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Ligue 1 - Avant PSG-ASM : Monaco, un dauphin contesté qui se sent persécuté

Didier Balayer

Publié 20/03/2016 à 10:28 GMT+1

LIGUE 1 - A l'image de Leonardo Jardim et de Danijel Subasic, les Monégasques estiment leur deuxième place injustement stigmatisée. Au point de tomber dans une certaine victimisation.

Leonardo Jardim, l'entraîneur de Monaco, aux côtés de son gardien Danijel Subasic - Ligue 1 2015-2016

Crédit: AFP

Ils avaient besoin de se retrouver. Seuls. Entre Hommes, et entre quatre murs. Avec la Grande Bleue comme horizon, joueurs, staff et quelques éminents dirigeants - les plus importants de l’ASM - se sont donc donné rendez-vous jeudi sur les hauteurs de la Principauté. A Eze, plus précisément. Ainsi, dans le cossu établissement cinq étoiles du Cap d’Estel, un espace leur avait été spécialement réservé pour un barbecue géant, organisé à trois jours de leur déplacement en terre capitale.
Le temps pour Vadim Vasilyev (directeur général), Claude Makelele (directeur technique), et Luis Campos (conseiller de la présidence) d’honorer leur engagement et de répondre positivement à l’appel lancé à quelques jours d’un match crucial. "Pour faire une bonne préparation mentale de ce match contre le PSG, on avait besoin de ça, glisse un témoin, présent au moment des réjouissances. L’esprit de groupe, c’est très important pour cet effectif. Ça va leur servir dans l’avenir. C’est fondamental."

Ces derniers jours, Leonardo Jardim a senti que son effectif avait besoin de fraîcheur avant d’aborder cette dernière ligne droite en Ligue 1. Une initiative censée resserrer les liens d’un groupe, dont la pauvreté du jeu est régulièrement stigmatisée par les médias et les supporters de l’ASM.
A juste titre ? Habituellement lucide, Danijel Subasic est dans le déni le plus absolu. "C’est vous (les journalistes) qui critiquez ! Moi, ça fait ma quatrième saison, ici à Monaco. J’ai fait premier en L2 (2013), deuxième en L1 (2014), et troisième la saison dernière (2015). Je ne sais pas pourquoi, mais vous nous critiquez toujours plus que les autres équipes. Pas de problème (ironique)... Mais c’est peut-être injuste."
A votre place, je parlerais toujours de Paris, Lyon, Marseille, Saint-Etienne pour vendre plus de journaux

"Que l’on parle peu de Monaco, on commence à avoir l’habitude, enchaîne Jardim. L’an dernier, alors qu’on a longtemps été engagé dans toutes les compétitions, on a seulement été en Une des journaux nationaux en quart de finale de Ligue des champions. Monaco, c’est une petite ville. On a des bons supporters, mais ils sont peu nombreux. Alors je me mets à votre place, vous, les médias. Et je parlerais toujours de Paris, Lyon, Marseille, Saint-Etienne pour vendre plus de journaux. C’est comme ça."

Mais le fait de l’avouer ne suffit pas, alors Subasic en remet une couche : "Tout le monde parle, et tout le monde dit qu’on ne mérite pas la deuxième place… Blablabla… Toujours pareil, s’exaspère l’international Croate. Mais ce n’est pas grave ! Moi, j’aime quand tout le monde est contre nous et qu’à la fin, on termine deuxièmes. Je préfère ça (sourires)."

Dans l’ambiance parano, Jardim pousse le bouchon encore plus loin : "L’an passé, les gens parlaient plus des autres que de nous. La qualité de jeu, c’est un prétexte. Si un jour, Monaco est en position de gagner le Championnat, dans un an ou dans cinq ans, vous verrez, on continuera à parler davantage des autres que de nous. C’est comme ça. Monaco n’est pas important pour le foot français."

Mais si Jardim se sent persécuté, c’est aussi parce qu’il ressent que toutes les composantes du club monégasque ne tirent pas tout à fait dans le même sens. Dans les bureaux du Stade Louis-II, l’ancien coach de l’Olympiakos sait qu’il y a quelques voix discordantes. Des divergences de point de vue dont il ne cesse de se plaindre en privé.

Toutefois, au-delà de cet aspect plutôt personnel, l’ancien de Braga peut compter sur les services du club pour se rallier à sa cause. Celle de paranoïa. Une mise en scène que l’on juge parfois excessive. La dernière en date, c’est cette communication au moment de la suspension de Nabil Dirar, ce dernier ayant été suspendu suite à un comportement inapproprié à l’égard d’un arbitre lors de la rencontre Monaco - Nice (1-0). Le 4 mars dernier, on pouvait lire ceci sur le site officiel de l’ASM :

Cette sanction lourde et excessive pour un joueur au comportement exemplaire à l’AS Monaco depuis cinq saisons, prive pour un mois supplémentaire encore le club d’un élément cadre dans la poursuite de ses objectifs (…) Enfin, l’AS Monaco tient à confirmer à tous que ces situations ne feront que renforcer sa détermination et motivation pour atteindre son objectif de rejouer dès la saison prochaine la Ligue des champions.
Une façon de dire que l’ensemble du football français se lie contre l’ASM et ses rêves de grandeur. Ce qui est peu fort de café tout de même, force est de le constater… Mais si ces explications sonnent faux, elles ont peut-être au moins le mérite de contaminer certains esprits dénués de lucidité.

En attendant, vendredi matin à la Turbie, Leonardo Jardim, qui se plaint régulièrement de l’arbitrage made in Ligue 1, était particulièrement chafouin au moment d’animer son point presse. A tel point qu’après l’échange "officiel", le natif du Venezuela a souhaité s’entretenir personnellement pendant une dizaine de minutes avec un journaliste, le tout sous les yeux de Luis Campos. Mécontent de certaines questions posées et du traitement médiatique qui lui est réservé, Jardim a visiblement perdu de son flegme, de sa "zen attitude". Mais il mène un combat qui semble perdu d’avance. Car au final, seule l’obtention de la deuxième place peut lui permettre de clore de façon définitive ce débat assez peu stimulant…

Didier BALAYER, à Monaco
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