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Adballah, quel destin !

ParSharkfoot

Mis à jour 05/09/2012 à 09:43 GMT+2

Acheté à Sedan pour une somme modique, Kassim Abdallah découvre la L1 avec Marseille, lui l’enfant du pays. Et pourtant rien ne lui prédisait un tel avenir. Retour sur le parcours atypique d’un jeune qui voit enfin son travail payer.

Marseille Abdallah

Crédit: From Official Website

En quête d’une doublure à Rod Fanni depuis le départ d’Azpi, l’OM a enrôlé Kassim Abdallah en provenance de Sedan. Professionnel depuis simplement trois ans, cet international comorien de 25 ans a récemment été élu meilleur défenseur droit de Ligue 2 lors de la dernière cérémonie des Trophées UNFP. Pourtant, pour en arriver là, tout n’a pas été simple pour le jeune Kassim, comme en atteste sa tardive signature en tant que joueur professionnel.
Un enfant du pays
Né aux Comores, Kassim Abdallah a grandi dans la cité phocéenne, dans le quartier de la Busserine, d’où est originaire un autre latéral bien connu des Olympiens, Hamada Jambay. C’est d’ailleurs dans ce club qu’il effectue ses premiers pas sur les pelouses. Le gamin devient adolescent, mais continue de s'aguerrir dans le club de son enfance. A 16 ans et après avoir écumé plusieurs clubs voisins et de nombreuses blessures, il décide d’arrêter le football ponctuellement et de trouver un travail comme il l’a confié à La Marseillaise: "Au moment de passer -18 ans, j’ai arrêté le foot complet. J’en avais marre. J’avais plein de pépins physiques, je voyais tout le monde qui partait… Je me suis dit c’est bon ! J’arrête. Je vais travailler." Il évolue alors en UFOLEP, juste pour s’amuser: "Je jouais pour le plaisir avec des gars de 40 ans."
Convaincu par son entraîneur, Rahlid Campaoré, il tente sa chance à Félix-Pyat en DHR, combinant avec son emploi de chauffeur-livreur. Il se fait remarquer pour ensuite signer à l’US Marignane, en CFA, où il continue sa progression durant deux saisons, tout en étant peintre en bâtiment. Le jeune latéral droit est alors repéré par des clubs huppés lors du Mondial des Communautés (un tournoi qui révélera aussi Lassad Nouioui Kamel Ghilas, ndlr) et du tournoi des iles du Pacifique qu’il effectue avec l’équipe olympique des Comores. Kassim Abdallah s’impose dans son club au terme de deux saisons, dont une première délicate où il joue peu. Suite à cela, il décroche un essai au CS Sedan Ardennes par le biais d’un ami commun à Serge Marchetti, alors directeur sportif du club ardennais. Essai concluant et signature d’un premier contrat pro d’un an. Auxerre et Cologne étaient également sur les rangs.
Abdallah: "Je me suis accroché"
Il traverse donc la France pour vivre sa première aventure de footballeur professionnel et arrive dans un club en pleine reconstruction et qui ambitionne de retrouver rapidement l’élite. Abdallah doit également faire avec l’exigence du monde professionnel : "C’était dur. Moi, au niveau sérieux, rigueur, ce n'était pas ça ! Mais le monde professionnel ça ne pardonne pas : la récupération, les étirements, boire beaucoup d’eau… Aujourd’hui c’est rentré, mais la préparation physique a été très dure. Je me suis accroché en me disant que beaucoup aimeraient être à ma place. Alors t’es obligé d’assurer." Son arrivée dans le Nord de la France est marquée par un drame personnel, il perd quatre membres de sa famille dans le crash du vol 626Yemenia.
Malgré ce drame et sa non-expérience du monde pro, Abdallah se fait rapidement une place dans le groupe sedanais et saisit sa chance et, grâce à plusieurs entrées concluantes, décroche une place de titulaire dès la fin de l’année 2009 contre Laval, qu’il ne lâchera plus. Le Comorien, qui partait en troisième position dans la tête de Landry Chauvin, l’entraîneur de l’époque, devient vite l’une des pièces indétrônables de la défense ardennaise et s’inscrit comme la bonne pioche du recrutement. Auteur d’une belle première saison, il renouvelle très rapidement son contrat qui le lie désormais au club vert et rouge jusqu’en 2013. Si Sedan finit la saison dans le ventre mou du championnat et dans l’indifférence générale, Abdallah lui ambitionne déja d’accéder rapidement à la Ligue 1. Et certains clubs viennent déjà aux renseignements, sans succès.
2010-2012 : entre blessures et coups d’éclat
Eté 2010, Kassim Abdallah vit sa première saison comme titulaire indiscutable. Lui qui a écarté la concurrence durant la saison passée, forme avec Ismael Traoré, Paul Baysse (remplacé par la suite par Wesley Lautoa) et Damien Tibéry l’une des meilleures lignes défensives de Ligue 2. Malgré ça, son début de saison ne sera pas très bon à l’image de son équipe, dû en partie au départ tardif de Baysse pour Brest. Mais si les premières journées sont poussives, la remontée des Sangliers au classement sera époustouflante. Sedan sera sacré champion d’automne et sera à la bagarre jusqu’au bout pour la montée. Au final, Sedan terminera cinquième au classement et deuxième meilleure défense, tout sauf un hasard. Blessé en tout début de saison (déchirure des ischios-jambiers), il ne sera pas approché par des clubs huppés, mais le club commence à comprendre qu’il ne pourra pas retenir éternellement son arrière droit.
De retour sur les terrains début octobre 2011, Abdallah doit faire face à plusieurs problèmes : sa préparation tronquée et un nouvel entraineur, Laurent Guyot. Pourtant, dès son retour de blessure, il enchaine les bonnes performances. Cette bonne forme ne dure qu’un temps, comme souvent après une blessure, Kassim peine à retrouver son véritable niveau. En février 2012, il connait une nouvelle blessure, à la hanche cette fois, qui le tiendra éloigné des terrains durant deux à trois semaines. Sans préparation estivale et après deux blessures, la fin de saison du Comorien est poussive, faite de pépins physiques et de sorties moyennes. Il signe malgré tout son premier but chez les professionnels, contre Amiens, le 23 mars.
Début mai, la nouvelle que les supporters sedanais appréhendaient tombe: en cas de belle offre (on parlait alors d’un million d’euros), le Comorien ne sera pas retenu. Mais les jours passent et aucune offre concrète ne semble arriver sur le bureau du président Urano. Sa préparation est une nouvelle fois quelque peu tronquée, il n’effectue qu’une rencontre amicale avant de reprendre la compétition contre Angers en ouverture du championnat. Il dispute d’ailleurs les cinq premiers matchs en tant que titulaire indiscutable et oscille entre le mauvais (il est coupable sur plusieurs buts concédés par son équipe) et le bon comme la semaine passée face à Clermont où il inscrit un superbe but. Ce but sera donc synonyme de cadeau d’adieu (après 94 matchs en Ligue 2) pour celui qui a été adoubé dans les Ardennes. Il re-traverse une nouvelle fois la France, dans l’autre sens cette fois-ci, trois ans plus tard, pour y signer à l’OM.
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