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Ligue 1 : L'ASSE et Bordeaux n’ont pas de quoi s’enflammer, mais ont au moins le droit de rêver

Geoffrey Steines

Mis à jour 18/08/2014 à 15:05 GMT+2

Co-leaders après deux journées, Saint-Etienne et Bordeaux ont des arguments pour se mêler à la lutte pour le podium sur le long terme. La preuve.

Saint-Etienne et Bordeaux en imposant après deux journées de L1

Crédit: Panoramic

Après deux journées, la Ligue 1 n’a pas un leader, mais deux. Si Bordeaux est officiellement en tête selon les critères de la LFP, qui prend en compte le classement du fair-play en dernier recours, Saint-Etienne est à égalité parfaite avec les Girondins. Les deux clubs affichent actuellement un bilan de six points, cinq buts marqués et un encaissé. "On va peut-être proposer à la Ligue d’arrêter le championnat aujourd’hui et de prendre le classement en compte, sourit Willy Sagnol. C’est purement anecdotique." Son homologue stéphanois Christophe Galtier est sur la même longueur d’onde.
Considérés avant le coup d’envoi de la saison comme des outsiders crédibles pour le Top 5, voire pour une place sur le podium, derrière l’intouchable PSG, l'ASSE et les Girondins n’ont pas tardé à se mettre dans le bon tempo. Reste désormais à savoir jusqu’à quand cet état de grâce pourra durer pour les Bordelais et les Stéphanois, alors que leurs concurrents directs peinent à se lancer. Ils ont les moyens de s’immiscer dans la lutte pour une place européenne en fin de saison. Et qui sait de rêver même à une place en Ligue des champions. La preuve en cinq points.

Encore une belle marge de progression

Un excellent départ sur le plan comptable, mais encore imparfait dans le jeu. Le constat vaut autant pour Saint-Etienne que Bordeaux. Comme à Guingamp la semaine passée (0-2), les Verts ont fonctionné sur courant alternatif dimanche pour venir à bout de Reims (3-1). Ils ont oscillé entre le très bon avec le très moyen, ce dont Christophe Galtier a bien conscience. "Tout ce qui a constitué l’élaboration du jeu a tenu la route mais il a manqué le dernier geste, ou l’avant-dernier geste pour mettre le gardien adverse en danger, a expliqué le coach stéphanois après la rencontre. Ça s’est finalement produit en deuxième mi-temps avec plus d’agressivité dans les courses offensives et de détermination." Menés à la mi-temps, les joueurs du Forez ont montré une capacité de réaction très intéressante pour la suite de la saison.
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Le but de Gradel pour Saint-Etienne face à Reims

Crédit: Panoramic

Comme les Bordelais, qui ont renversé Monaco au cours d’une seconde période de folie dimanche (4-1). Après avoir concédé l’ouverture du score juste avant la pause, ils ont offert 45 minutes de très haut niveau à leurs supporters, avec un changement de dispositif accompagné d’un état d’esprit nouveau. "A la mi-temps on a parlé entre nous, on voulait faire un autre match devant notre public, a souligné Willy Sagnol. On a tout de suite vu la différence dans l’engagement au retour des vestiaires. C’est ce que je veux voir." Les Girondins avaient déjà montré deux visages bien distincts lors de la première journée sur la pelouse de Montpellier (0-1). Séduisants pendant 25 minutes, ils étaient ensuite retombés dans leurs travers et avaient tenu leur victoire quasi miraculeusement. Encore loin d’être au point, tout en montrant de belles promesses pour la suite, l’ASSE et Bordeaux engrangent les points. C’est bien là l’essentiel.

Une concurrence au ralenti

Dans la lutte pour le podium, les adversaires directs des deux co-leaders de la L1 ont un vécu un week-end compliqué, pour ne pas dire davantage. Si le PSG est considéré comme hors-catégorie, les autres "gros" ont tous perdu. Lyon a connu son premier accroc de la saison en s’inclinant sur la pelouse de Toulouse (2-1). Marseille a trébuché devant Montpellier pour sa première dans son Vélodrome flambant neuf (0-2) et Monaco a sombré en l’espace d’une demi-heure à Bordeaux (4-1). La théorie de l’accident de parcours tient pour l’OL, intéressant depuis le début de sa préparation. Mais elle ne peut être considérée comme valable pour l’OM et l’ASM, qui s’étaient ratés lors de la première journée.
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Marcelo Bielsa sur le banc de l'OM face à Montpellier

Crédit: Panoramic

Excellentes en préparation, ces deux équipes sont méconnaissables et leurs entraîneurs, arrivés à l’intersaison, déjà pointés du doigt. A force de tâtonner, elles pourraient s’enfoncer dans la crise et se retrouver rapidement dans une situation délicate. Même s'il est encore très tôt, les points empochés ne sont plus à prendre et ce départ catastrophique pourrait se payer en fin de saison. Pendant ce temps-là, Lille a gagné sans séduire contre Caen (0-1). Surtout, le LOSC n’a pas un effectif démentiel pour gérer une éventuelle qualification pour la Ligue des champions. A y regarder ainsi, Bordeaux et Saint-Etienne n’ont rien à envier à tous leurs concurrents. Bien au contraire.

Un mercato bien négocié… pour l’instant

Sans avoir les moyens de faire des folies, Verts et Girondins ont parfaitement géré leurs emplettes. Les Stéphanois ont recruté une valeur sûre de la L1 (Kevin Monnet-Paquet), un attaquant bourré de talent qui ne demande qu’à se relancer (Ricky van Wolfswinkel) et sont sur le point de s’attacher les services d’un ex-Rennais en quête de rebond (Kévin Théohpile-Catherine). Il leur manque encore un latéral gauche, voire un joueur offensif, pour boucler un recrutement rondement mené. Dans le même temps, ils ont conservé leur ossature de la saison passée, terminée à la quatrième place du championnat, sans perdre un seul titulaire indiscutable au cours de l’été (excepté Trémoulinas, dont le prêt par le Dynamo Kiev est arrivé à expiration). "J’ai un groupe de qualité, avec des atouts à faire valoir sur un plan offensif", se félicite Galtier.
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Christophe Galtier voit son avenir à Saint-Etienne avec moins d'incertitude

Crédit: AFP

La situation est différente à Bordeaux, même si les dirigeants ont su aussi faire preuve d’intelligence et de flair cet été. D’abord, ils ont attiré sur le banc un coach de 37 ans, venu avec ses idées et son envie de les imposer (Willy Sagnol). Ils ont ensuite compensé les nombreux départs en fin de contrat (N’Guemo, Hoarau, Henrique, Bréchet, Chalmé, Savic, pour ne citer qu’eux) par un recrutement intéressant. Ils ont recruté des joueurs à fort potentiel (Wahbi Khazri, Diego Contento et Nicolas Pallois ont 26 ans ou moins), tout en retenant Emiliano Sala et Jaroslav Plasil, de retour de prêt. Des renforts à moindre coût, qui auront un vrai rôle à jouer cette saison, comme ils l’ont démontré dès dimanche contre Monaco. Même s’il est difficile de tirer des conclusions hâtives, Saint-Etienne et Bordeaux réussissent pour le moment leur été, sur le terrain comme en dehors.

Pas de faiblesses rédhibitoires

Dans toutes les lignes, les Stéphanois et les Bordelais semblent armés pour viser haut. Ils disposent d’un international français pour garder leur but (Ruffier pour l’ASSE, Carrasso pour les Girondins). Défensivement, les deux formations ont déjà donné des garanties, même s’il faudra attendre de voir les Verts face à une opposition plus relevée que Guingamp ou Reims. Dans l’entrejeu, elles ont largement les moyens d’imposer leur supériorité technique et physique à trois quarts des équipes de Ligue 1. Et devant, elles comptent chacune dans leur rang un attaquant capable de claquer une quinzaine de buts en championnat. Alors qu’il en est déjà à trois réalisations cette saison, Mevlut Erding avait atteint ce total avec le PSG en 2009/2010. Cheick Diabaté s’est, lui, arrêté à douze la saison passée, mais en 25 matches disputés. Si le Malien en joue au moins trente, son compteur pourrait exploser.
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Cheick Diabaté (Bordeaux) après son but à Montpellier

Crédit: Panoramic

Une vraie constance au plus haut niveau

Depuis plusieurs saisons, l’ASSE et le club girondin sont installés dans le haut du tableau. Les Verts restent sur trois exercices bouclés dans le Top 7 et les Bordelais font encore bien mieux, avec neuf saisons consécutives. Dotés d’effectifs relativement stables et d’organigrammes qui le sont tout autant, un élément souvent décisif pour réussir une saison pleine, les deux clubs ont tout pour réussir un gros coup. Ils souhaitent désormais trouver la récompense d’un travail de longue haleine, qui pourrait enfin leur sourire. Avec leur profil, ils ont de bonnes têtes de surprises en puissance, comme le Lille 2013/2014 (3e), le Nice 2012/2013 (4e) ou le Montpellier 2011/2012 (1er). Mais l’histoire parle en leur défaveur. Sur les dix dernières saisons, un seul leader après deux journées a terminé la saison sur le podium (Lyon en 2012/2013) et deux autres ont fini dans le Top 5 (Lyon en 2013/2014 et Marseille en 2004/2005). Les sept autres n’ont pas fini mieux que… huitième.

Notre avis : La Ligue Europa et la CAN, attention dangers !

Sur le papier, Saint-Etienne et Bordeaux ont tout pour titiller les gros poissons, sauf sans doute un PSG lancé à plein régime. Leur début de saison plein de promesses ne doit pas faire oublier les limites entrevues lors des deux premières rencontres. Mais il est aussi symbolique d’un élan amorcé depuis le début de l’été, tant lors de la préparation que sur le marché des transferts. Si les deux effectifs ont encore besoin de petites retouches pour être parés à toute éventualité (notamment sur les postes de latéraux), ils affichent suffisamment de complémentarité et de talent pour viser haut. Ajoutez à cela deux entraîneurs ambitieux et la mayonnaise a toutes les chances de prendre.
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Benjamin Corgnet s'écroule devant Grégory Bourillon, lors de Saint-Etienne - Reims.

Crédit: AFP

Pour l’ASSE, le danger viendra principalement de la Ligue Europa. Les Verts entrent en lice cette semaine, avec un barrage aller à disputer en Turquie, sur le terrain du Kardemir Karabükspor. Avec le match retour la semaine prochaine, ils auront déjà une idée de leur capacité à jouer sur tous les tableaux sans se cramer. D’autant que leur programme de fin août en Ligue 1 sera copieux (réception de Rennes, déplacement à Paris). Un autre problème pourrait se poser, pour les deux clubs cette fois : la CAN. L’édition 2015 se déroulera au Maroc du 17 janvier au 8 février. Trois Stéphanois (Sall, Diomandé, Gradel) et six Bordelais (Sané, Traoré, Biyogo Poko, Khazri, Diabaté, Saivet) pourraient être concernés. Là encore, la profondeur d’effectif sera mise à rude épreuve, surtout en Gironde. De leur faculté à éviter ses écueils dépendra la capacité de ses deux clubs à se mêler à la bagarre jusqu’au bout. Ce qui est loin d’être un rêve sans fondement.
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