Ligue 1 - PSG - Matuidi, Rabiot ou les deux : une équation délicate pour Emery

Blaise Matuidi n'avait jamais vécu ça. Débuter un match face à l'OM sur le banc des remplaçants, cela ne lui était jamais arrivé depuis qu'il porte les couleurs du PSG. Dimanche dernier, c'était une première pour l'international français, lui qui fait figure de cadre du club parisien après plus de cinq ans passés dans la capitale. Unai Emery lui a préféré Adrien Rabiot au coup d'envoi de ce choc face au grand rival. Ce n'est pas un événement anodin. Si cela ne signifie pas que Matuidi n'est plus incontournable au PSG, cela confirme que Rabiot le devient de plus en plus. Match après match.

Les deux hommes semblent de plus en plus destinés à une lutte à distance pour une place dans le onze parisien. Principalement, parce qu'ils ont le même poste de prédilection dans le système en 4-3-3 actuellement utilisé par Emery. Dans cette configuration, Matuidi et Rabiot se disputent le rôle de relayeur sur le côté gauche. Pour l'entraîneur parisien, le choix est délicat. Car les deux joueurs n'ont pas tout à fait le même registre, et peuvent chacun apporter des qualités précieuses pour le collectif parisien.

Motta-Verratti-Matuidi, c'était l'immuable trio aligné par Laurent Blanc au milieu durant ses trois saisons dans la capitale. ll a prouvé sa qualité et sa complémentarité durant cette période, et Emery est revenu à cette triplette après la défaite subie à Toulouse (2-0). Sous la pression des cadres du vestiaire parisien, au moins en partie. L'Espagnol, dont la nomination appelle un changement d'ère à Paris, s'est rapidement heurté à l'ordre établi. Sa démarche de sortir Matuidi du onze de départ au profit de Rabiot pour le choc face à l'OM est d'autant plus intéressante.

Car Rabiot fait justement partie de ces joueurs qui incarnent ce changement d'ère voulu par la direction parisienne, au même titre qu'Alphonse Areola. Il est jeune (21 ans), il est formé au club, il revendique d'en devenir l'un de ses éléments fondamentaux dans les années à venir, et ses performances depuis le début de la saison vont dans ce sens. Enlever Matuidi de l'entrejeu pour y mettre Rabiot, ça revient un peu à sortir le PSG d'une zone de confort dans laquelle il s'était installé sous l'ère Laurent Blanc. Ce n'est pas sans risque. Mais le changement passe certainement par là.

Matuidi et Rabiot ont quelques atouts similaires. Notamment leur impact physique dans les duels et leur volume de jeu. Mais ce sont deux joueurs très différents, et le match face à l'OM a plutôt bien résumé cela. Matuidi a donné tout ce qu'il manquait au PSG à son entrée en jeu : de la projection vers la surface. Cette capacité à apporter le surnombre en phase offensive, et apporter le danger en venant de l'arrière, a toujours été l'une des grandes forces de l'ancien Stéphanois. Et un atout précieux pour le PSG.

Rabiot n'a pas (encore ?) montré cette qualité. Mais il en a d'autres. Sa palette technique est plus complète que celle de Matuidi. Cela se traduit notamment par un registre plus large dans la passe, en particulier dans le jeu long. Il y a plus de créativité dans le jeu de Rabiot, qui possède aussi une meilleure frappe de balle. Il se projette moins dans la surface que Matuidi, mais il est plus redoutable aux abords de la zone de vérité. En cela, il offre des perspectives différentes dans l'animation offensive. Et tout aussi intéressantes.

Matuidi et Rabiot peuvent très bien être alignés ensemble. C'est parfois arrivé au PSG. Dans cette configuration, Matuidi conserve son poste de relayeur gauche, et Rabiot est son alter-ego sur le côté droit. Ils ont des qualités assez complémentaires pour constituer un duo compétitif. Dans le cadre d'un 4-3-3, la question est de savoir quel est le meilleur élément pour compléter le trio. Et c'est justement ce qui semble boucher un peu la perspective de voir cette association plus souvent à l'œuvre sur le terrain.

Si Matuidi et Rabiot sont régulièrement en lutte pour une place au milieu, c'est surtout parce que le duo Motta-Verratti, garant du jeu de possession du PSG depuis plusieurs saisons, reste difficile à briser. L'alchimie entre les deux internationaux italiens est indéniable, et elle constitue encore l'une des forces du PSG aujourd'hui. Cela s'était notamment vérifié lors de la victoire face à Bordeaux (2-0), qui reste certainement à ce jour le match le plus abouti des Parisiens depuis le début de l'ère Emery.

Privé de Motta face à Bâle (3-0), l'Espagnol a tenté un trio Verratti-Rabiot-Matuidi qui n'a pas totalement donné satisfaction. Aucun de ces trois éléments n'a paru en mesure de pouvoir exprimer pleinement ses qualités dans un rôle de sentinelle, et c'est ce qui a limité l'efficacité de cette triplette. Pourtant, c'est certainement celle qui a le plus de potentiel parmi les configurations où Rabiot et Matuidi peuvent être alignés ensemble dans un schéma en 4-3-3. Il appartiendra à Emery de renouveler cette association. Sans quoi Matuidi et Rabiot continueront se disputer un fauteuil pour deux.