L1, OM : La conférence de presse où Marcelo Bielsa a perdu son sang-froid

On avait déjà senti la pression monter à l'occasion de la réception de Guingamp dimanche dernier. Marcelo Bielsa avait tour à tour pris à partie un ramasseur de balle, Jocelyn Gourvennec et le quatrième arbitre. Le succès difficile acquis face aux Bretons (2-1) n'a pas calmé el Loco. Le coach argentin a ainsi lâché les chevaux devant les médias. L'objet de son courroux ? Le cas de Matheus Doria. C'était déjà le jeune défenseur brésilien qui avait provoqué son incroyable sortie face aux médias le 4 septembre dernier. A l'époque, Vincent Labrune avait été visé après le recrutement hâtif du Brésilien. Cette fois, les journalistes en ont pris pour leur grade...

Contre Nice, les observateurs attendaient la première sortie de Doria sous le maillot de l'OM. C'est raté. L'entraîneur argentin a choisi d'aligner une défense expérimentale avec de droite à gauche un quatuor Lemina-Aloé-Morel-Dja Djéjdjé, le défenseur ivoirien évoluant à un inhabituel poste de latéral gauche. Devant ces choix, les médias présents en conférence de presse ont demandé pourquoi Doria restait à nouveau à quai. "C'est un très grand joueur et il est en excellente condition physique, a expliqué Bielsa. Mais j'ai donc décidé de mettre Morel avec Aloé. Je pense que c'est la meilleure solution."

Ne pas voir Doria débuter la rencontre face à Nice alors que Fanni, Mendy et Nkoulou sont absents pose forcément question. Et Bielsa n'aime pas ça. "Pourquoi vous ne posez pas la question de la titularisation d'Aloé contre Nice, s'étonne-t-il. Vous faites toujours référence à Doria. Dans l'énoncé de votre demande, on peut estimer qu'il y a une arrière-pensée. Vous souhaitez savoir ce que je pense de Doria mais aussi de mon président. Je n'ai aucun problème avec eux !"

A travers ce message à la presse, c'est bien aux supporters que s'adresse el Loco. Il considère d'ailleurs les médias comme la meilleure courroie de transmission. "Les journalistes influencent plus le public que l'école, assure Bielsa. Ce que les médias disent peut avoir des effets sur les personnes qui n'ont pas de réelle culture footballistique. A Montpellier, un supporter m'a montré le mot DORIA en gros sur son téléphone. Il voulait que ce soit une prédiction pour le prochain match."

Transpirant de plus en plus, Bielsa est resté bloqué sur le sujet Doria durant plus de 20 minutes. "Je suis plus nerveux que d'habitude, avouait-il à une assistance qui avait bien compris l'état d'esprit d'el Loco. Ce dernier n'a d'ailleurs pas hésité à mettre en cause l'expertise de la presse. "Vous avez vu les matchs d'Aloé, Doria et Sparagna en CFA2 ? Je pense que non, lâche-t-il pour confirmer sa thèse que Doria doit encore patienter.

Arrivé l'été dernier de Botafogo escorté d'une flatteuse réputation, Doria - qui porte le brassard de capitaine des espoirs brésiliens - a coûté la bagatelle de 7M€ à l'OM. Mais Bielsa ne juge pas la valeur du joueur sur le montant du transfert. "Je ne suis pas guidé par les arguments de savoir combien le club a payé pour s'offrir tel ou tel joueur, explique-t-il. Et ce n'est pas parce qu'il est international espoirs que je vais décider de le faire jouer. J'accepte l'attente des supporters autour de Doria, mais je fais mes choix en fonction de qui sera le meilleur sur le terrain en fonction de l'adversaire." Excédé d'avoir dû se justifier pendant toute la conférence de presse, Bielsa a alors lâché une phrase qui en dit long sur son sentiment : "Si j'avais répondu sans débattre réellement, on n'aurait pas perdu 25 minutes avec des bêtises." Mais Bielsa a voulu tomber le masque.

Une fois sa conférence terminée, Bielsa a quitté précipitamment la salle de presse pour rejoindre le bâtiment sportif. Arrivé devant l'entrée des vestiaires, l'entraîneur marseillais a salué Stéphane Sparagna. Et il a fait immédiatement demi-tour, toujours escorté de son fidèle traducteur. La tête baissée, le coach de l'OM est alors revenu les médias, encore hébétés de la sortie tonitruante de Bielsa. Il a alors demandé à l'attaché de presse si les journalistes étaient bien restés en place. Et il a recommencé à prendre la parole. Il a sorti un dernier argument. "Je voulais mettre au moins un joueur de très grande expérience au poste de défenseur central. Si j'avais décidé de mettre Morel à gauche, j'aurais dû aligner une défense centrale avec deux jeunes joueurs parmi Aloé, Andonian, Doria ou Sparagna." Bielsa a ensuite quitté vraiment la salle de presse pour ne plus y revenir...