OM-Lorient (3-5) : Marseille n'avait jamais vu ce Jordan Ayew-là au Vélodrome

Jordan a volé la vedette à André. Lors de la victoire de Lorient à Marseille (3-5), ce n’est pas l’aîné mais le cadet des frères Ayew qui a crevé l’écran. L’attaquant de 23 ans, auteur d’un doublé, a été le fer de lance de l’équipe bretonne qui a enfoncé l’OM. En quelque sorte une revanche pour celui qui a été formé sur la Canebière sans jamais réussir à s’y imposer. "Ce n’était pas facile à l’OM, aujourd'hui je prends du plaisir ailleurs. J'ai été récompensé de tous les efforts que je fais depuis plusieurs années", a-t-il déclaré sur BeIN Sports après la rencontre, les larmes aux yeux.

Même si "jouer le maintien depuis un an et demi ce n’est pas évident", le Ghanéen prend désormais du plaisir. Et cela se voit sur le terrain. Avec 11 réalisations, il partage la sixième place du classement des buteurs de L1. Lui qui n’avait jamais dépassé les sept unités en championnat totalise aussi cinq passes décisives. Le point d’orgue de cette belle saison est intervenu ce vendredi, pour son retour au Vélodrome. Son premier doublé de la saison, son tout premier en Ligue 1, a encore plus de sens dans ce stade. Tout simplement son "meilleur match en Ligue 1" face à son club formateur.

Ses réalisations ont clairement pesé sur le scénario de ce match. L’ouverture du score, qui a mis fin à une entame favorable aux Phocéens, c’est lui. Sur une remise de Romain Philippoteaux, il ne s’est pas posé de questions pour envoyer au fond des filets une demi-volée soudaine de 20 mètres (0-1, 9e). Son second but, le quatrième de son équipe, est celui qui a donné un dernier avantage aux Merlus (3-4, 84e), alors que l’OM avait encore réussi à revenir au score. En partant de la ligne de touche, il a pris de la vitesse et déposé Nicolas Nkoulou, avant de tromper Steve Mandanda.

Mais Ayew n’a pas uniquement été le buteur breton en transformant deux de ses trois tirs. Sur la deuxième réalisation, il est presque passeur décisif, avec un appel au second poteau qui a mis en difficulté Jérémy Morel. En retard et sous sa pression dans le domaine aérien, le Marseillais a vu le ballon rebondir sur lui, avant d’être repris par François Bellugou (14e). Sur le cinquième, il a été au relais avec Maxime Barthelmé, passeur pour Mathias Autret (86e).

Aligné seul en pointe dans un nouveau système en 4-1-4-1, qu’il souhaitait, Jordan Ayew s’est rendu disponible pour ses partenaires. S’il n’était pas toujours à leur conclusion, tous les contres dangereux sont passés par lui. Sa première période est d’une grande qualité dans tous les domaines et, s’il a été plus discret en seconde avec la domination marseillaise, il a su rester dans son match. Il ne s’est pas laissé gagner par la frustration et n’a pas ruminé un coup reçu de Nicolas Nkoulou, au-delà d’une petite minute d’énervement. Pas si évident il y a quelques mois.

Ce Jordan Ayew-là "fait beaucoup de bien" au FCL, de l’aveu de Yann Jouffre. "C’est un merdeux des fois, j'ai envie de l'engueuler sur le terrain, a confié le capitaine lorientais sur BeIn Sports. Mais c’est un mec attachant qui mérite de mettre beaucoup de buts." A bout de force au coup de sifflet final après une dernière course pour presser Nkoulou, le Ghanéen n’a pas compté ses efforts. Il n’a pas laissé un moment de répit au Camerounais, avec un pressing qui l’a poussé à faire des erreurs dans la relance.

Les cinq fautes qu’il a commises témoignent de son implication. Cela lui a aussi permis de s’imposer physiquement à plusieurs reprises face aux défenseurs centraux marseillais. Volontaire, pas dilletant, en confiance et efficace. Ce n’est plus le Jordan Ayew de Marseille. Et l’OM peut s’en mordre les doigts.