Gourcuff, le long et frustrant combat pour se rapprocher du vrai Gourcuff

C'est un joueur à part. Et pas seulement en raison de son talent. Yoann Gourcuff se différencie aussi du commun des footballeurs pour le long combat qu’il doit mener avec son corps. Quand on l'écoute, on s'aperçoit qu'il a encore quelques rounds à disputer et de la difficulté à aller au bout. Il joue pourtant plus régulièrement cette saison. Vendredi, il a même marqué le but de la victoire de Rennes face à Toulouse (1-0) pour son troisième match de rang en tant que titulaire. Mais il n'a pas encore atteint le bout du tunnel. "Je suis encore loin d’être à mon maximum, a-t-il avoué dimanche. Souvent, c’est frustrant d’avoir un physique qui me limite dans mon expression sur le terrain."

Sur les réseaux sociaux, l'ancien Lyonnais est d’ailleurs devenu la cible de beaucoup de moqueries. Comme pour Abou Diaby, ses blessures à répétitions, ses nombreuses absences en amusent plus d'un. A Rennes où il a retrouvé un cocon idéal pour travailler sereinement, il essaye de faire taire les critiques et de relancer définitivement sa carrière. Actuellement, il enchaîne d’ailleurs les rencontres. Pour un joueur professionnel lambda, ce serait anodin. Pour Yoann Gourcuff – qui n'avait pas disputé deux matches de rang avec 90 minutes de temps de jeu lors des deux dernières saisons -, c'est à saluer. Mais voilà, le chemin est encore long.

Dimanche, le meneur de jeu breton a joué cartes sur table, comme il a l'habitude de le faire devant les micros. Sa conférence de presse a permis de se rendre compte de la difficulté de son retour au premier plan. Et de la frustration que cela génère. "Des fois j'aimerais donner plus, faire plus de choses sur le terrain", avoue-t-il dans des propos rapportés par Ouest-France. Encore fragile, il ne peut pas encore tout faire. Il manque de puissance, "de force d’appui". "J'ai un déficit de vitesse. Sans le ballon et même avec. Pour l'instant, je ne suis pas en capacité de percuter balle au pied", concède-t-il encore.

Loin d'être le vrai Yoann Gourcuff, il se préserve. Encore et toujours. Le risque de rechuter plane au-dessus de sa tête comme une épée de Damoclès. Alors, il prend son mal en patience. Et se contente de faire ce qu'il peut pour aider l'équipe. "Les actions individuelles, les percussions, pour l’instant, ce n’est pas possible pour moi. J'ai perdu pas mal de vitesse, qui m'empêche de provoquer balle au pied. Donc, pour l’instant, je suis plus un relais pour mes partenaires".

Un rôle minimaliste pour un joueur qui avait rayonné sur la L1 avec Bordeaux. Mais s'il ne peut pas tout donner, Yoann Gourcuff reste cependant déterminant au Stade Rennais. Dans un rôle de neuf et demi derrière l'attaquant, l'international français, qui ne frappe pas encore les coups de pied arrêtés, a une vraie influence dans l'animation des Rouge et Noir. Quand il est en jambes, Rennes développe un jeu plus alléchant. Mais l’inverse est aussi vrai. Vendredi, il n'a ainsi pas rayonné après son but. Et cela s'est vu.

Pour le Stade Rennais - ravi de récupérer un tel talent même avec ces contraintes -, son cas est aussi particulier à gérer. Depuis son retour en Bretagne, il a droit à une vigilance de tous les instants. Et son père, Christian, doit également gérer ses présences et ses absences. Mardi face à Lorient, il pourrait d’ailleurs encore être forfait. "On verra comment je vais récupérer, on verra avec le staff, j'ai aussi reçu un coup derrière le genou", explique-t-il comme pour rappeler que la bataille avec son corps n'est pas encore gagnée.