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Pascal Dupraz (Toulouse) : "M'exprimer, vociférer, c'est mon exutoire"

Alexis Billebault

Publié 12/03/2016 à 01:36 GMT+1

LIGUE 1 - Victime d'un malaise il y a une semaine, Pascal Dupraz (53 ans) va beaucoup mieux, mais a promis de se ménager un peu. Samedi soir au Stadium, le Haut-Savoyard va diriger son premier match sur le banc de Toulouse, lors d'un derby de la dernière chance face aux Girondins de Bordeaux.

Pascal Dupraz

Crédit: AFP

Comment allez-vous, une semaine après votre malaise lors de l'entraînement précédent le match à Marseille (1-1, le 13 mars) ?
Je vais bien. J'ai passé beaucoup d'examens, j'ai des médicaments à prendre, mais je peux vous assurer que je suis en état d'exercer mon métier. S'il y avait eu le moindre doute, je n'aurais pas pris de risque. J'ai une famille… Simplement, je vais devoir m'accorder un peu plus de repos.
Est-ce possible quand on est entraîneur, un métier dépeint comme stressant ?
C'est stressant, c'est vrai, mais ce n'est pas le seul métier à l'être. Il est exact que nous sommes davantage jugés que d'autres. On doit encaisser les coups, entendre les critiques. Mais il y a aussi du bon stress. De toute manière, il faut vivre avec.
Vous n'êtes pas réputé pour être l'entraîneur le plus calme du sérail…
(Rires) Je vais peut-être un peu m'assagir avec l'âge. Je sais comme je suis : j'en ai discuté avec les cardiologues, lors de mon hospitalisation. M'exprimer, vociférer, bouger, c'est mon exutoire. Je ne peux pas être passif. Il faut que je conserve ma personnalité. Quelque part, j'admire les entraîneurs qui parviennent à rester stoïque sur leur banc. Mais peut-être bouillonnent-ils à l'intérieur…
Comment expliquez-vous votre malaise ?
J'ai vécu une année 2015 très difficile. J'ai perdu mon père. L'ETG a été reléguée en Ligue 2, et j'ai été licencié. Et dès ma nomination à Toulouse, je me suis pleinement investi. Je n'ai pas beaucoup dormi, car j'ai passé beaucoup de temps à regarder les matches du TFC depuis le début de la saison. Cela fait beaucoup de choses à digérer. Il est vrai qu'entre mon licenciement de l'Evian-Thonon-Gaillard en juillet dernier et mon arrivée à Toulouse, j'ai pris le temps de me reposer un peu, de me ressourcer, de voyager. J‘ai aussi collaboré avec Canal + et Europe 1, et je me suis régalé à travailler avec des journalistes, mais aussi avec les personnes qu'on ne voit pas. D'ailleurs, cette expérience dans les médias – que j'ai pu découvrir – m'a permis de m'apercevoir que les journalistes bossaient vraiment, et que nous, les entraîneurs, étions un peu paranos.
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Pascal Dupraz, le nouvel entraîneur de Toulouse

Crédit: AFP

La clope, c'est fini ?
Ah oui ! J'ai commencé à fumer juste après avoir fait un infarctus, alors que j'avais 39 ans. J'avais trouvé cela tellement injuste pour quelqu'un qui menait une vie d'ascète et qui ne faisait jamais d'excès que j'avais dit à mon médecin que j'allais m'accorder une cigarette de temps en temps et un verre de vin à l'occasion. Le problème, c'est que j'ai fumé plus que prévu. Donc, désormais, la clope, c'est bel et bien terminé.
Vous avez accepté de vous engager avec le TFC, que tout le monde ou presque envoie en Ligue 2…
L'année dernière, après mon licenciement de l'ETG, j'ai eu quelques propositions. D'autres sont arrivées un peu plus tard, de France et de l'étranger. Il y avait des rumeurs, également… Je m'étais fixé une limite : si je devais reprendre un club en cours de saison, ça ne pouvait être qu'en Ligue 1. Je ne l'aurais pas fait avec une formation de Ligue 2. Même si le terrain me manquait. Alors, quand M. Olivier Sadran m'a contacté et a souhaité me rencontrer, je n'ai pas hésité. J'étais parfaitement au courant de la situation sportive de l'équipe, mais je considérais – et je considère toujours – qu'il y a un espoir de maintien. J'y crois, et avec les joueurs, nous allons tout faire pour y parvenir. Et si les chiffres nous rattrapent et nous envoient en Ligue 2, on assumera.
Vous avez la réputation d'avoir beaucoup de caractère. Olivier Sadran également…
Tant mieux. D'abord, je voulais juste dire que le président a été très classe pendant mes ennuis de santé. Il m'a surtout dit de bien me reposer, de prendre le temps nécessaire. Que le club comptait sur moi. Des paroles qui m'ont beaucoup touché. Tout le monde ne l'aurait pas fait. Pour répondre à votre question, je suis ravi de travailler avec Olivier Sadran. Lors de mes discussions avec lui, j'ai eu l'impression d'avoir mon pendant en face de moi. Il est cash, il dit les choses, il a du caractère. Le courant est tout de suite bien passé. Et puis, même si le club traverse une période compliquée, il ne faut pas perdre de vue que le TFC est sain, bien structuré et que beaucoup de choses ont été faites. Moi, même si je ne suis pas un homme de coups mais plutôt un homme de projets, j'arrive avec une première mission, celle de réussir à nous maintenir.
Mais comment y parvenir ?
Nous avons neuf points de retard sur Guingamp, le premier nous relégable. Il faut commencer par gagner ce match face à Bordeaux samedi (20 h 00). Il faut faire une série. Sochaux, il y a deux ans, avait 25 points au bout de 29 journées. Et les Sochaliens avaient joué le maintien lors de l'ultime rencontre face à l'ETG (0-3). Un jour, une équipe qui compte 23, 24 ou 25 points à neuf journées de la fin se sauvera, car les statistiques sont également faites pour être bousculées. Et nous, nous allons tout donner pour y parvenir.
Le bon match réalisé à Marseille (1-1) - où certes à peu près tout le monde prend des points – est-il porteur d'espoirs ? Même si le TFC a encore été rejoint après avoir mené au score…
Oui, car l'équipe a vraiment fait un bon match. Il y avait de l'envie, de la détermination. C'est bien la preuve que les joueurs y croient, qu'il n'y a pas de fatalisme. Toulouse aurait pu gagner. Marseille aussi. C'était un match un peu débridé, avec beaucoup d'occasions de part et d'autre. Maintenant, il est vrai que Toulouse ne parvient pas à conserver un score. Cela veut dire qu'il faut mieux défendre, davantage se concentrer. On ne pourra plus se permettre de laisser filer des points. Et puis, je compte sur tout le monde. Je suis un rassembleur.
A Marseille, Etienne Didot était titulaire, ce qui ne lui est pas arrivé si souvent cette saison, et Pantxi Sirieix a joué ses premières minutes de la saison…
Dans notre situation, nous avons besoin de joueurs d'expérience. Personne n'est borduré…
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