Rennes - Gazelec Ajaccio : Gourcuff, Roazhon Park, C1... Les 6 défis de Courbis à Rennes

C'est la mission première du nouvel homme fort du Stade Rennais et c'est ce qui a coûté sa place à Philippe Montanier. Rennes doit faire sa loi sur ses terres. Depuis le 10 août, les Bretons ont aligné 10 matches sans la moindre victoire au Roazhon Park (5 nuls et 5 défaites, 10 buts marqués, 19 encaissés). Une série qui plombe le bilan global et a coûté les deux Coupes nationales. Seul Troyes fait pire à domicile. Dans ces conditions, difficile d'imaginer une fin de saison exaltante.

Souvenez-vous du projet de jeu de Philippe Montanier. Deux ans et demi pour, finalement, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Le Stade Rennais a manqué d'éclat alors que l'ancien coach de la Real Sociedad devait apporter son esprit offensif et son empreinte technique. Confronté aux coffres-forts de L1, Montanier et ses belles intentions ont plié. C'est avant tout parce que Rennes n'a pas tenu ses promesses que l'ancien gardien de but a été prié de faire ses bagages. Sa frilosité, symbolisée par son milieu de terrain Fernandes-Doucouré-Sylla (5 matches perdus avec ce trio sur les 6 défaites de la saison), lui a été fatale. Courbis doit redonner du souffle et de l'éclat au SRFC. Il n'a jamais été réputé pour l'audace de ses compositions tactiques et ce ne sera pas le plus évident de ses challenges.

Juan Fernando Quintero, Yoann Goucuff, Paul-Georges Ntep, Ousmane Dembele, Jeremie Boga : Rolland Courbis est tombé sur une mine d'or. Ajoutez à cela Abdoulaye Doucouré et Giovanni Sio (5 buts, 4 passes décisives) et vous comprendrez que le nouveau coach du SRFC va avoir l'embarras du choix pour construire son animation offensive. Il a été reproché à Montanier de ne pas avoir assez fait confiance à Quintero. Dès sa première conférence de presse, Courbis a mis les points sur les i, glissant au passage un tacle appuyé à son prédécesseur : "Que Quintero démarre, ça me paraît une évidence." Il devrait animer son attaque autour de cinq hommes : Quintero, Gourcuff, Ntep, Dembele et Sio. "Giovanni démarrera le match aussi", a confié Courbis.

Gourcuff, c'est bien plus qu'un meneur de jeu, aussi talentueux soit-il. Pour les supporters bretons, l'enfant du pays est celui qui peut faire passer le SRFC dans une autre dimension. Pour ses dirigeants, il peut être la tête de gondole qui incarne le nouveau Rennes, celui qui peut jouer dans la cours des grands. Courbis apprécie particulièrement l'ancien Lyonnais et avait tenté de le faire venir à Montpellier l'été dernier. Il a déjà prévenu qu'il pourrait le faire reculer au poste de relayeur : " Le retour de Yoann sera un retour important, pour petit à petit le mettre en forme, et l’utiliser à un poste différent." L'enjeu pour Courbis sera de le séduire pour le convaincre de rester à Rennes au-delà de la fin de son contrat en juin.

Rennes souffre de sa réputation : une équipe de séries qui ne va jamais au bout de ses idées. Par manque de caractère parfois. Les Bretons butent régulièrement sur la dernière marche et cultivent une forme de complexe qui les empêche de viser plus haut. Avec son charisme et son vécu, Courbis doit amener à Rennes ce supplément d'âme qui a si souvent fait défaut à un groupe où les leaders sont rares (Armand). Les Rouge et Noir doivent se trouver une nouvelle personnalité, une nouvelle identité et se défaire d'une étiquette qui bouche leurs horizons.

C'est l'objectif que s'est fixé Courbis dès sa prise de fonction. "Je n'ai pas l'impression verbalement de faire un exploit en disant: et pourquoi pas la deuxième place?", a-t-il dévoilé lors d'une conférence de presse jeudi. "La deuxième place est possible pour Rennes, puisque la première est impossible, c'est arithmétique." Courbis ne muscle pas les ambitions bretonnes par hasard. L'OM et l'OL ne sont pas au meilleur de leur forme et il y a une place à prendre. Ce serait une grande première pour Rennes et sans doute la plus grande réussite de son histoire.