Après Lille - AS Monaco (2-0) : Vincent Enyeama mène Lille vers la victoire et reste invincible

Il faut se rendre à l’évidence. Lille s'est offert un gardien de très haut niveau en 2011. Mais a mis du temps à s'en rendre compte. Vincent Enyeama, le portier du LOSC, est un véritable rempart, le plus solide de la L1 en ce moment. Face à l’AS Monaco, dimanche soir, le gardien nordiste a une nouvelle fois sorti le très grand jeu. Le succès des Lillois, c'est en très grande partie le sien. Le Nigérian a réussi pas moins de six interventions décisives face à Falcao et consorts. Le Colombien, assez maladroit, a même été mis en échec par trois fois en seconde période (71e, 90+1, 90+3). Du très haut niveau.

Interrogé par Canal + sur l’importance de l’international nigérian, vainqueur de la dernière CAN en février avec sa sélection, Rio Mavuba, le capitaine du LOSC, s’est montré très clair. "Sans Enyeama, je ne suis pas sûr qu'on gagne ce match. Cela fait déjà deux années qu'on aurait dû le mettre..." Mis deux fois en échec par le Lillois, Emmanuel Rivière, l'attaquant de l'AS Monaco, lui a également rendu hommage : "Il a fait des parades incroyables, bravo à lui et au LOSC."

675 minutes sans but

Au niveau des statistiques, l'ancien joueur de l'Hapöel Tel-Aviv commence à faire très fort. Après la 12e journée de Ligue 1, le voilà avec dix rencontres sur douze sans prendre le moindre but. Et il n'est plus allé chercher un ballon au fond de ses propres filets depuis le 15 septembre en L1. Soit 675 minutes. Tout doucement mais sûrement, le natif de Kaduna grappille des unités sur le record détenu par Gaëtan Huard (1176 minutes en 1992/1993). Si l'ancien gardien de Bordeaux reste loin, Enyeama se rapproche de la série de Salvatore Sirigu (948 minutes d'invincibilité la saison dernière).

Bourré de talent, travailleur acharné, gardien complet, Vincent Enyeama, n'a pas eu la reconnaissance immédiate que son talent méritait. Révélé en 2004, année où il s'était imposé dans la cage des Super Eagles lors de la Coupe d'Afrique des Nations, le joueur nordiste n'a pas eu une trajectoire linéaire. Resté au pays après la CAN tunisienne, où il avait atteint les demi-finales (éliminé par la Tunisie), le joueur de 31 ans n'a découvert le football européen qu'en 2005, en Israël, au Bnei Yehoudah FC (2005-2007) avant de rejoindre le plus prestigieux Hapoël Tel-Aviv (2007-2011). C'est au Maccabi Tel-AViv (2012-2013) qu'il s'est d'ailleurs relancé, prêté, après une première expérience lilloise frustrante, où il avait dû se contenter de jouer les doublures de Mickaël Landreau.

Assez réservé en interview, l'homme au sourire permanent, déjà en vue lors de la Coupe du monde 2010 et lors de la phase de poules de la C1 2010/2011 (où il avait marqué sur penalty face à Lyon), qui dit aimer la vie et la religion, est également emprunt d'une certaine réserve. Ce qui fait de lui un athlète à l'aura modeste. Il l'a montré au micro de Canal +, après la rencontre, en anglais. "Je voudrais remercier mes coéquipiers, l'entraîneur des gardiens et René Girard. C'est un travail collectif, pas spécialement moi. Je travaille dur tous les jours." Pas pédant pour un sou, ce Vincent Enyeama est la vraie trouvaille de ce championnat. Une trouvaille qui disputera peut-être sa deuxième Coupe du monde au Brésil l'année prochaine. D'ici là, il va continuer à faire le bonheur du LOSC. Et le malheur des attaquants qui vont croiser sa route.