L'antisèche : Si l’OM est en "crise", ce n'est pas que la faute de Bielsa

Le schéma de jeu de Marseille n'a jamais été clair. Une défense à quatre, certes, mais franchement bancale, avec un André Ayew dans un poste inédit d'arrière gauche, un Giannelli Imbula toujours seul au monde dans l'axe du milieu, et des attaquants trop laxistes dans le repli défensif. C'est surtout dans l'attitude que l'OM a perdu face à des Lorientais solidaires et bien organisés, mais fragiles sur les coups de pied arrêtés et les longs ballons. Les Merlus n'ont pas eu à le regretter, car ils ont su exploiter les erreurs défensives marseillaises. Nombreuses, et impardonnables à ce niveau.

Deux buts, des actions décisives, une activité de tous les instants : Jordan Ayew n'a pas manqué son retour au Vélodrome. L'attaquant ghanéen a été le grand artisan d'un succès lorientais également inspiré par Romain Philippoteaux, passeur et buteur, et Didier Ndong, infatigable au milieu. Benjamin Lecomte a aussi joué un rôle majeur sur ses sorties aériennes et sur un coup franc de Dimitri Payet.

Le Réunionnais, qui a initié la réaction de l'OM sur deux coups de pied arrêté, a été la seule satisfaction marseillaise avec André Ayew. Nicolas Nkoulou, directement ou indirectement impliqué sur au moins trois buts lorientais, a symbolisé la faillite défensive marseillaise. On ne va pas oublier Florian Thauvin, remplacé dès la mi-temps après quarante-cinq premières minutes indignes du haut niveau.

Paradoxalement, c'est seulement contre Lyon, la meilleure attaque du championnat, que l'OM est parvenu à conserver sa cage inviolée sur ses quatre dernières sorties au Vélodrome (0-0). Le reste ? Trois buts encaissés face à Caen (2-3), trois autres buts concédés face au PSG (2-3), et maintenant cinq face à des Lorientais pourtant relégables au coup d'envoi (3-5). La défense marseillaise, c'est une vraie passoire.

On va d'abord parler des choix de Bielsa. Notamment Rod Fanni, sanctionné après son erreur à Nantes (1-0) et laissé sur le banc contre Lorient. En l'alignant dans l'axe, Marcelo Bielsa aurait pu décaler Jérémy Morel à gauche et utiliser André Ayew à son poste de prédilection au milieu. Mais Ayew n'a pas raté son match en latéral. On va donc surtout parler de l'erreur monumentale de Nicolas Nkoulou qui permet à Lorient de reprendre l'avantage, une minute après la première égalisation marseillaise. Il a littéralement plombé un OM qui semblait alors pouvoir renverser la situation.

Non, mais l'entraîneur marseillais a une grande part de responsabilité car ses choix tactiques ont de quoi déboussoler ses joueurs. André Ayew arrière gauche, Mario Lemina d'abord positionné très haut dans l'entrejeu laissant un Giannelli Imbula seul à la récupération, puis arrière droit à la sortie sur blessure de Brice Dja Djédjé (29e), pendant que Rod Fanni, une option pour le poste de latéral, se morfond sur le banc. Il n'y a pas grand-chose de logique là-dedans.

En seconde période, le technicien argentin est allé encore plus loin. Après l'entrée de Michi Batshuayi (69e), son équipe a évolué dans une configuration à la limite du suicidaire, avec seulement quatre joueurs à vocation défensive - en comptant Imbula - et six éléments offensifs (Batshuayi, Ocampos, Payet, Gignac, Ayew et Alessandrini). Le plus incroyable dans cette histoire ? C'était sur le point de marcher, car l'OM est revenu de 0-2 à 2-2, puis de 2-3 à 3-3.

Bielsa n'a pas fait les bons choix, mais il n'a pas fait non plus que des mauvais choix. Si sa tactique est discutable, l'attitude de ses joueurs l'est également. Les buts encaissés par l'OM sont surtout dus à des erreurs défensives individuelles, notamment les deux concédés dès le premier quart d'heure de jeu qui compliquent considérablement le match des Marseillais. La seconde période, malgré une réaction notable et un regain d'agressivité, a confirmé ce phénomène. Et laisse à penser que Bielsa n'est pas le seul responsable de cette incroyable déroute lorientaise. Synonyme de crise pour l'OM.