Ligue 1 (7e journée) - Avant TFC-OM : avec leurs supporters, les Marseillais marchent sur des oeufs

Depuis son arrivée à Marseille, Michel ne se départit jamais de son large sourire charmeur. L'entraîneur espagnol joue parfaitement le jeu de la séduction, aussi bien avec les médias qu'avec les supporters de l'OM. Mardi, à la veille d'un déplacement à Toulouse, l'ancien milieu de terrain du Real Madrid est pourtant apparu beaucoup plus tendu qu'habituellement devant les journalistes, lors de la traditionnelle conférence de presse d'avant-match.

Les incidents de la rencontre OM-OL, qui ont provoqué l'interruption du match pendant 23 minutes, ont placé son club au cœur de la polémique. Une véritable affaire d'état dont se serait bien passé le coach olympien. Et qui a repoussé toutes les questions sur ce sujet pourtant brûlant. "Ce n'est pas à moi d'évoquer ce sujet, a botté en touche Michel. Il y a des dirigeants qui assument leurs responsabilités."

Si Michel ne s'est pas senti à l'aise sur le dossier de la sécurité autour de l'Olympico, c'est aussi parce qu'il a été interrogé sur le cas Mathieu Valbuena. La veille du choc face à Lyon, le nouvel entraîneur de l'OM avait abordé l'épineux sujet du retour d'un ancien joueur au bercail. "Il aura ce qu'il mérite, avait prédit Michel. On ne va pas non plus lui offrir des caramels ou des chocolats..." Rétrospectivement, ce discours a été perçu par certains comme ayant pu mettre le feu aux poudres. "C'était une blague, a précisé Michel, visiblement agacé de devoir revenir sur ses déclarations. J'espère que c'est clair pour tout le monde..."

Au-delà de cette crispation de l'entraîneur de l'OM, les joueurs semblent aussi perturbés par les problèmes de sécurité liés à certains de leurs supporters. Sur Twitter, Benjamin Mendy a dû préciser ses posts. "Grosse ambiance hier au Vélodrome, dit-il. Les supporters, on lâche rien !" Avant d'envoyer une nouvelle missive quelques minutes après, pour éviter toute forme de polémique : "Attention, je ne parle pas des jets de bouteilles et de fumigènes. Ce n'est pas ça l'ambiance. Ce sont les chants et la pression."

Même exercice de style pour Nicolas Nkoulou. "Je tiens à saluer la bonne ambiance malgré tout ce qu'il y a eu autour, dit-il. A Marseille, on a besoin de cette ferveur même si c'est allé un peu loin." Dans ces conditions, difficile pour les joueurs de louer l'attitude de leurs fans sans mentionner les brebis galeuses...

A l'heure où l'OM traque les fauteurs de trouble, les joueurs olympiens semblent bien embêtés pour évoquer leurs supporters. "Il faut remercier notre public qui a été fantastique, notait Abdelaziz Barrada après le nul face à Lyon avant de vite se reprendre. Mais je ne veux pas entrer dans la polémique. Marseille, on sait ce que c'est... Quand les supporters ne sont pas contents, ils font ce qui n'est pas bien de faire. Et ils jettent des projectiles sur le terrain." A cause de ses débordements, le club olympien risque de jouer un match à huis-clos. "On ne peut pas jouer sans nos supporters, s'inquiète Nkoulou. On aime Marseille pour son ambiance. Et parce ce que ça vit football."

Devant la polémique liée à la sécurité du stade Vélodrome, l'OM a décidé de remettre des filets de protection devant les deux virages. Et les fouilles à l'entrée seront renforcées. Des dispositifs censés empêcher le jet de cannettes en verre ou tout autre objet sur la pelouse. Car si de nouveaux incidents devaient survenir cette saison, ils pourraient éventuellement aboutir à des retraits de points, idée émise par le président de la Ligue, Frédéric Thiriez.

Cette perspective n'enchante guère Nkoulou qui voit tout même un moyen efficace de stopper ces débordements. "S'il faut aller jusqu'à retirer des points pour arriver à recadrer les choses... Ça ne fait jamais plaisir de perdre des points, mais ce n'est que du football, souligne le Camerounais. Et le football, c'est se faire plaisir et en donner."

Dans un contexte de grande tension autour du club, l'OM se rend à Toulouse escorté d'un drôle de sentiment. Ses supporters sont très présents, mais une partie d'entre-eux pourraient finalement pénaliser leur équipe. Les responsables des groupes de fans olympiens, qui doivent rencontrer la direction de l'OM cette semaine, ont commencé à appeler leurs adhérents au calme. Et Nkoulou veut croire que la sagesse l'emportera. "Les supporters sont assez grands, explique-t-il. Et ça parle assez... Ils ont forcément pris conscience de la gravité des événements." On l'espère tous.