Avant Bordeaux-OM : comment Michel a musclé son coaching

Depuis son arrivée à Marseille, Michel a soigné son image. Look irréprochable, sourire ultra-bright, communication en ligne avec sa direction : l'ancien meneur de jeu du Real Madrid s'est évertué à ne prendre personne à contre-pied à l'OM. Cette vision extérieure laisse finalement apparaître la face lisse, voire ennuyeuse, du personnage. Les suiveurs de l'OM en viennent presque à regretter le côté incontrôlable de son prédécesseur, Marcelo Bielsa, capable de mettre le club dans un état d'urgence permanent. S'il apparaît le plus souvent très policé face aux médias, le technicien espagnol ne se prive pourtant pas de lâcher quelques piques à l'endroit de ses joueurs. C'est alors l'autre face de Michel, plus rebelle, que l'on découvre.

Vendredi, Benjamin Mendy a pu se rendre compte que Michel savait distiller quelques tacles en public. Le latéral gauche de l'OM, complètement à côté de ses crampons depuis plusieurs semaines, a essuyé les critiques virulentes de son coach. "C'est à cause de lui que j'ai des cheveux blancs, s'emportait notamment l'entraîneur marseillais, citant l'ensemble des faits reprochés à son défenseur pendant de longues minutes. S'il se rendait compte de tous les dommages qu'il cause à l'équipe en raison de son irresponsabilité..." Les mots sont savamment choisis, portant à chaque fois un coup différent à son joueur. "Il faut qu'il soit plus impliqué, poursuivait-il. Il nous répond tout le temps 'oui, oui'. Il ne doit plus prendre ça à la rigolade..."

Si Michel a souhaité recadrer Mendy en public, c'est parce qu'il pense que le travail réalisé en interne n'a pas été compris par l'ancien Havrais. Tous les jours, l'entraîneur de l'OM s'évertue pourtant à pousser son défenseur international à se rendre compte qu'il n'évolue pas à son niveau. "Ce n'est pas en équipe de France Espoirs qu'il devrait jouer mais bien en A", lançait-il, cherchant à toucher l'orgueil de son joueur. Remué à l'entraînement, Mendy l'a aussi été en match, prenant place sur le banc de touche face à Montpellier il y a dix jours. Mais la prise de conscience n'a pas (encore) eu lieu. Michel a donc décidé de mettre en place la dernière partie de sa méthode de management : la remise en cause du joueur devant la presse.

Pour bien saisir la stratégie de Michel, il ne faut pas s'arrêter à la gestion du cas Mendy. Avant lui, d'autres joueurs ont subi les foudres de l'entraîneur espagnol, capable de perdre son large sourire au profit d'une mine beaucoup plus renfrognée quand la situation l'impose. Brice Dja Djédjé a déjà fait les frais de la colère de Michel. Homme de base du système articulé en 3-3-3-1 de Marcelo Bielsa la saison dernière, le défenseur ivoirien a disparu des radars en début de saison. Il fut même écarté du groupe par Michel lors d'un déplacement à Lille, fin octobre.

Ne comprenant pas le comportement de Dja Djédjé à l'entraînement, Michel a plusieurs fois pris à partie son joueur devant l'ensemble du groupe. Il lui reprochait alors son manque d'engagement et, surtout, son surpoids évident. Face à ces attaques directes, l'ancien défenseur d'Evian-Thonon-Gaillard a fini par changer drastiquement son... alimentation. "J'avais pris du poids mais pas énormément, plaisantait récemment le principal intéressé. Je ne faisais plus trop attention à ce que je mangeais. Ensuite, je me suis remis au boulot. Et j'ai perdu 4 ou 5 kilos. Ça m'a fait vraiment du bien. J'ai fait un entraînement en parallèle de ceux de l'OM pour retrouver mon meilleur niveau. Je fais attention à tout ce que je fais pour être au top."

Conscient des efforts fournis, Michel a félicité son joueur, en privé, puis devant la presse. "C'est un véritable exemple", lâchait l'entraîneur de l'OM, envoyant ainsi un message clair au reste du groupe. Le travail a payé puisque Dja Djédjé a retrouvé une place de titulaire au sein du onze olympien. Cette manière de manier le bâton et la carotte, Michel l'avait déjà laissé poindre avant le clasico PSG-OM. "Certains joueurs choisissent leur match", avait-il expliqué fustigeant la mentalité française consistant par exemple à négliger les rencontres de Ligue Europa. Dja Djédjé faisait déjà partie des joueurs visés à l'époque...

Une fois le message enregistré, Michel n'hésite pas à valoriser son joueur. C'est le cas pour Dja Djédjé. Ça l'est aussi pour d'autres éléments du groupe comme Mauricio Isla, redevenu titulaire depuis peu. L'ancien coach de l'Olympiakos passe alors en revue les cas d'autres joueurs dont le rendement s'avère insuffisant. En difficulté, Karim Rekik est actuellement dans la ligne de mire. Sans le citer nommément, Michel évoque des erreurs individuelles qui plombent le reste de l'équipe. Il fait notamment allusion au tacle non maîtrisé face à Montpellier qui a abouti au premier but des Héraultais.

En montant crescendo dans les reproches adressés à ses joueurs, Michel souhaite appliquer une méthode de management la plus lisible possible. Cette stratégie le conduit à ne plus protéger ses hommes quand les circonstances le demandent. Il se démarque ainsi clairement de Marcelo Bielsa. El Loco ne pointait jamais publiquement les erreurs de ses hommes. Aux joueurs de l'OM à s'adapter à cette nouvelle politique pour garder la confiance de leur coach.