Avant Rennes - Saint-Etienne : Ruffier, un roc accroché aux Verts

Il y a des signes qui ne trompent pas. L'OM version Mc Court, désireux de préparer l'après-Mandanda, avait récemment fait de Ruffier son premier choix. Le gardien d'origine basque a non seulement choisi de prolonger avec Saint-Etienne jusqu'en 2021, mais quelques jours après cette annonce, il a chargé le barque des regrets marseillais avec trois sauvetages première classe face aux hommes de Rudi Garcia mercredi (0-0). Une prestation dans le ton de ce qu'il réalise cette saison, un peu en inadéquation avec la 9e place de L1 des Verts avant de rencontrer Rennes dimanche.

Sa décision de quitter les Bleus l'année dernière n'est peut-être pas pour rien dans ce début de saison tonitruant. Lassé d'être l'éternel N.3 en équipe de France (3 sélections), il a choisi de laisser à d'autres cette place sans doute ingrate à ses yeux, pour se consacrer entièrement à son club. Une décision qui semble payante.

Les Stéphanois l'ont certainement perçu, eux qui ne manquent pas une occasion de lui dire tout le respect qu'il leur inspire. La greffe n'était pourtant pas évidente. A son arrivée en juillet 2011 dans le Forez, il vient de quitter Monaco, son club formateur renvoyé en L2, en pleine déprime. Et à Saint-Etienne, qui vient d'échapper deux fois à la relégation, il succède à Jérémie Janot, une icône de Geoffroy-Guichard. Un vrai challenge. Mais les supporteurs sont vite rassurés. Pour preuve, ils l'élisent trois années de suite meilleur Stéphanois de l'année.

Le président Roland Romeyer aime à le comparer à une autre idole du Chaudron, Ivan Curkovic, héros de l'épopée des Verts en 1976. Une chose est sûre, il s'inscrit dans la lignée des grands gardiens qu'a connu le club comme Claude Abbes, Georges Carnus ou Joseph-Antoine Bell, Grégory Coupet. Côté trophée, Ruffier a grandement contribué à ramener le seul glané par les Verts en plus de 30 ans, une coupe de la Ligue gagnée en 2013. Saint-Etienne n'avait plus rien remporté depuis leur dernier et dixième titre de champion de France en 1981.

Lors de cette petite épopée de 2013, il avait été déterminant dans les séances de tirs au but contre Lorient, le Paris SG et Lille. "C'est un gardien qui n'a pas une grosse prise de risques. Il reste beaucoup sur sa ligne mais il en impose par son physique et son attitude. Il prend énormément de place et on a l'impression qu'il aimante les ballons. Son positionnement est toujours pertinent", analysait Coupet avant le derby à Lyon, le 2 octobre.

Depuis la saison 2007-2008, il est crédité de plus de 930 interventions décisives. Une statistique éloquente. La décision de prolonger avec les Verts a toutefois quelque chose de surprenant. Dragué par l'OM, il avait par le passé laissé filtrer son rêve d'Italie ou de Ligue des champions. Avec les Verts, il ne peut guère rêver mieux que d'Europa league. Mais peu lui importe.

"Cette prolongation est une marque de grande confiance de la part de l'ASSE. Je voulais leur rendre. Depuis que je suis là, le club a toujours été très correct avec moi et tout s'est toujours bien passé", a confié le portier au quotidien La Tribune-Le Progrès après avoir signé. Il reconnaît avoir eu des opportunités pour aller voir ailleurs. "Mais aujourd'hui, sportivement, je n'ai pas trouvé mieux. Financièrement, oui mais j'ai toujours privilégié le sportif à l'aspect financier", explique-t-il.

"A 30 ans, j'ai le temps de voir venir. L'argent, on en gagne suffisamment. On joue au football pour vivre des expériences uniques. Etre dans le top 5 français, disputer une coupe d'Europe chaque année, cela en fait partie", a insisté Stéphane Ruffier qui pense "pouvoir jouer jusqu'à 40 ans". Toujours avec les Verts ?