OM : Le bilan de l'ère Louis-Dreyfus s'avère d'une tristesse infinie

Les émotions sont comme les paroles. Elles ont tendance à s'envoler avec le temps. Pas les plus belles, il est vrai. Mais les autres, toutes les autres, s'oublient à mesure que les jours, les mois et les années s'écoulent. A l'arrivée, il ne reste bien souvent que les écrits, que ce qui est gravé dans le marbre. En football, c'est un peu pareil. Hormis les moments d'éternité ou d'extrême détresse, on ne garde que les titres. L'Olympique de Marseille, qui vient de refermer deux décennies de règne de la famille Louis-Dreyfus, fonce avec gourmandise vers Frank McCourt en espérant vivre le rêve américain après avoir traversé le désert.

Quand RLD a mis la main sur l'OM, en décembre 1996, le club venait de remonter en Ligue 1 et pointait à la 13e place du championnat. Lundi, sa veuve l'a abandonné à la 12e place. Entre ces deux dates, il s'est passé beaucoup de choses dans les couloirs, plus que dans la salle des trophées qui a pris la poussière jusqu'en 2010. Si l'on excepte, bien évidemment, la Coupe Intertoto glanée en 2005. Mais personne ne nous en voudra de l'omettre au moment de faire le décompte des titres remportés par l'OM entre 1996 et 2016.

C'est évidemment une misère pour un club qui ambitionnait de devenir le "Bayern du Sud", dixit RLD, et qui n'a même pas réussi à ressembler de près, comme de loin, à Dortmund, comme en rêvait Vincent Labrune. Glaner un seul des vingt titres de champion de France mis en jeu sous l'ère Louis-Dreyfus lorsqu'on s'appelle l'OM et ne pas faire mieux que des clubs rarement (Lille) ou jamais (Lens, Montpellier) invités à ce type d'agapes restera comme un échec majeur. Si l'épilogue de la saison 1998/1999 garde un fort goût d'amertume aux yeux des supporters olympiens, ce seul succès n'aurait pas donné bien plus d'éclat à la double décennie LD.

Surtout, ces six titres remportés entre 2010 et 2012 marquent clairement l'échec d'une "stratégie" qui aura vogué de président en président, d'entraineur en entraineur, jusqu'à même faire revenir le "boss", Bernard Tapie, dans une position assez improbable : celle de directeur sportif. C'était en 2001 et cette tentative n'avait pas plus fonctionné que les autres. C'est un autre retour, celui de Didier Deschamps qui a redonné du lustre à cet OM. Malheureusement, RLD n'a pu le voir de ses propres yeux.

Finalement, et hormis deux finales de Coupe de l'UEFA perdues en 1999 et 2004, l'OM aura connu sa meilleure période lors de la seconde moitié des années 2000 quand le club phocéen a accroché le podium tous les ans, et ceci durant cinq exercices de suite. Une période dorée, rémunératrice financièrement à défaut de l'être sportivement puisqu'il a fallu attendre DD pour que l'OM remette de l'argenterie dans le coffre. MLD n'a pas su faire fructifier l'héritage. Et ce n'est rien de le dire.