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Mercato - Comment Monaco est devenu un spécialiste de la vente en Europe

Loïc Tanzi

Mis à jour 24/07/2015 à 11:05 GMT+2

MERCATO – Depuis son changement de stratégie, l’AS Monaco est reconnue pour bien vendre ses joueurs. Nous nous sommes intéressés aux raisons de cette réussite.

Leonardo Jardim - Luis Campos - Vadim Vasilyev (AS Monaco)

Crédit: Panoramic

Joue-la comme le FC Porto. Pour beaucoup, la phrase est devenue un poncif du côté de Monaco. Il faut dire que depuis un an et le changement de cap de la direction monégasque, le club s’est spécialisé dans la revente de ses meilleurs talents. James Rodriguez 80 millions d’euros au Real Madrid, Emmanuel Rivière 10 millions à Newcastle, Geoffrey Kondogbia 40 millions à l’Inter Milan et Yannick Ferreira-Carrasco 15 millions d’euros à l’Atlético Madrid. L’Angleterre n’y est même pas pour quelque chose dans l’explosion des prix en Principauté.
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James Rodriguez celebrates scoring against Sevilla (AFP)

Crédit: AFP

La comparaison avec le FC Porto agace pourtant un peu sur la Côte d’Azur. Faire de la post-formation dans le but de revendre à de bons prix est inscrit dans l’ADN du club princier. Elle a simplement été remise au goût du jour par les dirigeants russes. "Monaco a toujours été un club formateur, souffle Christophe Lepetit, économiste du sport. La nouveauté, c’est le tissu de connexion qu’a réussi à se construire le club. "

Monaco achète aussi très cher

Les ventes de l’ASM font la une des journaux. Mais les Rouge et Blanc achètent aussi très cher. En janvier dernier, ses dirigeants n’avaient d’ailleurs pas hésité à mettre plus de 15 millions sur Bernardo Silva. A 20 ans, le Portugais est le symbole de la politique azuréenne : miser sur des jeunes à fort potentiel, pour en tirer le double quelques années plus tard. C’est le cas d’Adama Traoré, acheté 14 millions d’euros cet été à Lille.
Geoffrey Kongogbia a été le premier maillon de cette nouvelle stratégie. Acquis pour 20 millions d’euros en 2014 au FC Séville, revendu pour 40 en 2015. "Ils ont un coup d’avance, confie un agent de joueurs. Quand Luis Campos (directeur sportif du club, NDLR) achète un jeune joueur, il a déjà l’assurance que plusieurs gros clubs vont le suivre durant son passage à Monaco. Il reste en contact avec eux. Pour Chelsea, le Real ou autre, c’est une assurance que le joueur va continuer son développement. Quitte à le payer un peu plus ensuite."
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Les maillots de Kondogbia en vente à Milan

Crédit: Panoramic

Le prix d’un transfert : somme de plusieurs éléments

Pour déterminer le prix d’un transfert, les clubs prennent en compte plusieurs éléments : durée du contrat, salaire, âge du joueur, poste, statistiques, nationalité, sélection(s) nationale(s), potentiel marketing… Monaco met en valeur ces facteurs. Loic Ravanel, qui travaille pour l’observatoire du football à Genève y ajoute "l’évolution du marché, extrêmement spéculatif. Un joueur comme Hazard vaut, selon nos calculs, 120 millions d’euros aujourd’hui. Et les clubs pourraient encore faire une plus-value en lâchant une telle somme."
Quand le marché domine pour certains, d’autres invectivent l’argument commercial. Celui qui fait qu’un joueur sera mieux vendu par un club. En d’autres mots , être dur en négociation. A ce petit jeu, l’ASM a un atout : Luis Campos. Le nom du directeur sportif revient indéniablement lorsqu’on évoque le projet monégasque. "Monaco n’a pas besoin de vendre, relance l’agent qui a souhaité rester anonyme. Ils n’ont pas de trou à combler. Ils vendent pour récréer de l’actif, pour réinvestir directement."

Luis Campos : l’homme de réseaux

Le Portugais est la pierre angulaire d’un projet concentré sur la recherche de plus-value. "C’est de lui que vient le réseau du club, commente Christophe Lepetit. Au PSG par exemple, on peut avoir du mal à vendre ses joueurs très cher car il manque un directeur sportif, même si Olivier Letang fait du très bon travail. C’est lui surtout qui discute avec les agents."
Pour arriver à développer ses connaissances, le directeur sportif du club monégasque peut être encouragé à demander de l’aide. Les noms de Jorge Mendes et Doyen Sports reviennent alors le plus souvent.  "Ils ont une relation privilégiée avec certains agents, avance Christophe Lepetit. C’est une histoire de connexion où chacun y trouve son compte. Les agents amènent aussi le carnet d’adresse." Un argument qui ne convainc pas tout le monde. "Il fait un transfert sur cinq à Monaco, Mendes, assure l’agent. Il faut arrêter de dire que c’est lui qui contrôle le club, c’est faux. "
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Radamel Falcao, aux côtés de son agent Jorge Mendes et du vice-président de Monaco, Vadim Vasilyev.

Crédit: Panoramic

Contacté, Doyen Sports assure ne pas pouvoir faire d’affaires avec Monaco en raison de l’interdiction de la TPO (Tierce-propriété, NDLR) par la FIFA, généralisée depuis 1er mai dernier. Le fond d’investissement s’est replié sur des activités de banques et d’intermédiaires entre les clubs. C’est eux qui avaient notamment tenté d’attirer Geoffrey Kondogbia à l’AC Milan avant que le Français ne choisisse l’Inter.
Les agents semblent représenter une deuxième force (ou faiblesse) d’un système de revente comme celui de l’ASM. "C’est un élément qu’il ne faut pas occulter, conclu Loic Ravenel, chercheur à l'observatoire du football, à Genève. Mais je ne pense pas que la tendance générale du marché soit exclusivement régie par ça."
C’est alors une addition de compétences qui a permis à Monaco de grandir plus vite sans attendre les résultats sportifs. Un système qui a des limites. Si le tissu de connaissances monégasques n’était pas aussi solide, le club du Rocher ne pourrait pas vendre aussi bien. C’est une dépendance aux autres qui profite à l’ASM. Pour l’instant…
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