Pastore est pressé

C'était lui la star. Et personne d'autre. Leonardo l'a fait comprendre d'entrée. Les journalistes qui tentaient de recueillir la parole du manager brésilien sur la défaite contre Lorient (0-1) ou la suite du marché parisien ont dû se contenter d'enregistrer un sourire et un ordre intimé en douceur : ce lundi, les questions seraient pour Javier Pastore. Nous ne saurons pas si Tiéné a vraiment grillé sa dernière cartouche contre les Merlus (A Bola assure qu'Alvaro Pereira est devenu une cible), ni rien d'autre. Il faut dire qu'avec son statut de plus gros transfert de l'histoire de la Ligue 1, le joueur argentin qui partageait le micro avec lui avait de quoi intéresser les médias, plus nombreux et plus polyglottes que jamais dans l'auditorium du Parc des Princes.

Les 42 millions d'euros de son "prix" (chiffre non confirmé officiellement) surfent visiblement sur la peau du Flaco, pas intimidé pour un sou par cet environnement. Deux fois il fut interrogé sur ce statut de joueur star, deux fois il a répondu en substance : "Ce n'est pas une pression. Je me consacre à ce que je sais faire, le jeu. Je joue depuis que j'ai neuf ans et je ne me suis jamais posé trop de questions en dehors de ça. Le prix du transfert, ça ne veut rien dire pour moi. C'est quelque chose qui se joue entre clubs. Moi je suis venu pour gagner des titres. Je n'ai jamais gagné de titre important. Je suis là pour le football et pour les trophées."

Et il est pressé de les connaître, ces victoires. Sous pression jusqu'au 17 juillet dernier, où il a quitté la Copa America en quart de finale, Pastore n'a eu que deux semaines et demies de vacances avant de poser le pied sur le sol parisien en fin de semaine dernière et de régler son arrivée au PSG. Il a suivi sa première séance d'entraînement dimanche, et pourtant, il ne semble pas exclure d'effectuer ses débuts en Ligue 1 avant la fin du mois d'août. "Mon programme, maintenant, c'est de m'entraîner physiquement. Je vais faire d'abord du travail physique, ensuite le ballon viendra.  Cette semaine, je vais poursuivre un entraînement physique assez poussé. On fera un premier bilan la semaine prochaine pour voir si je peux répondre présent." C'est cette dernière expression, vague au possible, que l'Argentin a employée pour répondre à la question de sa première apparition. S'il avait voulu dire qu'il ne fallait pas griller les étapes, il s'y serait pris autrement... Une apparition lors du prochain match au Parc, le 21 contre Valenciennes, n'est visiblement pas à exclure.

L'une des spécificités du projet parisien a percé lors que Pastore a reconnu avec beaucoup de spontanéité de pas avoir parlé de son positionnement tactique avec Antoine Kombouaré, sous le regard un peu crispé de Leonardo. "On n'en est qu'à la présentation. Antoine Kombouaré m'a très bien reçu, comme tout le monde au club. J'attends d'être au niveau avant d'en parler avec lui." S'il s'est projeté sur quelque chose, c'est avec Leo, et c'est sur le long terme. C'est bien l'ex-Milanais qui a suscité l'adhésion de la star de Palerme, convoitée par ailleurs par Chelsea. "Il a eu des propos très convaincants, dit Pastore. J'ai été séduit. Le projet de club m'a plu. Le niveau des joueurs actuels, la qualité de l'équipe, tout ça me pousse à penser que j'ai fait le bon choix." C'est par ce biais que Leonardo avait fait les présentations. "Nous sommes très contents que Javier ait choisi le PSG. Il a bien compris le projet. Il est jeune. Il a choisi Paris pour continuer une carrière qui a bien commencé. Après Menez, Gameiro, Matuidi, Sirigu, nous sommes sur la même lignée, c'est clair pour nous. C'est un joueur très important du foot mondial qui arrive chez nous." Ou comment, très habilement, s'extraire de l'actualité brûlante en rappelant que l'horizon du nouveau PSG est lointain, mais extraordinairement ambitieux...