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Ligue 1, Pascal Dupraz (Evian-Thonon-Gaillard): "Peut-être qu’un jour, il faudra que je parte"

Alexis Billebault

Mis à jour 11/04/2015 à 09:41 GMT+2

Le 1er avril dernier, dans la salle de presse du centre d’entraînement de Publier, Pascal Dupraz, après avoir animé la séance matinale et grillé une cigarette, s’est longuement épanché sur la situation de l’Evian-Thonon-Gaillard. Bien parti pour se maintenir, le club haut-savoyard, qui accueille Lille dimanche (17h00), traverse une période un peu agitée en coulisses. Entretien exclusif.

Pascal Dupraz (Evian-Thonon-Gaillard)

Crédit: Panoramic

Pour la troisième saison de suite, Evian-Thonon-Gaillard joue le maintien. Les joueurs concernés par cette opération toujours périlleuse peuvent être fatigués nerveusement. Un entraîneur doit-il y être sensible ?
Pascal Dupraz : Si un joueur est fatigué parce qu’il joue le maintien, je lui conseille de changer de métier (rires). D’autant plus que l’ETG est de fait, en raison de ses modestes moyens, un club qui doit d’abord assurer son avenir en Ligue 1. J’admets que cela puisse être parfois stressant, mais c’est aussi une façon de progresser. Et l’ETG est dans une perspective de progrès. On va peut-être repartir en août prochain pour une cinquième saison parmi l’élite.
Alors que tous les pronostiqueurs ou presque vous envoyaient en Ligue 2 avant même le début du championnat…
P.D. : Oui, mais quelque part, c’est normal ! L’ETG est le club qui a le moins de vécu à ce niveau. Le club est passé du National à la L1 en deux saisons. Je ne vis pas cela comme une offense. On bosse pour nous, pas pour déjouer les pronostics. Notre objectif, c’est d’ancrer le club dans le football professionnel français. On a progressé sur le plan des structures. Regardez aussi ce qu’on fait au niveau de la formation. Il y a des avancées significatives.
Avec un budget qui baisse tous les ans, ce n’est pas gagné…
P.D. : On renouvelle l’effectif d’un tiers chaque été. Il y a une raison sportive, propre à beaucoup de clubs. Des joueurs partent, d’autres restent et constituent le noyau dur de l’équipe. L’autre raison est économique. On a besoin de vendre pour encaisser de l’argent. Maintenant, puisque vous en parlez, je pense effectivement que notre budget a besoin d’être boosté. Tous les ans, il baisse d’environ deux millions d’euros. Un budget qui stagne ou qui baisse, c’est rarissime ! En 2014-2015, il est de 28 millions d’euros. Et dans ce budget, tout n’est pas destiné au secteur professionnel.
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Pascal Dupraz, entraineur Evian TGFC lors de la saison 2013-2014

Crédit: Panoramic

Il y a quelques semaines, vous avez fait référence à ces questions d’ordre budgétaire en vous adressant aux deux actionnaires principaux du club (Efsandiar Bakhtiar et Richard Tumbach, ndlr) sans les nommer. Avez-vous eu des retours ?
P.D. : Aucun ! Moi, je considère que les intérêts personnels doivent laisser la place aux intérêts collectifs. J’ai dit les choses telles que je les ressens. Si j’étais ailleurs, je me contenterais de faire mon taf d’entraîneur, sans rien dire. Or, je suis ici depuis 25 ans, et je pense que j’ai la légitimité pour donner mon avis. J’accepte la critique, mais je me donne aussi le droit de la contrer. Pourtant, des solutions pour faire progresser le budget existent. Mais j’ai l’impression qu’on veut se compliquer la vie. On a la masse salariale la plus faible de Ligue 1. La moyenne des salaires est de 25 000 euros par mois. Depuis toujours, la Haute-Savoie est un pays d’ouverture. Il y a des gens qui sont prêts à nous aider. Mais on leur a dit non. Il faudrait qu’on m’explique pourquoi.
Avez-vous des explications avec les actionnaires principaux ?
P.D. : Non. Mais par contre, il y a des critiques qui reviennent à mes oreilles. On me reproche par exemple ma trop grande proximité avec le président Joël Lopez… On a, lui et moi, une philosophie commune, dans l’intérêt du club. Où est le problème ?
Vous reproche-t-on les résultats ?
P.D. : Mais moi, je veux bien avoir comme objectif quelque chose entre la 8e et la 14e place ! Mais dans ce cas-là, on met en place le budget la masse salariale qui correspondent à cet objectif. Ensuite, on sait que le risque sportif existe, que le recrutement est parfois aléatoire, mais on minimise les risques. J’ai l’impression qu’ici, certains découvrent qu’on peut descendre en Ligue 2. On m’a aussi reproché le recrutement…
Cette situation vous pèse-t-elle ?
P.D. : J’aime ce club. Mais j’attends de voir. Que veut-on faire ? Avec quels moyens ? Je suis en stand-by.
Tout ce que je fais, tout ce que je dis est spontané.
On ne vous imagine pas partir un jour…
P.D. : Moi non plus… Mais peut-être qu’un jour, il faudra que je parte d’ici. Même si j’ai du mal à m’imaginer ailleurs. Pourtant, je pense que c’est inéluctable. Peut-être aussi qu’un jour, on ne voudra plus de moi. Je ne suis pas fatigué d’entraîner. Juste parfois saturé de voir qu’il y a des philosophies différentes, et que dans certains cas, les intérêts personnels passent avant l’institution. J’ai lu récemment dans L’Equipe que le club pourrait se séparer de Joël Lopez. Le journaliste qui a écrit ça ne l’a pas fait sans avoir eu des informations venant de quelqu’un de haut placé…
Mais vous avez un contrat…
P.D. : Oui, de manager général, avec les pleins pouvoirs sportifs, et d’entraîneur. Et à partir du moment où on contrarie ces pouvoirs sportifs, j’aviserai. Je suis d’autant plus à l’aise pour en parler que je ne vis du football que depuis quatre ans (Dupraz était employé aux nations Unies, ndlr).
Votre communication détonne dans un milieu tout de même très aseptisé…
(Il coupe) Tout ce que je fais, tout ce que je dis est spontané. J’ai effectivement ma méthode de communication et de management. Je peux profiter de l’ouverture médiatique qui m’est offerte pour faire passer un message aux joueurs. Mais en ayant toujours en tête que le coach est responsable des défaites. Et quand on est l’entraîneur d’une équipe qui joue le maintien, on doit s’habituer à perdre plus souvent que de gagner…
Est-on heureux quand on est entraîneur ?
P.D. : Il y a des moments de plaisir, oui. C’est un beau métier, même si, au final, tu es très seul... J’adore l’avant-saison, les stages estivaux, la période du recrutement. Ensuite, ça devient plus compliqué quand le championnat démarre (rires). Dans le football, tout le monde est entraîneur. Cela ne me dérange pas, sauf si des gens qui ont un rôle qu’ils n’assument pas veulent en tenir un alors qu’ils n’ont pas les compétences requises…
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FOOTBALL 2013 Evian - Pascal Dupraz

Crédit: Panoramic

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