Ligue 1 : OM-Nice: Pour sa dernière année, Gignac est libéré de tout ce qui lui pesait

André-Pierre Gignac ne se faisait guère d'illusions. A l'annonce de la liste des 23 Bleus sélectionnés ce jeudi pour jouer face à l'Espagne (4 septembre) et la Serbie (7 septembre), APG a une fois de plus constaté que Didier Deschamps ne l'avait pas retenu. Le natif de Martigues a maintenant l'habitude de ne pas entrer dans les plans du sélectionneur tricolore. "Je ne crois plus aux Bleus", expliquait Gignac avant la Coupe du monde. Pourtant auteur de sa meilleure saison avec l'OM depuis son arrivé (22 buts et 3 passes décisives toutes compétitions confondues), Gignac savait qu'il n'irait pas au Brésil. Deschamps l'a une nouvelle fois mis de côté pour les deux prochains matchs amicaux de la France alors que l'attaquant marseillais pointe en tête du classement des buteurs de Ligue 1 avec trois réalisations après trois journées de championnat.

Aujourd'hui, Gignac ne s'arrête plus à une éventuelle reconnaissance internationale. Il se consacre à son quotidien. A l'OM, il enchaîne les bonnes performances. Et ça lui suffit. Car APG a trop souvent été l'objet des railleries du public olympien, très prompt à la condamner sur l'autel d'un salaire (350.000 euros bruts mensuels) beaucoup trop élevé pour ses prestations. Il savoure donc sa revanche de pointer tout en haut des meilleurs canonniers de Ligue 1. L'arrivée de Marcelo Bielsa n'a finalement pas perturbé son efficacité retrouvée dès la saison dernière. "Je ne sais rien de sa méthode, avouait Gignac avant de voir débarquer l'entraîneur argentin. Je sais que c'est un entraîneur à poigne. C'est aussi un compétiteur. Ça tombe bien, moi aussi ! Je peux bien m'entendre avec lui même s'il n'a pas un caractère facile." Les deux hommes cohabitent finalement très bien ensemble...

Habitué à gérer des joueurs de caractère aussi bien en sélection qu'avec les équipes de clubs qu'il a dirigées, Bielsa a su maintenir une pression positive sur Gignac. Alors que Michy Batshuayi marquait des buts et des points durant les matchs de préparation, "El Loco" a tout de même gardé sa confiance en APG. Il lui a bien rendu en réussissant un doublé en ouverture du championnat à Bastia (3-3) puis un nouveau but à Guingamp (0-1). A chaque fois, les réalisations de Gignac ont permis à l'OM de prendre des points importants. C'était déjà le cas l'an dernier avec Elie Baup puis José Anigo aux commandes.

Si le buteur de l'OM tourne au super, c'est aussi parce qu'il a réalisé une grosse préparation physique. Jamais Gignac n'a paru aussi en jambes. "On voit même ses plaques de chocolat", s'amuse Alaixys Romao. Sous la conduite du nouveau préparateur physique de l'OM, le Belge Jan Van Winckel, l'attaquant marseillais ne rechigne pas aux exercices proposés. Il en redemanderait presque... Cette mentalité a touché Bielsa. Le coach argentin a ainsi décidé de faire d'APG le vice-capitaine de l'OM derrière Steve Mandanda. Une vraie marque de reconnaissance pour un joueur présent au club depuis l'été 2010. Cette confiance tranche aussi avec l'avenir de Gignac qui se dessine loin de Marseille.

Car le meilleur buteur du championnat ne jouera plus à l'OM la saison prochaine. C'est déjà acté par la direction olympienne. Celle-ci a planifié le départ de son plus gros salaire l'été prochain. En 2015, Gignac se retrouvera libéré de son contrat de cinq ans qui arrivera à échéance. Pas question pour l'OM de prolonger un joueur aux émoluments aussi importants à l'heure où Vincent Labrune prône l'austérité sur le plan de la masse salariale. Mais cette situation contractuelle difficile n'empêche pas Gignac de briller. "Je peux me blesser ou réaliser de mauvaises performances, reconnaît-il. On ne sait pas ce qui peut arriver quand on finit son contrat". Il a pris le risque. Tout comme, Bafetimbi Gomis, son meilleur ami dans le milieu du foot, l'avait fait avant lui à Lyon.

Finalement, l'impression de se sentir libre a permis à Gignac de se concentrer uniquement sur le football. Le buteur de l'OM a également en tête la récente introduction dans le loft de Benoit Cheyrou, un autre proche d'APG. Il sait qu'aucun passe-droit ne sera toléré sous la direction de Marcelo Bielsa. Cette fermeté place aussi Gignac dans l'obligation de faire son maximum pour attirer des grands clubs une fois son contrat à l'OM terminé. A 28 ans, l'ancien attaquant toulousain redécouvre la pression inhérente à tous les joueurs devant prouver leur valeur. Et ça lui réussit plutôt bien...