Ligue 1 - PSG : La vie parisienne d'Ibra n'est plus un long fleuve tranquille

ParLaurent Vergne

Publié 20/03/2015 à 06:42 GMT+1

Après deux saisons passées à marcher sur l'eau, Zlatan Ibrahimovic connaît à 33 ans une troisième année plus troublée sous le maillot du Paris Saint-Germain. L'attaquant suédois reste une pièce maîtresse. Mais Paris a appris à ne plus être totalement dépendant de sa vedette.

Zlatan Ibrahimovic avec le PSG en 2014-2015

Crédit: AFP

Incontournable, indispensable, indéboulonnable. Depuis son arrive à Paris à l'été 2012, Zlatan Ibrahimovic a été la pierre angulaire du projet QSI. Depuis trois saisons, le PSG = Zlatan. Sur et en dehors du terrain. Le Suédois aura été à la fois la star, le leader charismatique, le buteur indispensable et l'effigie médiatique.

SAISON 2013	Matches	Buts	Passes
Ligue 1	34	30	7
Coupe de France	2	2	0
Coupe de la Ligue	1	0	0
Ligue des champions	9	3	7
Total	46	35	14

SAISON 2014	Matches	Buts	Passes
Ligue 1	33	26	14
Coupe de France	2	3	1
Coupe de la Ligue	2	2	0
Ligue des champions	8	10	0
Total	45	41	15

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Mais après deux saisons hors normes par son rendement et son impact, Ibracadabra connait un troisième exercice plus difficile, entre hauts et bas. Une trajectoire sinusoïdale qui pousse même certains à s'interroger sur la question de son avenir dans la capitale, à l'aube de sa dernière année de contrat. Pour autant, comme l'a rappelé son agent Mino Raiola, Paris n'a pas l'équivalent de Zlatan Ibrahimovic dans son effectif : "Zlatan est encore le joueur le plus important du projet PSG, a-t-il souligné. Il est où, son remplaçant ? Il est où, le nouveau Zlatan ? C’est impossible à trouver aujourd’hui et le PSG le sait." L'énergumène est effectivement unique. C'est bien pour cela que Paris a besoin que Zlatan reste Zlatan. Cela n'a pas toujours été le cas en 2014-2015, où il a cumulé les passages délicats.

Zlatan Ibrahimovic (PSG).

Crédit: Panoramic

De la talalgie au "pays de merde", une saison compliquée

Trois moments dans sa saison, dont deux remontent à... la semaine passée, stigmatisent plus que tout autre les difficultés de la troisième campagne d'Ibrahimovic sous le maillot parisien.

Episode I - 21 septembre : Face à Lyon, il joue malgré une blessure au talon. Il traine en réalité sa talalgie depuis trois rencontres. Cette fois, il est contraint de dire stop. Il restera éloigné des terrains pendant un mois et demi, ratant autant de matches sur cette seule période que sur ses 26 premiers mois à Paris.

Episode II - 10 mars : Lors du quart de finale retour de Ligue des champions à Chelsea, il écope d'un carton rouge direct à la demi-heure de jeu pour une faute sur Oscar, laissant ses partenaires à 10. Paris évoluera en infériorité numérique pendant… 90 minutes, mais se qualifiera.

Episode III – 15 mars : Suite de la semaine (très) agitée de Zlatan. A Bordeaux, il marque deux buts mais ne peut empêcher la défaite du champion de France. Son pétage de plombs dans les couloirs de Chaban-Delmas lui vaut d'être convoqué devant la Commission de discipline.

Zlatan Ibrahimovic face à Lionel Jaffredo, dimanche 15 mars

Crédit: AFP

Moins indispensable qu'avant

Si l'incident bordelais relève de l'extra-sportif et témoigne d'une forme de frustration de l'attaquant scandinave, les deux premiers ont surtout démontré qu'Ibra, à 33 ans, n'était plus aussi indispensable que par le passé. A Chelsea, il a mis son équipe dans la panade mais elle a su s'en tirer sans lui. Presque malgré lui.

Quant à sa longue absence à l'automne, elle n'a pas dramatiquement pesé sur les résultats du PSG à l'époque. Paris a disputé neuf matches du 21 septembre au 9 novembre, compilant sept victoires (dont une mémorable au Parc face au FC Barcelone en Ligue des champions) et deux nuls. Cette saison, le PSG s'est donc quelque peu affranchi de sa colossale vedette. Et ce n'est pas forcément une mauvaise chose pour le destin collectif de l'équipe de Laurent Blanc. La preuve à Chelsea.

Les joueurs du PSG furieux après le carton rouge d'Ibrahimovic

Crédit: AFP

Pour autant, si Ibra n'est plus l'homme totalement indispensable qu'il fut, il n'est pas pour autant devenu un boulet, très loin s'en faut. Il a édifié de tels standards qu'un rendement "normal", tel que le sien cette saison, peut apparaître insuffisant. Sur certains matches, même sans être impérial dans le jeu, il parvient à peser, comme à Bordeaux dimanche dernier.

Malgré ses problèmes physiques récurrents lors de la première moitié de saison, il est de loin le meilleur buteur du PSG en Ligue 1 avec 14 réalisations. S'il peut probablement faire une croix sur le titre de goleador, il ne faut pas oublier qu'il n'a joué que 20 des 29 journées de championnat. A la moyenne, il tourne certes moins vite qu'en 2014, mais la chute n'est pas tragique non plus (il est passé de 0,79 par rencontre à 0,7 en L1).

En revanche, il n'a signé que trois passes décisives, contre onze la saison dernière. Au total, Ibra avait ainsi été impliqué sur 37 buts en 33 matches de Ligue 1, contre 17 buts en 20 rencontres cette saison. Si on étend l'analyse à l'ensemble des compétitions, la décrue n'est pas négligeable, notamment en Ligue des champions, où il ne cumule que deux buts et passes décisives cette saison.

SAISON 2015	Matches	Buts	Passes
Ligue 1	20	14	3
Coupe de France	1	1	1
Coupe de la Ligue	2	1	0
Ligue des champions	5	2	0
Total	28	18	4

Jusqu'ici, sa saison aura néanmoins été marquée davantage par des soubresauts que par ses exploits. Mais l'histoire reste encore à écrire. Les deux mois à venir sont les plus importants, d'autant que le PSG est encore en lice sur quatre tableaux. Si Zlatan aligne but sur but et porte Paris vers deux ou trois titres, la blessure de l'automne, le rouge de Chelsea et le "pays de merde" passeront au second plan. En attendant, il risque d'aborder cette dernière ligne droite en spectateur : il se trouve sous la menace d'une double suspension, en Europe et en France. Pas la meilleure façon de lancer ce printemps où il sera attendu au tournant.