Ligue 1 - FCGB : Avec 10 points en 5 journées Bordeaux a le droit de rêver mais n'a aucune garantie

Arrêtée par Guingamp le week-end dernier, la belle série de Bordeaux lui permet tout de même d’envisager la suite des événements avec tranquillité. Le FCGB peut même secrètement rêver du meilleur. En étudiant le sort des équipes à dix points ou plus au bout de cinq journées au cours de la dernière décennie, nous avons établi différents scénarios pour Bordeaux. Qui ont plus ou moins de chance de se reproduire.

Ne pas être attendu, réaliser un bon début d’exercice et tenir le rythme jusqu’au bout pour coiffer le favor. Une seule équipe a réussi l’exploit : Montpellier en 2011/2012. Face au PSG, le nouvel épouvantail de la Ligue 1, les hommes de René Girard réussissent l’impossible et remportent leur premier titre de champion. Depuis 2004/2005, hormis le MHSC, cinq autres équipes à plus de 10 points en début de saison ont triomphé au soir de la 38e journée. Que des clubs donnés candidats au titre en début de saison avec le PSG (2014), l’OM (2010), et l’OL (2005, 2006, 2007). L’étonnant vient du fait que quatre équipes championnes au cours de la dernière décennie n’avait même pas franchi la barre des dix points après cinq journées. Le LOSC n’avait que sept points l’année où il a été sacré champion.

Quelle probabilité pour Bordeaux ? Infinitésimales. Même Willy Sagnol ne se faisait pas trop d’illusion après avoir perdu la tête sur la pelouse de Guingamp. "La première place ne reflète pas le niveau de l’équipe," avait-il déclaré.

L’Europe - donc a priori le top 4 - est dans le viseur de Bordeaux. Et les Bordelais auraient tort de ne pas croire en eux. Au niveau des statistiques, c’est le scénario qui a le plus de chance de se réaliser. La moitié des équipes à 10 points ou plus au bout de cinq journées ont vécu l’année suivant le frisson continental. Du PSG champion l’an dernier et en C1 cette année au RC Lens, 4e et qualifié pour l’Europe en 2005/2006. Même si, sur le papier certaines de ces équipes ne faisaient pas figure de favorite au début d’année. L’ASSE a devancé l’année dernière Marseille et Lyon au classement (4e) et s’est offert une place en Europa League aux dépens des Phocéens. Comme Bordeaux cette année, "Sainté" était cité dans les équipes qui pouvaient se battre pour le haut de tableau, mais avec moins de garanties que d’autres.

Quelle probabilité pour Bordeaux ? Sagnol a affiché son ambition de retrouver l’Europe lors de son arrivée. Le club s’est donné le droit de rêver plus loin grâce à son bon début de championnat. Le scénario le plus probable est de terminer dans les places qualificatives pour l’Europe. Le club signerait sans doute maintenant pour une telle issue.

Pas besoin de chercher loin une équipe qui a réussi un bon début de saison avant d’être privée d’Europe lors des dernières journées. Bordeaux est parfait dans ce rôle. Les Girondins l’ont déjà fait par le passé. Toujours deuxième et en course pour un doublé au bout de 30 journées jouées (2009/2010), les Girondins balbutient le football. Les défaites se suivent, le titre s’envole, puis le podium et finalement les places européennes. Pourtant archi-favori à sa succession à la trêve hivernale (huit points d’avance sur l’OM), le FCGB termine le championnat hors du coup. Autre exemple, peut-être plus proche du cas de figure du Bordeaux d’aujourd’hui, celui du Stade Rennais en 2011/2012. Les Bretons naviguent toute l’année entre la 7e et la 4e place du championnat. Mais trois défaites en fin d’exercice les font échouer à une frustrante sixième place, à un point des barrages de l’Europa League.

Quelle probabilité pour Bordeaux ? Le risque est grand pour les Girondins d'être privés d'Europe pour quelques points. Surtout que les places valent encore plus chères cette année. Face à des équipes comme Lille ou Saint-Etienne, tout pourrait se jouer au finish.

Bordeaux ne devra pas imiter le Monaco version 2007/2008. Avec une longue expérience en Ligue 1 et après deux années décevantes, l’ASM disparaît rapidement du haut du classement malgré un bon début de saison. La descente s’effectue doucement mais est inexorable. La Principauté n’approche jamais la catastrophe mais n’a tout de même que trois points d’avance sur le premier relégable au soir de la 31e journée. Sans s’affoler Monaco grappille quelques points par-ci, par-là et finit douzième. Sans s’inquiéter mais sans s’enthousiasmer non plus. Sur les 46 équipes répondant à ces critères, l’histoire s’est répétée dix fois. Avec des conséquences plus ou moins graves (voir plus bas). Mais depuis les quatre dernières saisons, aucune équipe n’a revécu un tel scénario.

Quelle probabilité pour Bordeaux ? Depuis 2004/2005 et une quinzième place, Bordeaux a fini au pire septième. Le club de Jean-Louis Triaud n’est pas à l’abri d’un trou d’air qui le ferait dégringoler, notamment lorsque son effectif sera affaibli par la CAN. A la vue de ce que l’équipe a montré, le risque néanmoins est mince.

Soyons réalistes, Bordeaux ne descendra pas… Mais que les Girondins ne se reposent pas sur leurs lauriers. Un bon début de saison ne garantit pas une place en L1 l’année suivante. Demandez donc aux Bastiais. Ils avaient  disparu de la Ligue 1 en terminant à la 19e place en 2005. Après cinq journées, le SC Bastia était pourtant à égalité parfaite avec le futur vainqueur, l’OL (3e, 11 points). Mais dix matches sans victoire avaient entraîné la chute de l'équipe. Le club corse n'est pas le seul à qui pareille mésaventure est arrivée. Sur les 46 équipes à 10 points ou plus après cinq journées depuis 2004/2005, le RC Strasbourg est l’autre malheureux élu. Tout juste remontés de Ligue 2, les Alsaciens avaient réalisé un parcours honorable jusqu’à la 27e journée (35 points). Ensuite, onze défaites consécutives (!) les avaient condamnés.

Quelle probabilité pour Bordeaux ? Si le FCGB a peu de chances de terminer premier, il a encore moins de risques de terminer dans les trois derniers. Bordeaux n’est ni un club récemment remonté (Strasbourg), ni un club habitué depuis plusieurs saisons aux deuxièmes parties de tableau (Bastia). S’écrouler à ce point serait un vrai séisme.