PSG : Mourinho et Wenger, deux évidences, deux casse-têtes

Il faut se souvenir de l’embarras des dirigeants du PSG quand ils ne voulaient plus d’Antoine Kombouaré, pour bien comprendre à quelle urgence ils vont faire face ces prochains jours si Carlo Ancelotti devait leur confirmer son intention de ne pas rester au PSG. Le club, à l'époque, avait dû attendre de trouver une pointure à la taille de ses ambitions avant de se séparer de son entraîneur. Il avait trouvé en Carlo Ancelotti l'un des meilleurs CVs du marché, avec un double critère très opportun : libre et Leonardo-compatible. Il était une perle rare.

Ceux qui peuvent correspondre aux exigences d’un tel poste courent encore moins les rues aujourd’hui. Dans la période actuelle, au moins Nasser Al-Khelaïfi peut-il demander à sa DRH de ressortir les CVs qu’il avait déjà en tête à l’époque. Ils sont deux en tête de liste : José Mourinho et Arsène Wenger. Deux dossiers compliqués. L'argument financier, qui a longtemps bloqué le PSG sur de tels dossiers, ne sera en aucun cas obstacle en cas de discussions. Mais pour le Portugais de 50 ans et le Français de 63 ans, ce serait une décision lourde pour l'évolution de leur carrière.

- Parce que le PSG a le projet de gagner la Ligue des champions. Ce qui le place d’emblée dans le club étroit des équipes qui peuvent justifier l’intérêt du Special One (hors sélection portugaise). Mourinho a comme objectif de carrière de remporter trois Ligue des champions avec trois clubs différents. Le PSG lui offrirait cette opportunité, s’il devait échouer au Real Madrid cette saison.

- Vainqueur dans sa carrière du championnat portugais, du championnat espagnol, du championnat italien, du championnat anglais, Mourinho serait forcément sensible à l’idée de rajouter une ligue européenne à son palmarès. Avant d’aller voir en Bundesliga pourquoi le football y est plus vert ?

- Parce qu’il est une méga-star planétaire, au profil totalement compatible avec le projet de QSI. C'est un nom qui "parle" à Doha et qui pourrait justifier un jeu de séduction hors norme.

- Parce que passer une partie de sa vie à Paris peut être un projet personnel auquel il serait sensible. Londres, Milan, Madrid… Ce Francophone sait choisir son lifestyle.

- Parce qu’il est engagé pour quatre saisons au Real Madrid et qu’il n’a pas encore accompli ce qu’il était venu y réaliser : une victoire en Ligue des champions.

- Parce que son départ à un an du terme de son contrat aurait un air de bras de fer perdu avec une partie de son vestiaire et l’institution Real, qu’il était venu pour moderniser, selon ses propres paroles.

- Parce qu'il faudra éclaircir l'organigramme avant même de discuter : difficile d'imaginer Mourinho composer avec l'influence de Leonardo.

- Parce que quitte à partir, autant retourner à Chelsea. Au vu de ses multiples déclarations cette saison, l’idée d’un retour à Londres n’est pas loin d’être une obsession.

- Parce que la crainte de s’ennuyer en Ligue 1, par rapport notamment à la Premier League, pourrait prendre le dessus.

- Parce que faire affaire avec José Mourinho, c’est faire affaire avec Jorge Mendes, son agent tout-puissant, absent du marché français pour des raisons qui tiennent à des méthodes plus ou moins tolérées selon les territoires.

- Parce qu’il est sensible au projet du club parisien. Il a toujours vanté le potentiel inexploité du PSG, plus encore depuis l'arrivée de QSI. Avec l’Ile-de-France, Wenger aurait sous sa main le plus grand bassin européen pour la détection des jeunes. Les Qataris souhaitent pérenniser leur projet en injectant, à terme, moins de cash dans les transferts et en s’appuyant sur la formation. Un discours qui plaît à Wenger.

- Parce qu'une voix importante en coulisse, Nicolas Sarkozy, cherche à l’imposer dans l’organigramme parisien. L’ancien président de la République a beaucoup d’influence auprès des décideurs qataris. Sa voix est écoutée et souvent entendue…

- Parce qu’il s’entend à merveille avec le Prince depuis plusieurs années désormais et parce que son conseiller, Serge Kotchounian, est un proche de Nasser Al-Khelaïfi.

- Parce que le PSG constituerait une porte de sortie honorable pour Wenger après plusieurs saisons compliquées du côté de Londres. Les Gunners ne sont plus vraiment compétitifs en Premier League où City et Manchester United ont largué la concurrence.

- Parce qu’il n’a jamais remporté de coupe d'Europe et que QSI semble prêt à mettre tous les moyens nécessaires pour atteindre cet objectif. Malgré une finale en 2006, Arsenal n’est plus armé pour viser le graal européen qui manque au palmarès de Wenger. Une dynamique inverse à celle du PSG. Wenger s’est souvent agacé du peu de moyens mis à disposition par ses dirigeants. Confronté à une saignée ces dernières années (Fabregas, van Persie, Nasri, Song etc.), Wenger a vu la compétitivité de son effectif fondre. A Paris, ce sera tout le contraire.

- Parce que son pays lui manque. Wenger est très souvent à Paris et a confié à certains de ses proches qu’il aimerait revenir en France. Il en a même parlé publiquement, ce qui est nouveau.

- Parce que l’hypothèse Low enfle du côté d’Arsenal, relayée par le très sérieux Times. L’actionnaire majoritaire des Gunners, Stan Kroenke, apprécie particulièrement le sélectionneur allemand.

- Parce qu’Arsène Wenger va toujours au bout de ses contrats et qu’il n’est pas du genre à quitter le navire. C’est le principal obstacle à sa venue à Paris cet été. Lié jusqu'en 2014, Wenger n'envisageait pas, aux dernières nouvelles, de quitter Arsenal si le club londonien accédait à la C1.

- Parce que, comme pour Mourinho, il faudrait clairement repenser l’organigramme du PSG. Manager à Arsenal, Wenger a les pleins pouvoirs du côté de Londres. Il est difficile de l’imaginer devoir cohabiter avec l’omnipotence d’un Leonardo notamment dans le domaine des transferts.

- Parce qu’il répète à l’envi qu’Arsenal fera partie des cinq premiers clubs les plus puissants financièrement dans le monde d’ici 2014 et l’instauration du fair-play financier. "C’est là que nous allons commencer la compétition", déclarait-il en décembre. Arsenal mange son pain noir, difficile pour Wenger d'imaginer quitter Londres à l’aube d’une nouvelle ère, beaucoup plus prospère pour Arsenal... alors que le PSG pourrait avoir à ferrailler avec l'UEFA pour rentrer dans les clous.

Toutes les autres options qui peuvent circuler (Rijkaard, Heynckes, Benitez, Gerets…) sont à cette heure prématurées, même si le triomphe en cours du football allemand en Bundesliga pourrait donner des idées aux décideurs parisiens (Klopp est l’un des plus grands entraîneurs de sa génération). En cas de blocage long sur ce dossier qui empêcherait le PSG de mener un marché des transferts et une préparation normale, la solution interne reviendrait sur le tapis. Plutôt que Claude Makelele, entraîneur-adjoint, cité en novembre 2011 pour prendre la place d’Antoine Kombouaré, c’est vers Leonardo que les regards se tourneraient mécaniquement. Le Brésilien a l’expérience du banc de touche dans un club exposé après ses expériences à l’AC Milan et l’Inter Milan entre 2008 et 2011. Mis en doute sur sa capacité à s’inscrire durablement dans le projet du PSG, Leonardo tiendrait une occasion en or d’apporter la preuve d’un investissement quotidien pour le projet parisien.