Comment Gignac (OM) a tout changé pour toquer (de nouveau) à la porte de l'équipe de France

La scène se déroule la veille du match face à Valenciennes. L'OM vient de perdre trois rencontres d'affilée. Et la tension est à son comble. Pourtant, pendant près de deux minutes, André-Pierre Gignac prend le soin de parler du... pérudo en conférence de presse. Devant une assistance médusée, APG va détailler les règles de ce jeu de dés avec gobelets qui s'apparente à un poker menteur.

L'attaquant marseillais a réussi son coup : faire rire son assistance. Depuis quelques semaines, Gignac a pris une nouvelle posture face à la presse. Plus souriant, plus accessible et plus disponible avec les médias, il prend à contre-pied les journalistes marseillais qui l'avaient (très) largement élu il y a deux mois "Prix Citron" au cours d'un sondage réalisé par le site Mediafootmarseille.fr.

D'habitude très avare de commentaires après les prestations de l'OM, Gignac se présente de plus en plus souvent face aux caméras en zone mixte à l'issue des matchs. C'est l'un des seuls joueurs marseillais à ne pas zapper cet exercice parfois délicat. "Je ne me cache pas, explique-t-il. J'assume tout". Ça n'a pas toujours été le cas. Ce bouleversement dans sa façon d'appréhender ses relations avec les suiveurs du club marseillais prouve en tout cas qu'APG se met en première ligne lorsqu'il s'agit d'affronter la tempête.

Le premier signe de ce changement d'attitude est intervenu le 7 décembre dernier. Face à l'annonce du départ d'Elie Baup, il n'avait pas hésité à se lever devant l'ensemble de ses coéquipiers dans le vestiaire pour défendre le condamné. Ça n'avait pas empêché Vincent Labrune de congédier son entraîneur et de lancer José Anigo dans l'arène.

Avec l'arrivée du directeur sportif à la tête de l'équipe marseillaise, Gignac a pris conscience qu'il devait faire plus pour son club. Son investissement pour l'OM s'est alors décuplé. "José (Anigo) a ramené une rigueur et un état d'esprit solidaire, explique APG. Il m'a responsabilisé dès que je suis arrivé. Il m'a demandé d'être plus taulier dans le vestiaire. Maintenant, on rigole tous ensemble". Et le pérudo est devenu le jeu à la mode au centre d'entraînement Robert Louis-Dreyfus.

Davantage impliqué dans la vie du groupe, Gignac a aussi pris le pouvoir sur le gazon. Depuis la prise de fonction d'Anigo, il a marqué dix fois en dix matchs. Dimanche, contre Toulouse, APG n'a pas scoré. Mais il a offert un caviar à Mathieu Valbuena. Son efficacité dans la surface de réparation permet à l'OM de croire encore à une possible place sur le podium en fin de saison, Marseille ne pointant qu'à cinq points de Lille (3e).

Débarqué de l'OM, Elie Baup continue de suivre avec attention les prestations de Gignac. Pour lui, APG a pris une autre dimension ces dernières semaines. "C'est un leader de vestiaire qui n'hésite pas à secouer le cocotier, explique Baup dans les colonnes du Midi Libre. Physiquement, il est au top : il ne s'est jamais aussi bien servi de son corps et ses épaules dans les duels ou les courses. Allez l'arrêter… Techniquement, son jeu de tête est devenu intéressant et il n'a pas que sa spéciale, l'enroulé du droit côté gauche ; il tire également les coups francs. Tactiquement, il s'est très bien recentré dans la surface de réparation améliorant ses appuis dos au but. Bref, il pète la calamine !" Conscient de l'état de forme de son joueur, José Anigo a décidé de placer APG au centre du jeu de l'OM. "On joue pour lui", avoue ainsi l'homme à la double casquette.

Fort de cette transformation radicale, Gignac enfile le costume de prétendant à la Coupe du monde. Les Bleus n'ont jamais quitté son inconscient. Secrètement, APG se dit que rien n'est joué dans la sélection de Didier Deschamps. L'attaquant marseillais verrait comme une consécration d'être appelé à défendre les couleurs de l'équipe de France au Brésil. Ses efforts montrent en tout cas que Gignac a changé d'état d'esprit à quelques mois du mondial. A lui de continuer à tenir le rythme jusqu'à la fin de la saison...