Montpellier y croit enfin

"C'est débile de parler de titre. C'est vous les journalistes qui nous parlez de la Ligue des Champions et de tout le bazar. Nous, on demande rien à personne. Il reste 10 matches, on peut tous les perdre. Il faut avoir les pieds sur terre." Voilà ce que nous déclarait Louis Nicollin le 22 mars. Le discours officiel était clair : si Montpellier termine dans les huit premiers, il boucle son budget et la saison est réussie. Une victoire face à Saint-Etienne (1-0) et deux contre-performances du PSG plus tard (1-1 face à Bordeaux, 2-1 face à Nancy), le discours a radicalement changé. 

C'est Olivier Giroud qui a brisé le tabou lundi sur les ondes de France Bleu Hérault : "Bien sûr que le titre de champion de France est désormais l'objectif."Confinée jusqu'ici aux vestiaires, l'ambition du groupe de René Girard s'est répandue dans les journaux cette semaine. Montpellier a décidé de muscler son discours. "Si on n'y va pas là, on n'ira jamais", confirme le défenseur Cyril Jeunechamp. "Maintenant que l'on est là, on ne peut plus dire que l'on joue la troisième ou quatrième place, sinon ce serait prendre les gens pour des imbéciles. Plein de petits signes nous incitent à croire à notre chance."

Principal signe, le fléchissement de Paris qui a forcément délié les langues. Car ce qui a changé en deux semaines, c'est que Montpellier a désormais son destin en main. S'il gagne ses neuf derniers matches de Ligue 1, le MHSC sera champion de France pour la première fois de son histoire. Du haut de ses seize saisons en Ligue 1, Cyril Jeunechamp a trop connu l'ombre en L1 pour ne pas profiter pleinement de la lumière aujourd'hui :"Nous avons un match en retard et une différence de buts favorable sur le PSG et Lille. C'est un point de plus. Tout le monde est obligé d'y croire", annonce-t-il. "L'ambition est là, mais il reste encore un bout de chemin à faire. Il reste neuf matches, neuf finales de coupe pour essayer d'aller au bout."

Montpellier est donc désormais son principal adversaire en cette fin de saison. Le report de son déplacement à Marseille lui a offert quinze jours de repos. Cette trêve improvisée peut-elle permettre à Montpellier d'échapper au coup de pompe récurrent du printemps, qui avait freiné son élan lors des deux précédentes saisons ? "Ce n'est pas comparable, car notre effectif est aujourd'hui plus étoffé. L'an passé, le creux avait suivi notre défaite en finale de la Coupe de la Ligue", estime Nicolas Girard, préparateur physique du groupe pro.

Son père, en revanche, reste marqué au fer rouge par les deux trous d'air qu'ont connu ses hommes en 2010 et 2011 à la même époque. Ne lui parlez pas de titre. Pas encore : "Parler, parler, c'est facile. C'est ce que tout le monde veut entendre, ce que tout le monde veut leur faire dire", s'enflamme René Girard. "S'ils ne le disent pas, on va parler de manque d'ambition. Si on se plante, on dira qu'ils auraient mieux fait de fermer leur gueule". Non, René Girard n'est pas encore prêt à assumer la place de leader. Il parlera peut-être de titre" lors de l'avant-dernière journée face à Lille ou pour l'ultime match à Auxerre." Mais ses joueurs s'en chargent pour lui. Et même Louis Nicollin l'avoue à demi-mots dans les colonnes de l'Alsace : "Lille revient très fort. J’espère qu’on fera un résultat en match en retard à Marseille. Je pense qu’on serait alors trois à se battre, les autres seraient un peu plus loin."