Caen-Nantes : le SMC est aussi fort que Lyon et l'ASSE en 2015 et s'incruste sur le podium de L1

Depuis le début de l'année 2015, un invité surprise déstabilise la hiérarchie de la Ligue 1 et profite d'un yo-yo permanent des équipes censées lutter pour les places européennes (Lille, Bordeaux, Rennes). C'est bien évidemment... le Stade Malherbe de Caen. Ses supporters ne reconnaissent plus l'équipe moribonde, qui était promise à la Ligue 2 à l'issue de la phase aller la saison dernière avec sa place de lanterne rouge. Après une série de sept matches sans défaite pour terminer 7es de la phase retour et décrocher leur maintien (13e), les joueurs de Patrice Garande poursuivent sur leur lancée cette saison avec une 3e place au classement après dix journées.

Avant la réception de Nantes lors de la 11e journée de L1 ce vendredi, les Normands peuvent se targuer d'être l'équipe qui a remporté le plus de matches (16) en 2015 derrière un leader incontesté, le PSG (22). L'ASSE bute à une unité (15) juste devant les 2e et 3e de la saison dernière, Lyon et Monaco (14). En additionnant les points de la phase retour 2014-2015 et ceux de ce début d'exercice, soit 29 rencontres au total, le Stade Malherbe se retrouve à la lutte pour un strapontin en Ligue des champions en égalant les Lyonnais et les Stéphanois (52 pts).

Ces chiffres prouvent que les coéquipiers de Vercoutre ont enfin trouvé deux éléments clés qui leur manquaient cruellement il y a encore un an : la confiance et la constance. "Grâce à l'état d'esprit et l'implication des joueurs, c'est très logique de les retrouver là", analyse Brahim Thiam, ancien joueur du club (2005-2009), qui a commenté le dernier match des Normands face à Reims (1-0) pour Bein Sports.

Cet été, le président normand Jean-François Fortin et son entraîneur Patrice Garande ont décidé d'apporter du sang neuf dans leur effectif sans toucher aux tauliers de leur onze de départ (Vercoutre, Da Silva, Seube et Féret). Pour compenser le départ attendu de Ngolo Kanté (Leicester) et d'autres jeunes pépites du club comme Lemar (Monaco), Nangis (Lille) et Koita (Blackburn), ils ont recruté malin avec les arrivées de Ben Youssef et Bessat, libres de tout contrat, et surtout celle de Delort pour seulement 1,4 millions d'euros. Malgré un effectif renouvelé de moitié (15 départs), les nouveaux venus se sont tous rapidement intégrés et ont adhéré à la philosophie de leur nouveau coach. "On ne réalise pas trop ce qui ne passe mais on a une équipe de bons mecs qui ont réussi à se fondre dans le moule", relève l'ancien Nantais Bessat au micro de France Bleu Normandie.

Andy Delort (3 buts, 2 passes décisives) a lancé idéalement la saison du Stade Malherbe à Marseille (0-1) dès la 1re journée. La claque subie face à Lyon (0-4) fin août a été vite digérée. C'est le seul revers du club à domicile cette saison. Autour de son métronome Julien Féret, Caen est toujours l'une des équipes les plus agréables à regarder jouer. "Ils s'appuient sur un système défensif inchangé, un milieu très travailleur et homogène et un très très bon Delort", note Thiam. Avec 21 points en dix journées, les Normands réalisent tout simplement le meilleur début de championnat de son histoire. Ils viennent d'enchaîner trois succès consécutifs, une première cette saison. Les Nantais sont prévenus avant leur venue à d'Ornano.

A l'instar de l'autre phénomène du moment, le promu angevin (2e), les observateurs promettent un coup de mou imminent aux partenaires de Delort. Pour Brahim Thiam, il n'y a aucun indice avant-coureur : "Je ne vois pas de signes de faiblesse ni de lassitude chez les joueurs." Le calendrier des quatre prochaines journées (Nantes, Bastia, Guingamp et Angers) semble abordable pour conserver leur place sur le podium. C'est surtout le mois de décembre (Monaco, Lille, Rennes et le PSG de la 16e à la 19e journée), qui s'annonce compliqué pour les Normands mais Patrice Garande sait que son équipe n'a pas peur de rivaliser avec les cadors à l'image du nul décroché au Parc des Princes la saison dernière.

Xavier Gravelaine, le directeur sportif du club, pourrait rapidement évoquer le sujet avec ses joueurs dans les prochains mois. Il était sur le terrain à l'époque quand Caen a joué ses deux premiers et seuls matches de Coupe d'Europe. C'était lors de son élimination face aux Espagnols du Real Saragosse (3-2, 0-2) en 32es de finale de la Coupe de l'UEFA en 1992. Vingt-trois ans plus tard, Nicolas Seube et sa bande peuvent profiter de ce début de saison canon pour se mêler à la lutte pour les places européennes jusqu'à la dernière ligne droite.

Les clubs engagés en Ligue Europa, Marseille, Monaco, Bordeaux, à l'exception de Saint-Etienne, ont perdu beaucoup de points avant ou après leurs rendez-vous européens. Parviendront-ils à combler rapidement leur retard ? "Caen est actuellement supérieur à des équipes comme Monaco et Bordeaux", tranche Brahim Thiam. Une chose est sûre, les Normands sont "décidés à se faire plaisir" comme l'annonce leur coach. Confirmer le plus tôt possible leur maintien serait déjà une bonne chose de faite et ensuite, ils aimeraient "rêver plus grand" pour reprendre à leur compte le slogan d'un club qu'ils ne regardent plus du fin fond du classement.