Entraîner l'OM, c'est compliqué… Pour Passi, c'est bien plus que ça

En ce début de vendredi après-midi, Franck Passi a chaud. Très chaud. Ce n'est pas la clim' de la salle de presse de la Commanderie qui est mal réglée. Ce sont plutôt les caméras et les micros tendus vers lui qui provoquent ses grosses suées. Depuis le début de la saison, la pression est énorme sur les épaules du coach olympien. Nommé entraîneur principal de l'OM en fin de saison dernière, l'ancien adjoint d'Elie Baup, José Anigo, Marcelo Bielsa et Michel est devenu l'homme le plus critiqué de la cité phocéenne. Mais il savait à quoi s'attendre. "Je connais trop le club", sourit-il quand on aborde avec lui le sujet de son nouveau poste à Marseille. Son temps est compté. Il le sait. Mais Passi aime se mettre en danger.

Surnommé M.Bricolage par certains éducateurs du club olympien, Passi passe pour un entraîneur constamment obligé de composer avec un effectif peu qualitatif. "Quand on voit les joueurs qu'il a sous la main et les gars qui étaient dans l'équipe de Marcelo Bielsa, c'est le jour et la nuit, souffle un habitué de la Commanderie. C'est difficile de faire mieux avec le matériel dont il dispose. Pourtant, il se fait quand même allumer…" Seulement treizième de la Ligue 1 après sept journées, l'OM peine en ce début de saison. Le fond de jeu n'est pas encore très bien établi. Et Passi a du mal à justifier ses derniers choix tactiques, notamment lors de la défaite à Rennes (3-2).

Habitué à prendre des coups, Passi ne s'avoue pas vaincu. Il croit même en un sursaut assez rapide. "On est confiant, n'hésite pas à lancer l'entraîneur olympien. Car on a une équipe qui fait des bonnes choses. Il faut s'appuyer sur les 86 minutes à Nice et les 88 minutes à Rennes pour essayer de faire un bon match à Angers." Toujours battu dans les dernières minutes de jeu à l'extérieur, l'OM va devoir proposer autre chose pour éviter à son coach des lendemains difficiles. Car à Marseille, la fin de l'histoire entre le club et ses entraîneurs se termine toujours mal depuis plusieurs années.

Durant les dix ans qu'il a déjà passés à l'OM, Passi a pu se rendre compte de la difficulté de diriger l'équipe première. Sous l'ère Labrune, les relations ont toujours fini par se tendre entre les entraîneurs et leur président. Didier Deschamps et Marcelo Bielsa peuvent le confirmer… Si ces deux grands noms du football international ont fini par jeter l'éponge, ce n'est pas un hasard. Usés par l'environnement ou fatigués par les histoires de leur président, ils n'ont pas pu faire grandir le club comme ils le souhaitaient. Aujourd'hui, Passi n'a pas les mêmes problèmes. Dans l'attente que l'OM soit officiellement revendu à Frank McCourt, l'entraîneur olympien joue les intérimaires. Il n'a pas vraiment de relation avec l'actuel président, Giovanni Ciccolunghi, en instance de départ. Et n'a pas pu encore discuter avec Jacques-Henri Eyraud, le futur dirigeant de l'OM.

Consciente qu'elle doit frapper un grand coup pour montrer ses ambitions, la nouvelle direction olympienne envisage de recruter du "très lourd" au poste d'entraîneur. Passi sait qu'il ne restera pas longtemps sur son trône actuel. Car l'équipe McCourt estime qu'il faut un coach de la trempe de… Marcelo Bielsa pour réussir à Marseille. Depuis son départ, "El Loco" n'a jamais vraiment quitté l'esprit des supporters. Ils lui vouent un culte particulier. Et chaque rumeur l'envoyant de nouveau sur le banc de l'OM enflamme les réseaux sociaux. "Bielsa a gardé une image incroyable, explique l'un des responsables d'un grand groupe de supporters du Virage Nord. S'il revient, McCourt aura vraiment montré qu'il veut refaire vibrer tout le monde !"

Un retour de Bielsa suffirait à relancer la ferveur, perdue depuis que l'Argentin a démissionné il y a un peu plus d'un an. D'ici-là, Passi n'a pas fini de transpirer. Mais l'entraîneur olympien essaye tout de même de rester zen. "Je dors très bien, explique-t-il. Car j'ai confiance en mes joueurs. Je me dis que les lendemains vont être meilleurs. On n'a pas à changer grand-chose pour faire revenir les supporters au stade." Ça passe déjà par un bon résultat à Angers…