Mercato : Pourquoi la Ligue 1 s'est mise à recruter des footballeurs danois

Ils sont déjà quelques-uns à avoir ouvert la voie. Braithwaite à Toulouse, Kjaer à Lille, Albaek à Reims, et toute la colonie d'Evian-TG. Andersen, Poulsen et Kahlenberg ont quitté la Haute-Savoie, mais il reste encore Hansen et Wass. Cet été, un défenseur (Juelsgaard) et un attaquant (Nielsen) ont rejoint l'ETG. Guingamp a recruté trois Danois (Jacobsen, Lössl, Schwartz). Car la Ligue 1 raffole de plus en plus de ces footballeurs venus du Nord et n'a jamais eu à s'en plaindre. Plus qu'une simple coïncidence, cet exil correspond à une vraie tendance. Qui s'est accentuée durant cette intersaison.

Pourquoi les Danois ? Michael Jakobsson habite à Paris depuis plusieurs années mais, comme son patronyme le suggère, ce Danois est un spécialiste du marché scandinave et s'occupe notamment des intérêts de Daniel Wass, le joueur polyvalent d'Evian-TG. "Le championnat danois est de plus en plus compétitif, témoigne-t-il. Les jeunes joueurs des clubs danois sont toujours bien éduqués et ils se sont clairement améliorés techniquement ces dix dernières années. Ce sont des joueurs généralement très sérieux, disciplinés et les clubs français louent leur facilité d'intégration." Un portrait-robot flatteur certes, mais jusqu'ici, Evian-TG, Reims, Lille ou Toulouse n'ont pas regretté d'avoir misé sur eux.

D'autant que les joueurs issus des championnats danois ne nécessitent pas des investissements monstrueux. Dans un contexte économique morose marqué par les déficits de tous les clubs français (Monaco et Paris exceptés), l'argument est primordial. Les transferts de Braithwaite, Wass ou Kjaer n'ont pas excédé les deux millions d'euros. Aujourd'hui, leur valeur a considérablement gonflé. "Le rapport qualité/prix est très souvent excellent, témoigne Laurent Schmitt, agent français. Les joueurs de L2 sont de plus en plus chers car les clubs ont besoin d'argent. Aujourd'hui, un joueur issu du championnat danois ne coûte pas plus cher alors qu'il peut avoir joué des Coupes d'Europe."

Christophe Le Roux est aujourd'hui recruteur de Lorient. Il reconnait que le FCL, comme de nombreux autres clubs de l'élite, va désormais se tourner vers le Nord. "A Lorient, c'est un marché qu'on ne connait pas suffisamment mais qu'on va vite développer, admettait-il lorsque nous l'avions interrogé en fin de saison dernière. Christian Gourcuff ne souhaitait pas recruter des joueurs issus des championnats scandinaves. Mais aujourd'hui, même si la L2 reste notre fond de commerce, on est obligé de s'y intéresser. On a intérêt à se positionner sur ce marché."

Daniel Wass est un parfait exemple d'intégration réussie. Pour deux millions d'euros, l'ETG a recruté un joueur capable de jouer à plusieurs postes. Comme un symbole, la saison passée, c'est lui qui a sauvé le club haut-savoyard de la relégation, en signant un doublé à Sochaux (0-3), lors de la dernière journée de Ligue 1. Cet été, Marseille et Saint-Etienne se l'arrachent. Mais sa valeur a explosé et s'il devait partir, ce serait contre un chèque de cinq millions d'euros. "Au niveau de l'état d'esprit, nous avons toujours été très satisfaits de tous ceux qui nous ont rejoints", témoigne Joël Lopez, le président d'Evian-TG.

L'intérêt est réciproque. "Au Danemark, on diffuse désormais des matches de L1, indique Michael Jakobsson. Jusqu'ici, elle était relativement inconnue mais les recrutements du PSG et de Monaco ont éveillé l'intérêt des Danois et les joueurs ont envie de s'y frotter." Désormais, la Ligue 1 les accueille à bras ouverts.