OL : Diakhaby, la surprise du chef

Contre Séville, l’envoi en tribunes de Nicolas Nkoulou et la titularisation de Mouctar Diakhaby n’ont pas ému grand monde, preuve que tout va très vite dans le football. Car qui aurait pu sérieusement imaginer un tel scénario l’été dernier ? Orphelin de Samuel Umtiti, l’Olympique Lyonnais avait vite réagi en enrôlant Nicolas Nkoulou, en fin de contrat à l’OM. Seulement, depuis son arrivée, le Camerounais ne s’est fait remarquer que par son manque d’impact et de vitesse, probablement causée par un genou toujours récalcitrant.

Plus apparu en Ligue 1 depuis la dixième journée et le fiasco devant Guingamp (1-3) le 22 octobre, l'ancien marseillais a laissé sa place à Mouctar Diakhaby, qui fêtera seulement ses 20 ans le 19 décembre. "Il dispute sa quatrième saison à l'OL, témoigne Stéphane Roche, le directeur du centre de formation. Quand il est arrivé, on a su au bout de dix minutes qu'on allait le prendre. Pourquoi? Grâce à sa technique, sa puissance et à son intelligence dans les prises de décision".

D’abord associé à Emmanuel Mammana, ce grand gaillard d’1,92m fait désormais équipe en charnière avec Mapou Yanga-Mbiwa, qui a profité de la blessure de l’Argentin pour revenir dans le jeu. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Diakhaby a su saisir sa chance. A tel point que le jeune homme s’est fendu d’une déclaration un brin prétentieuse dans les colonnes de 20 minutes : "Je pensais que la Ligue 1 était encore plus dure que ça et en fait, le niveau n’est pas si exceptionnel". Le club n’a pas vraiment aimé cette maladresse et Mouctar a depuis été invité à éviter les micros.

Ses certitudes, c’est sur les pelouses de Ligue 1 et de Ligue des Champions que cet ancien international U20 et U19 est invité à les exprimer. Une promotion express pour celui qui n’était au début de l’année 2016 que le septième ( !) défenseur central de l’effectif rhôdanien derrière Umtiti, Mapou, Koné, Bisevac, Rose et Morel. Excellent la saison passée en Youth League, où l’OL avait pâti de son absence en huitième de finale contre l’Ajax (0-3), Mouctar Diakhaby a prolongé en février dernier jusqu’en juin 2019.

Cet été, il avait été invité à prendre part à la préparation du groupe professionnel. A Tignes, Bruno Genesio l'avait chambré dès le premier réveil musculaire que le défenseur avait terminé exténué. A l'époque, il paraissait avoir peu de chances de grappiller du temps de jeu. "Je ne l’attendais pas au si haut niveau si tôt, je suis assez bluffé par ses prestations, avoue Rachid Ghezzal. La saison passée, on ne l’avait pas vraiment vu dans le groupe professionnel. Il a su d’autant plus vite s’adapter que la rigueur à son poste est beaucoup plus élevée en L1 que chez les amateurs."

Bruno Genesio, lui, est nettement moins surpris : "Je connaissais son potentiel. Il prend confiance, il a encore une marge de progression importante. Enchainer les matchs lui fait le plus grand bien. A lui de garder suffisamment de lucidité et de recul par rapport aux louanges pour rester bien concentré sur son jeu et continuer à travailler." Notamment dans les relances, ce qui pourrait sembler étonnant alors qu'il a longtemps joué au milieu de terrain : "On l'utilisait en défense centrale et en milieu axial, précise Stéphane Roche. Au milieu, il est surtout capable de perforer. D'ailleurs contre Séville, on l'a même vu à un moment ailier gauche!"

Puissant dans les duels, le protégé de l’ancienne gloire lyonnaise Fleury Di Nallo fait même peur à…ses coéquipiers ! ‘’A l’entraînement, je ne vais pas beaucoup au contact avec lui, rigole Rachid Ghezzal. Avec son gros 47, il fait mal aux pieds."’ Il fait surtout mal à la concurrence : "Je pense qu’il peut tenir, valide Bruno Genesio. Même si on a d’autres joueurs capables de prendre la suite s’il faut faire souffler Mouctar." "S’il faut faire souffler Mouctar", la formulation de l’entraîneur lyonnais est limpide : le titulaire, c’est Diakhaby.