Expulsé du Parc pour avoir chanté contre le prix des places : quand le PSG adopte la manière forte

ParIlyes Ramdani

Mis à jour 06/03/2015 à 00:38 GMT+1

Pendant la rencontre entre le PSG et Monaco (2-0), mercredi soir, un supporter a été exclu du Parc des Princes pour avoir lancé un chant contre l’augmentation du prix des abonnements. Yoann Seddik est aujourd’hui menacé de trois ans d’interdiction de stade. A l’incompréhension des fans du PSG fait face le mutisme d’un club toujours embarrassé par la gestion de ses supporters.  

"Vous vous rendez compte ? Il a été expulsé du stade pour avoir lancé un chant contre la hausse du prix des abonnements. Franchement, dans quel monde on vit ?" L’homme ne s’emporte pas mais il l’admet, "il est un peu sonné par ce qui s’est passé". Tonio était au Parc des Princes, mercredi, lorsque Yoann Seddik a été prié de quitter l’enceinte, à une demi-heure de la fin du match entre le PSG et Monaco (2-0).

En cause, un chant lancé par le supporter de 27 ans : "Abonnements trop chers, supporters en colère." Abonné de la tribune Boulogne, Yoann Seddik voulait protester contre la nouvelle tarification des abonnements au Parc des Princes. A compter de la saison prochaine, les abonnés devront payer des sommes supplémentaires s’ils veulent assister aux éventuels quarts et demi-finales de Ligue des Champions.

"Le chant a été lancé trois fois au début de la deuxième mi-temps, raconte Tonio. C’est seulement au troisième chant que les stewards sont intervenus. Ils ont appelé Yoann, lui ont demandé de venir. Ils ont parlé avec lui quelques minutes. Et puis il est revenu chercher sa veste en nous expliquant qu’il était viré."

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L’intervention a "surpris" tout le monde dans la partie basse de la tribune Boulogne. A commencer par les stadiers, à en croire Tonio. "Ils nous ont dit qu’ils étaient désolés pour nous. Ils étaient un peu réticents à intervenir au début. Mais ils nous l’ont dit eux même : ‘A la radio, ça hurlait ! On n’avait pas le choix.’ Les coordinateurs du PSG, qui sont en costard au bord du terrain, leur ont ordonné de faire sortir le capo."

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Depuis quelques mois, Yoann avait pris l’habitude d’endosser le rôle de "capo" dans cette portion du stade qu’il fréquentait assidument. "Il essayait juste d’animer la tribune. Ce n’est pas un ancien Ultra, il n’a jamais été interdit de stade", explique Tonio. "Je n’ai jamais allumé un fumigène", raconte même Yoann Seddik à l’AFP. De quoi renforcer "l’incompréhension" qui anime les supporters du Parc des Princes, au lendemain des faits.

D’autant plus que l’exclusion du stade pourrait être suivie de (lourdes) conséquences. "Ils ont pris une photo de mon abonnement, l'ont envoyée à la sécurité et m'ont dit que j'avais chanté un chant contestataire, se remémore Yoann, surnommé "Casquette" dans les travées du Parc. Ils m'ont dit aussi que j'allais recevoir un courrier disant que mon abonnement était résilié et que je risquais d'être interdit de stade pendant trois ans."

Une perspective qui inquiète les fidèles du Parc des Princes. "Je suis intermittent du spectacle. Je faisais partie des quelques-uns à avoir lancé le chant avec Yoann. Vous imaginez si je suis interdit de stade ?", s’interroge Tonio. "Je devrais pointer deux fois par match au commissariat. Pour mon métier, c’est tout simplement impensable."

Une des entrées du Parc des Princes, en 2013

Crédit: Panoramic

Citée par Le Monde¸ une source au sein du club parisien parle d’un "capo (…) contrôlé puis expulsé du stade car il insultait notre président et le club, avec des 'Nasser, enculé'." La version est rejetée avec force par les témoins de la scène. "C’est faux, archi faux, assure Tonio. Les seuls chants contestataires qu’on a entendu hier, c’était ‘Liberté pour les ultras’ et ‘Il est mort, le Parc des Princes’. Et le PSG n’a jamais voulu interdire ces chants."

Au lendemain du match, Yoann Seddik n’a toujours pas reçu de mail du Paris Saint-Germain. Mais l’incident risque de laisser des traces. Relayé par l’ensemble des médias nationaux, il questionne à nouveau la gestion des supporters du Parc des Princes par le PSG. En attendant, Tonio et les autres "sont sous le choc". "On a jusqu’au 31 mars pour valider nos abonnements pour la saison prochaine. Aujourd’hui, on se pose tous la question : est-ce qu’on continue ?"

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