Jérémy Morel et Clément Grenier, les "infirmiers" lyonnais

Aligné en alternance avec Henri Bedimo dans le couloir gauche de la défense de l’OL depuis son arrivée l'été dernier, Jérémy Morel n'avait pas franchement marqué les esprits depuis. Ni vraiment bon, ni réellement catastrophique, l'ancien Marseillais traversait cette saison dans la quasi-indifférence générale. Jusqu'à ce qu'Hubert Fournier soit contraint de l'aligner dans l'axe à Nantes. Privé de Bisevac, Yanga-Mbiva et Umtiti, le technicien rhodanien avait dû bricoler une improbable charnière Koné-Morel au stade de la Beaujoire.

Une association qui avait contribué à conserver la cage lyonnaise inviolée (0-0), un "exploit" pour une équipe qui venait d'encaisser neuf buts lors des trois précédentes rencontres. De nouveau associé à Koné contre Angers (0-2), Morel avait tenu son rang, les deux buts encaissés sur coup de pied arrêtés étant imputables au Burkinabè. Et mercredi à Valence, il a encore été l'un des meilleurs Gones.

Ce fit une surprise pour tout le monde dans la mesure où le staff le considérait depuis le début uniquement comme un latéral gauche, en dépit de sa dernière bonne saison marseillaise dans l'axe d'une défense à trois.

Ce n'était pas facile de remplacer Samuel Umtiti, le meilleur joueur de champ de l'OL jusqu'à présent. Mais Jérémy Morel a su prendre le relai sans ciller grâce à une sérénité à toute épreuve. Toujours bien placé, calme et appliqué dans la relance, le numéro 15 de commet également très peu d'erreurs : huit fautes et deux cartons jaunes en quatorze journées de L1.

Présent vendredi en conférence de presse, il a également laissé transparaître une légèreté et une joie de vivre qui font cruellement défaut au vestiaire, notamment quand il a chambré Mapou Yanga-Mbiwa : "Il n’y a pas de problème d’intégration. Mapou a toujours l’impression qu’on ne l’aime pas mais on l’aime bien." A 31 ans, Morel apporte également son expérience à un groupe qui en a bien besoin.

Il ne faut pas se leurrer et il le sait : Samuel Umtiti reprendra son poste dès qu'il sera rétabli. Pourra-t-il dès lors glisser à droite de la charnière ? Si l'intéressé ne dirait pas non – "je jouerais attaquant si le coach me le demandait" – il paraît assez improbable qu'Hubert Fournier aligne une défense centrale à deux gauchers, d'autant plus lorsque cinq autres solutions existent (Mapou, Bisevac, Gonalons, Koné, Rose). A terme, l'ancien Lorientais viendra de nouveau concurrencer Bedimo dans le couloir gauche. Mais son excellent intérim dans l'axe devrait servir à lui donner plus de poids dans l'équipe et dans le vestiaire.

Après une saison 2014-2015 quasiment vierge (six matchs entre la 32ème et la 37ème journée), Clément Grenier s'était de nouveau gravement blessé cet été à la cuisse gauche en préparation. Entré en jeu contre Montpellier (2-4) et Angers (0-2), il n'avait pas pu endiguer les défaites lyonnaises mais s'était signalé par une qualité technique infiniment supérieure à la moyenne lyonnaise. Ce que sa prestation à Valence a confirmé : aligné dans le couloir gauche de l'attaque, "Clem" a été le leader technique de l'OL.

On vient de l'écrire : déjà sa technique irréprochable. Mais l'Ardéchois joue surtout plus rapidement vers l'avant que Mathieu Valbuena, auquel les Lyonnais reprochent sa tendance à multiplier les touches de balle. Avec Grenier, le foot est simple : contrôle, passe voire contrôle, crochet, passe. Ses coups de pied arrêtés font également peser une menace permanente sur la cage adverse. Formé au club, il est l'un des cadres du vestiaire, un statut qu'il peut de nouveau faire entendre, maintenant qu'il est enfin revenu sur les terrains.

S'il devrait encore être aligné à gauche à Paris, il sera sans doute appelé à prendre la place de Valbuena comme meneur de jeu contre Tours et à Ajaccio. Et après ? Viendra-t-il concurrencer Tolisso, Ferri et Darder pour une place de milieu relayeur ? Expédiera-t-il Valbuena un cran plus haut, en lui "piquant" son rôle de numéro 10 ? Un an et demi après avoir raté sur blessure la Coupe du monde 2014, Clément Grenier rêverait secrètement d'être l'invité surprise des Bleus pour l'Euro 2016. Un défi qu'il paraît à la mesure de relever. A condition que son corps tienne enfin bon...