Benjamin Moukandjo (Lorient) a mis le feu à la L1 et cela n’étonne pas ceux qui le connaissent

C’est un fin connaisseur du job qui le dit : Benjamin Moukandjo, c’est du top niveau. "Je l’ai vu jouer pour la première fois il y a quelques années, et sur ce que j’avais remarqué, je m’attendais à le voir à ce niveau un jour, peut-être même plus tôt. Il a des qualités de dribble et d’accélération très intéressantes, un bon pied droit et un bon jeu de tête. Mais avec ses statistiques des saisons précédentes, il me donnait plus l’impression d’être un passeur qu’un finisseur. Avec 11 buts, il prouve qu’il peut aussi marquer, et je ne serais pas surpris qu’il s’approche des 20 réalisations", apprécie Patrick Mboma, l’ancien buteur des Lions Indomptables du Cameroun (33 buts en 56 sélections).

"Moukandjo a connu pas mal de clubs depuis le début de sa carrière, où il ne s’est pas toujours imposé. Cette saison, il joue dans une équipe où on lui fait confiance et où le jeu pratique favorise les attaquants. Et un attaquant a besoin de confiance", poursuit l’ancien joueur, entre autres, du Paris-SG, de Cagliari et Gamba Osaka. Romain Philippoteaux, qui côtoie tous les jours le meilleur concurrent de Zlatan Ibrahimovic (12 buts) au classement des buteurs, ne dément pas les propos de Mboma. "On sent qu’il est bien dans sa tête, dans son jeu. Il évolue dans un club qui a su promouvoir des attaquants comme Kevin Gameiro (FC Séville) ou Vincent Aboubakar (FC Porto)."

Depuis Reims, Mickaël Tacalfred observe avec une pointe de nostalgie les six premiers mois explosifs de son ex-coéquipier. "Il avait marqué 8 buts avec nous. Il est parti, ce que je regrette, mais je ne sais pas pourquoi. Aujourd’hui, il fait le bonheur de Lorient, et ce qu’il montre ne m’étonne pas. Il semble s’éclater dans cette équipe où il est titulaire, ce qui n’était pas toujours le cas à Reims. A Lorient, l’équipe joue pour lui. Son positionnement dans l’axe explique pourquoi il marque autant. Chez nous, il jouait plus sur les côtés."

A Nîmes, où Moukandjo a effectué ses débuts professionnels en 2009 après son relatif échec à Rennes et un prêt à Sannois-Saint-Gratien, Noël Tosi avait décidé d’utiliser autrement l’ancien pensionnaire de la Kadji Sport Académie. "Quand je suis arrivé en novembre 2010 pour reprendre l’équipe, je me suis aperçu qu’il ne rentrait pas beaucoup dans la surface et que quand il frappait de 20 mètres, ça n’allait pas. Il jouait milieu droit, mais trop bas vu ses qualités. Je l’ai donc repositionné plus haut et il a marqué plus de buts", explique l’actuel entraîneur de Chasselay (CFA).

"Il peut jouer dans l’axe ou sur les côtés, sa polyvalence est intéressante. Comme il a un volume de jeu intéressant, il est capable de répéter les efforts. Je crois qu’il a dû traverser des périodes de doutes. A Monaco, il avait peu joué et à Nancy, il marquait peu. Quand on m’a confié la responsabilité de l’équipe en janvier 2013, elle était au plus mal et comme tous les attaquants du club, il n’avait pas de réussite. Mentalement, il a progressé avec les années", intervient Patrick Gabriel, retourné depuis au centre de formation de l’ASNL.

Moukandjo, s’il n’a pas toujours confirmé l’étendue de son potentiel, est considéré comme un joueur relativement facile à gérer et un homme agréable et ouvert. "C’est un mec qui est toujours de bonne humeur, plutôt déconneur. Et il va naturellement vers les gens. Pour un entraîneur, ce n’est pas quelqu’un à problèmes", assure le gardien nancéien Guy-Roland Ndy-Assembé, qui l’a côtoyé en Lorraine et qu’il retrouve lors des matches du Cameroun. "Je vous confirme qu’il est vraiment facile de travailler avec Benjamin", assurent Gabriel et Tosi.

Le Camerounais, qui n’avait jamais inscrit plus de neuf buts par saison (avec Nancy en L2 en 2013-2014) est évidemment attendu sur la durée et sa capacité à faire preuve de régularité. "Il a 27 ans, l’âge supposé de la maturité pour un attaquant. Le seul petit truc qui m’ennuie, c’est qu’il a fait pas mal de clubs à seulement 27 ans. S’il continue à marquer autant, il risque d’être sollicité et donc de partir de Lorient. Et quand on change de club, on ne sait jamais comment cela va se passer", argumente Mboma. "Benjamin est quelqu’un d’intelligent. Il sait qu’il risque de traverser une période où il ne marquera plus, comme il sait que des clubs plus huppé vont s’intéresser à lui. Je pense qu’il a les épaules pour gérer tout cela", assure Ndy Assembé. "L’avantage qu’il a, c’est de vivre et d’évoluer dans un cadre calme, serein, qui évite qu’on s’enflamme. Il sait qu’il intéresse des clubs, et je peux vous dire qu’il semble le vivre tranquillement", confirme Philippoteaux.

Davantage exposé avec Lorient du fait de son efficacité actuelle, Moukandjo l’est également avec sa sélection nationale, qu’il fréquente depuis février 2011. Présenté en 2006 comme le "futur Samuel Eto’o" par Michel Kaham, ancien international camerounais et actuel directeur de la Kadji Sport Académie, le Merlu (4 buts en 37 sélections) est encore loin des statistiques de son illustre aîné. "Il va jouer les qualifications pour la CAN 2017 et la Coupe du Monde 2018, il aura l’occasion de se montrer", suppose Ndy Assembé, alors que Mboma le croit capable de s’imposer chez les Lions. "Il est évident que les matches internationaux vont lui servir. Eto’o n’est plus là, et un attaquant camerounais est toujours comparé à Samuel. Benjamin a une opportunité à saisir…"