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Ligue 1 - Pour eux, supporter le PSG est devenu un combat

Geoffrey Steines

Mis à jour 14/10/2015 à 18:43 GMT+2

LIGUE 1 - Indésirables au Parc des Princes ou dans les déplacements officiels, les supporters contestataires de la politique actuelle du PSG vis-à-vis de son public se mobilisent pour faire infléchir la position du club. Mais les dirigeants ne relâchent en aucun cas l’étreinte, de peur de voir ressurgir de vieux démons qui ne sont jamais loin.

Les supporters du PSG lors du déplacement à Reims (saison 2015-2016)

Crédit: Panoramic

Ils sont postés devant le Parc des Princes, quelques minutes avant le coup d’envoi de PSG-Guingamp. Ce 22 septembre, ils ne rentreront pas dans le stade pour assister à la facile victoire parisienne sur l’En Avant (3-0). Ils sont simplement venus pour distribuer des tracts aux spectateurs qui passent et les sensibiliser à la discrimination dont ils s’estiment victimes. Ils, ce sont les membres de l’ADAJIS (Association de Défense et d’Assistance Juridique des Intérêts des Supporters) ou d’autres proches de ce groupe qui milite ardemment pour la fin des restrictions au Parc. Pour eux, les principes du plan Leproux (placement aléatoire en virages, pas d’association de supporters) sont incompatibles avec un stade vivant. Mais leur combat reste vain, pour le moment.
Parmi eux, peu étaient actifs en virage au PSG avant 2010. "Les supporters contestataires d’aujourd’hui n’étaient pas les plus impliqués dans les associations d’alors, nous confirme Nicolas Hourcade, sociologue spécialiste des publics du football. A l’inverse, les cadres qui tenaient les virages du Parc sont très peu présents dans le mouvement." Ce qui pourrait apparaître comme un atout dans la manche de ces supporters s’est pourtant transformé en caillou dans leur chaussure. "Le PSG verrouille tout, de peur que cela crée un appel d’air et que d’anciens indésirables en profitent pour revenir aux affaires", nous explique Pierre Barthélémy, l’un des avocats de l’ADAJIS. Ce que l’émission "Enquêtes de Foot" de Canal+ avait montré dans un reportage consacré au PSG et à sa gestion de ses supporters en mars 2014.

Le PSG flirte avec la légalité

Ceux qui contestent la politique actuelle du club de la capitale vis-à-vis de son public ne sont pas les bienvenus dans son fonctionnement. Un positionnement radical, que les dirigeants parisiens assument pleinement. "En tant qu’organisateur d’un spectacle, nous avons le droit de choisir notre public, souffle-t-on au PSG. C’est exactement comme un restaurant ou une boîte de nuit. Si des gens restent à la marge des conditions d’accueil que nous proposons aujourd’hui, c’est leur choix. Mais on ne peut pas demander au club de faire des concessions par rapport à eux."
Quitte à flirter avec la légalité. La CNIL (Commission Nationale d’Informatique et Liberté) a mis en demeure le club à deux reprises (septembre 2013 et juin 2015), la faute à une "liste noire" de 2007 noms. Ces personnes étaient dans un premier temps exclues d’office de la billetterie, avant que des "prétextes plus ou moins vérifiés" (dixit Pierre Barthélémy) ne soient utilisés pour justifier l’annulation de leurs places achetées via le portail officiel. Porte-parole de l’ADAJIS et ancien de Liberté pour les Abonnés, groupe qui s’est auto-dissous en 2012 devant l’incapacité à dialoguer avec le PSG, James témoigne de ce qu’il a vécu. "Avant, mon billet était annulé à la source. Ensuite, j’étais bloqué à l’entrée du stade. Maintenant, on m’en fait sortir après que j’y sois entré, quand les stewards me reconnaissent. J’ai tenu 15 minutes la dernière fois."
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Les supporters du PSG en virage lors de PSG-OM (saison 2015-2016)

Crédit: Panoramic

Pierre Barthélémy dénonce "l’acharnement contre les leaders de l’ADAJIS". "Le PSG et les autorités font tout pour qu’ils commettent une erreur. Les dirigeants espèrent dégoûter les supporters contestataires, ils misent sur l’essoufflement du mouvement." Ils se trouvent dans l’incapacité de soutenir l’équipe fanion. A domicile, le club maîtrise complètement sa billetterie et n’hésite pas à filtrer parmi les acheteurs de billets. Les arrêtés préfectoraux se multiplient eux lors des déplacements pour limiter, voire interdire, la venue de supporters hors du parcage officiel, celui-là même où le PSG peut intervenir sur la vente des places.

Entre bonnes actions et vieux démons

Alors les supporters contestataires mènent des actions sur les matches des féminines ou des équipes de jeunes, où ils disposent parfois d'une certaine marge de manoeuvre. Mais là encore, tout n’est pas si facile, comme l’avait montré le quart de finale de Ligue des champions féminine entre le PSG et Glasgow au Parc des Princes la saison passée. "Pendant les matches à Charléty, nous avions même interdiction de circuler dans le quartier, enchaîne James. Les policiers nous escortaient loin des environs du stade." Un exemple parmi d’autres des restrictions de libertés dont ils peuvent être victimes.
Pour faire étalage de leur bonne volonté, les supporters contestataires s’appliquent à mettre de l’ambiance sans débordement lors de rencontres auxquelles ils ont accès. Les moins de 19 ans du PSG en ont notamment bénéficié lors de leur excellent parcours en Coupe Gambardella la saison passée. Avant leur élimination par Sochaux en demi-finale, les jeunes pousses parisiennes avaient sorti l’OM en quart, ce qui leur avait valu un accueil de rock star à leur retour dans la capitale. "Il faut sortir de l’image du supporter un peu extrême", assure James. Pour Nicolas Hourcade, "le mouvement ultra parisien n’est pas mort, il a encore des soubresauts".
A tel point que ses vieux démons ressurgissent parfois et enterrent tout espoir d’apaisement avec le PSG. Exemple à Reims le 19 septembre, où 14 supporters ayant fait le déplacement hors du parcage officiel ont été interpellés par les forces de l’ordre à la suite d’incidents s’étant produits dans le centre-ville avant le match. Qu'ils soient le fait de fans impliqués dans le mouvement de contestation ou pas, ces événements donnent de solides arguments aux dirigeants du PSG pour ne pas baisser la garde. "Ces gens-là militent fortement pour revenir au Parc, mais n’ont pas démontré qu’on pouvait leur faire confiance", lâche-t-on dans l’environnement du club. Aujourd’hui irréconciliables, les deux camps semblent pourtant nourrir un même objectif : que leur stade vibre à nouveau comme avant. Tout est une question de dialogue. Tant qu’il sera rompu, leur voeu commun restera pieux.
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