AS Monaco - Rybolovlev dans le viseur de la justice : le point sur la situation

C’est le dernier rebondissement d’une affaire qui a éclaté tout début 2015. Une affaire que le magazine américain Forbes qualifiait en mars de "scandale de l’année dans le monde de l’art". Comme le révèle Mediapart, Dmitri Rybolovlev fait l’objet d’une plainte auprès du procureur général de Monaco, déposée ce mardi.

Le président de l’AS Monaco est accusé de dénonciation calomnieuse par Tania Rappo, collaboratrice d’Yves Bouvier. Ce transporteur d’art, qui est devenu marchand au fil des années, a aidé l’oligarque russe à se bâtir une collection de tableaux comptant une quarantaine d’œuvres majeures, pour un montant total avoisinant les deux milliards d’euros. Deux cadres de la filiale monégasque d’HSBC Private Bank font eux l’objet d’une plainte pour faux et usages de faux, d’après Mediapart. Dans le même temps, une plainte est dirigée contre X pour déterminer les éventuels liens de complicité entre Rybolovlev et la banque, déjà dans l’œil du cyclone pour d’autres affaires.

Le milliardaire russe a déposé début janvier une plainte pour escroquerie et complicité de blanchiment d’argent à l’encontre d’Yves Bouvier. Ce dernier aurait réalisé des plus-values exorbitantes sur les reventes de tableaux à Rybolovlev (23 millions d’euros sur un "Nu" d’Amadeo Modigliani, 50 millions d’euros sur une œuvre de Leonard de Vinci). Des sommes bien au-delà de la commission de 2% dont doit bénéficier un intermédiaire impliqué dans de telles transactions. Se sentant floué, le boss de l’ASM a porté l’affaire devant les tribunaux de Monaco.

Parce que cette résidente monégasque, qui dispose de la double nationalité bulgare et suisse, est également accusée de complicité de blanchiment dans cette affaire. Proche du couple Rybolovlev, avant le divorce, elle a servi d’intermédiaire entre l’oligarque et Yves Bouvier. Mais dans un entretien accordé à Nice-Matin début avril, elle nie toute opération délictueuse, tout en reconnaissant avoir touché des commissions émanant d’Yves Bouvier sur ces opérations. Ces commissions n’ont rien d’illégales. Mais elles posent question, puisque Tania Rappo explique qu’elle n’était plus directement impliquée dans les transactions depuis dix ans. "Je pense que c'était pour me fidéliser", suppose-t-elle.

En déposant cette plainte, Tania Rappo inverse le rapport de forces. Piégée par Rybolovlev au moment de son arrestation en février, elle a été libérée sous caution après 96 heures de garde à vue. Mais cette fois, c’est le président de l’ASM qui se retrouve dans le collimateur de la justice. Tania Rappo l’accuse de collusion avec la banque HSBC, qui lui aurait fourni de faux documents permettant de la mettre en cause, ainsi qu’Yves Bouvier, dans cette affaire. Rybolovlev pourrait alors se retrouver dans la position de l’arroseur arrosé. Mais le dossier est encore (très) loin d’être bouclé.