Une question de culture

Technique, vivacité, vitesse d'exécution ou encore explosivité. Le futsal ou football en salle pratiqué à 5 contre 5 développe de multiples qualités requises chez les footballeurs. En France pourtant, les joueurs professionnels à avoir fait leurs gammes dans cet autre style de football ne sont pas légion. Il y a Wissam Ben Yedder (Toulouse) ou encore l'ex-Caennais Youssef El-Arabi. "Un plan de développement est mis en place. Cela prendra du temps mais ça aura un effet encore plus positif sur la qualité de nos joueurs de foot à 11", annonce Pierre Jacky, sélectionneur de l'équipe de France de futsal. Car la France accuse un retard sur d'autres nations.

Au Brésil ou en Espagne - les deux nations qui trustent les titres de champion du monde de la discipline -, la formation footballistique passe le plus souvent par le futsal où les joueurs développent leur technique et leur capacité à faire la différence dans un espace réduit. "Les Espagnols et les Brésiliens placent le futsal dans leur cursus de formation", reconnaît Pierre Jacky. Au Brésil, le football en salle est même une institution. Pelé, Ronaldinho ou encore Ronaldo et plus récemment Neymar et Robinho mais aussi Michel Bastos y ont fait leurs classes avant de passer sur grand terrain. En Espagne, "il y a plus de licenciés en futsal qu'en foot à onze chez les jeunes", nous révèle Jacky, qui cite Xavi et Iniesta comme exemple.

Pour beaucoup de techniciens, le futsal peut permettre de se développer pour être un joueur plus complet pour le football à onze. "Quand vous avez moins de joueurs sur le terrain, vous touchez plus le ballon. La nature du ballon joue aussi. C'est un ballon anti-rebond. Cela permet de faire des gestes plus complexes. Il permet surtout à tous les joueurs d'apprendre plus vite", explique Pierre Jacky, qui prône par un passage par ce "foot simplifié" jusqu'à 12-13 ans avant de passer à onze. "C'est très formateur sur le plan technique ou de la création", confirme d’ailleurs Christian Gourcuff, l'entraîneur de Lorient. "Ca ressemble à ce que l'on faisait à notre époque. Mon premier entraînement, je l'ai fait à 17 ans. Avant, ce n'était que du jeu en salle, sur la plage ou sur un terrain vague."

Il ne faut pas se tromper non plus : un grand joueur de futsal ne fait pas forcément un bon joueur à onze. "Ce qui manque dans la formation, c'est l'aspect tactique, regrette ainsi Gourcuff. Il y a une variété d'élaboration dans le jeu à 11 que l'on ne trouve pas dans le futsal." Wissam Ben Yedder a aussi reconnu souffrir sur le plan physique en passant d'un foot à l'autre. Mais les deux peuvent être complémentaires. "Quand on voit les bénéfices du futsal dans les autres pays où de bons techniciens sortent", souffle Pierre Jacky.