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Il y a du Berbatov en Zlatan et du Zlatan en Berbatov

Anthony Procureur

Mis à jour 09/02/2014 à 20:37 GMT+1

Le duel entre Monaco et le PSG pourrait aussi être celui de deux redoutables buteurs. Mais Dimitar Berbatov et Zlatan Ibrahimovic cultivent autant les similitudes que les différences.

FOOTBALL 2014 Monaco - PSG (Berbatov et Ibrahimovic) 16/9

Crédit: Eurosport

. Deux géants aux pieds magiques

Dimitar Berbatov et Zlatan Ibrahimovic ont beaucoup en commun. Ce n'est pas un hasard si on les a souvent comparés. Avant un Manchester United-Inter Milan en Ligue des champions, en 2009, le Parisien avait lui-même manifesté l'envie de "prouver (qu'il était) meilleur que Berbatov et Rooney". Ils sont nés la même année (1981) et sont les meilleurs joueurs de leurs pays respectifs. Leurs caractéristiques sont aussi comparables : deux grands gabarits (1,95m pour Ibra, 1,89m pour Berbatov) qui possèdent néanmoins une technique au-dessus de la moyenne, un jeu de pieds d'une vivacité surprenante pour leur taille et un penchant pour les gestes imprévisibles. Lorsque le Suédois est arrivé à Paris, Leonardo le décrivait ainsi : "Ibra ?C’est un joueur énorme. Il a un niveau de caractère et un niveau technique impressionnants, et une grande puissance. Il mesure 1,95m, avec la vitesse et la rapidité d’un homme de 1,70m. Il a toutes les qualités physiques, techniques, et une personnalité énorme". Malgré sa pointure 47, il possède des qualités de finition, de passe et de vision de jeu qu'il partage aussi avec Berbatov.

. Deux serial buteurs

Si les deux attaquants ont un autre point commun, c'est bien leur efficacité devant le but. Pour preuve, ils ont fait partie des meilleurs buteurs partout où ils sont passés. Ibrahimovic a été deux fois capocannoniere en Serie A (25  buts en 2009 avec l'Inter et 28 buts en 2012 avec l'AC Milan) et une fois meilleur buteur en Ligue 1 (30 buts en 2013). Berbatov, lui, a été co-meilleur buteur la Premier League en 2011 avec 21 réalisations sous les couleurs de Manchester United (à égalité avec Carlos Tevez). Avec 94 buts depuis la saison 2006/2007, le Bulgare était le quatrième buteur du championnat anglais derrière Rooney (123), Van Persie (121) et Lampard (95) au moment où il a quitté Fulham pour la Principauté. Mais s'il a davantage marqué en Coupe d'Europe, il faut rappeler qu'il a aussi disputé plus souvent la C3 que le Suédois (19 buts en 26 matches contre 2 buts en 4 matches). En Ligue des champions, où Berbatov a pourtant atteint la finale avec le Bayer Leverkusen en 2002, Ibra reprend nettement l'avantage avec 40 buts en 104 matches.
On leur a pourtant souvent reproché de ne pas être assez décisifs. Avec 57 buts en 149 apparitions avec les Red Devils, Berbatov affiche le même ratio but par match que George Best (0.38). Toutefois, lors de son passage à Old Trafford, on a souvent reproché au Bulgare de marquer la majorité de ses buts contre des équipes relativement faibles, mettant notamment en avant son manque de réussite en Ligue des champions (seulement 5 buts en 26 matches avec les Red Devils, 14 buts en 53 matches en carrière). Ibrahimovic a lui aussi eu pendant longtemps cette étiquette de joueur absent des grands rendez-vous. En arrivant au PSG, Carlo Ancelotti en était lui-même convaincu. Mais il a fini par changer d'avis : "Je m’attendais à un joueur moins décisif qu’il ne l’est en réalité. C’est l’un des rares joueurs qui font la différence".
FOOTBALL 2014 Ibrahimovic Vs Berbatov (Infog)

. A chacun son style

Buteurs et finisseurs redoutables, Ibrahimovic et Berbatov s'expriment pourtant dans des styles de jeu très différents. Quand le Suédois se sert de son physique plus robuste et de sa frappe de balle pour jouer en puissance, le Bulgare est souvent décrit comme un joueur élégant et calme. Et il ne s'en cache pas. "J'aime jouer avec beauté et grâce, se décrit-il. Ça a toujours été ma philosophie. C'est comme ça que je joue et comme ça que je conçois le football". Une caractéristique qui lui a valu autant de compliments que de reproches durant sa carrière, notamment en Angleterre. Le néo-Monégasque est une sorte d'énigme : technicien génial ou joueur paresseux ? Peut-être un peu les deux. "Il est brillant mais lentement", résume dans 20 minutes Jacques Crevoisier, consultant pour Canal + sur la Premier League. 
On a souvent reproché à Berbatov de ralentir le jeu par souci du beau geste. Ce qui explique en partie l'échec de sa dernière saison à MU. "Les gens aiment voir les joueurs courir partout sur le terrain. Dimitar n'est pas ce genre de joueur, a ainsi eu l'occasion d'expliquer Sir Alex Ferguson. Il aime quand le jeu ralentit. Lorsque nous avons changé notre jeu (avec plus de vitesse), ça ne lui a plus convenu". En 2011/2012, le manager écossais l'a en effet utilisé de moins en moins (12 apparitions en Premier League) avant de laisser partir à Fulham. Cette image de joueur qui ne court pas et ne participe pas au jeu n'est toutefois pas toujours fondée. Selon son ancien entraîneur à Tottenham, Martin Jol, Berbatov serait "un formidable numéro 10 au milieu de terrain". A l'instar d'un Zlatan, qui prend parfois des allures de meneur de jeu, en particulier avec la Suède. C'est d'ailleurs ce qui avait séduit Ferguson au moment de le recruter : "Sans être exceptionnellement rapide, il pouvait lever la tête et faire une passe inventive". Et il serait également faux de le résumer à un simple renard des surface comme le montre par exemple son activité lors Chelsea-Fulham la saison dernière (en haut), comparée à celle de Fernando Torres (en bas).

. La star et l'anti-star

Au-delà de son talent, Ibrahimovic a un véritable charisme, une personnalité hors-norme. Avec son port de tête altier, parfois arrogant, le Suédois est une star et il le sait. Egocentrique, il n'hésite pas à parler parfois de lui à la troisième personne et à multiplier les déclarations fracassantes, n'hésitant pas à se comparer à Dieu à l'occasion. Un caractère qu'il doit en grande partie à son enfance dans les HLM de Rosengrad. "Zlatan a la mentalité du ghetto", dépeint son biographe David Lagercrantz. "J’ai besoin d’avoir une rage en moi pour être bon sur le terrain", a lui-même expliqué le Parisien dont la liste des frasques est longue comme le bras, de ses clashes avec Guardiola ou Sacchi à ses incidents avec ses coéquipiers.
Tout le contraire de Dimitar Berbatov. Calme, voire effacé, l'attaquant de l'ASM aime la discrétion et préfère rester dans l'ombre. Le Telegraph relate ainsi cette scène où le Bulgare, qui venait pourtant d'inscrire un triplé face à Liverpool en septembre 2010, tentait par tous les moyens de se faufiler en toute discrétion dans le tunnel des joueurs pour échapper aux caméras de MUTV. Réservé, taciturne ou renfermé sont des qualificatifs qui colleraient plus facilement à Berbatov. "Il manquait étonnement de confiance en lui", révèle encore Ferguson dans son autobiographie.

. Berbatov, plus passeur que buteur pour Monaco ?

A 32 ans, Ibrahimovic ne semble pas baisser de pied. Au contraire. "C’est comme un vin qui devient chaque année meilleur, dit de lui son agent Mino Raiola. Je ne sais pas où il peut s’arrêter". Depuis son arrivée à Paris, même si la Ligue 1 semble un peu petite pour lui, le Suédois affole les compteurs. Après une première saison à 35 buts toutes compétitions confondues, et où il avait également terminé meilleur passeur de la Ligue des champions (7 passes), Zlatan a déjà porté son total à 36 réalisations (et 11 passes décisives) en 35 matches cette saison. Il s'est ainsi offert son premier quadruplé en Ligue des champions face à Anderlecht (0-5) et s'est également distingué avec un doublé face au Portugal de Cristiano Ronaldo, même si celui-ci a été insuffisant pour lui ouvrir les portes du Mondial 2014 (2-3).
Avec seulement quelques mois de plus, Berbatov semble davantage sur le déclin. Son début de saison à Fulham, où il n'a inscrit que 4 buts en 18 matches, n'a rien d'encourageant. C'est d'ailleurs pour se préserver physiquement qu'il a pris sa retraite internationale en mai 2010 à seulement 29 ans. "Ce n’est pas le Berbatov d’il y a quatre ou cinq ans", tranche Jacques Crevoisier. Le Bulgare sait qu'on risque de lui faire ce procès : "Je n’ai plus les mêmes cheveux, je suis évidemment un peu plus vieux mais le foot se joue avec la tête". Pour Damien Comolli, qui l'a fait venir à Tottenham en 2006, Berbatov réussira en L1, mais pas forcément dans le rôle du buteur. "C’est un artiste mais il n’est pas égoïste, assure-t-il dans 20 minutes. Il a le style de jeu pour s’adapter à Monaco, une équipe technique. S’il est associé à Emmanuel Rivière, il va lui faire marquer beaucoup de buts. Il a une telle capacité de passe." Quand Ibrahimovic continue d'enchaîner les buts, c'est peut-être dans un autre registre qu'il faut attendre Berbatov en Ligue 1.
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Dimitar Berbatov, présentation ASM

Crédit: AFP

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