigt sur un point sensible. Modifier le calendrier est une entreprise compliquée. Car la France est sous la pression de la confédération européenne. La FFF a ainsi dû demander son pour reporter Bourg-Peronnas-OM et Dijon-PSG au 15 février. L'UEFA peut en effet "sanctionner les associations nationales dont les compétitions nationales ont engendré au moins trois chevauchements majeurs" avec le calendrier international, nous a-t-on confirmé en Suisse. Une sanction équivalente à "10 % du montant de solidarité" de la Ligue des Champions, soit 450.000 euros pour la France. Un vrai casse-tête. Et Laurent Blanc qui voulait terminer le championnat plus tôt...
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