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Argent, attractivité, compétitivité : comment la D2 anglaise commence à piller la L1

Vincent Bregevin

Mis à jour 20/07/2017 à 18:28 GMT+2

LIGUE 1 - De plus en plus de joueurs privilégient un transfert vers le Championship, l'équivalent de la Ligue 2 en Angleterre, plutôt que de rester dans l'élite française. La tendance est bien partie non seulement pour durer, mais aussi pour s'intensifier.

Anthony Knockaert, promu en Premier League avec Brighton and Hove Albion

Crédit: Getty Images

Elle était déjà soumise à une concurrence démentielle. De Liga, de Bundesliga, de Serie A. Et bien sûr de Premier League. L'Angleterre a toujours été la première terre d'accueil des joueurs de Ligue 1. Elle l'est encore davantage. L'élite française est désormais confrontée à un acteur qu'elle n'avait pas vu venir au moment de garder ses joueurs : le Championship. La D2 anglaise a déjà séduit Martin Braithwaite, Famara Diedhiou, Cheikh Ndoye et Neal Maupay. En attendant peut-être Diego Rolan.
Quitter la Ligue 1 pour le Championship, c'est une décision qui peut paraître surprenante. Braithwaite, Diedhiou et Ndoye ont montré suffisamment de potentiel pour rester en L1 et même rejoindre des clubs plus huppés que Toulouse ou Angers. Et ainsi jouer l'Europe. De ce point de vue, partir pour un championnat de 2e division, particulièrement exigeant avec 24 équipes et 46 journées à disputer, ressemble à un pari risqué. Mais le défi séduit de plus en plus de joueurs. Quatre, peut-être bientôt cinq cet été. "Et le chiffre peut doubler d'ici la fin du mercato", prédit Damien Comolli.
Grand connaisseur du football anglais, l'ancien recruteur d'Arsenal et directeur sportif de Tottenham et de Liverpool n'est pas surpris par le phénomène. Bien au contraire. "Cela fait 3 ou 4 ans que je l'annonce, rappelle-t-il. Et ça ne concerne pas que la Ligue 1. Le Championship recrute aussi de plus en plus de joueurs de Bundesliga ou de Bundesliga 2. Il y a deux ou trois ans, les joueurs étaient encore réticents à franchir le pas pour aller jouer à l'échelon inférieur en Angleterre. Ce n'est plus le cas."

L'argent coule à flots

L'argent est, sans surprise, la première explication de ce phénomène. Et ce serait une erreur de réduire ce facteur aux seuls droits TV. Même s'ils contribuent déjà à donner aux clubs de Championship des moyens financiers pour rivaliser avec ceux de la Ligue 1. "Il faut aussi prendre en compte le fait que le Championship a battu son record du nombre de spectateurs cette saison", souligne Comolli. Au-delà de l'ambiance qui peut attirer les joueurs, beaucoup de clubs bénéficient ainsi de recettes de billetterie égaux ou supérieurs à ceux de la majorité des clubs de Ligue 1.
Aussi, certains clubs de Championship appartiennent à des propriétaires supporters qui n'hésitent jamais à mettre la main au portefeuille. "Mel Morris, le propriétaire de Derby County, a grandement fait fortune avec le jeu Candy Crush Saga et il en investit une grande partie dans le club, explique Comolli. Tony Bloom a injecté 30 millions de livres (33,9 millions d'euros) dans le club de Brigthon and Hove Albion et 100 millions dans le stade (113 millions d'euros). A Fulham, Shad Khan veut à tout prix faire monter le club en Premier League. Quand il y a un déficit, il fait toujours un gros chèque."
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Mel Morris, propriétaire supporter de Derby County

Crédit: Getty Images

L'argent coule à flots en Championship et cela permet aux clubs d'offrir des salaires souvent supérieurs à la majorité des clubs de Ligue 1. "Ça peut atteindre 2,5 millions de livres par an (2,8 millions d'euros)", confirme Comolli. Un revenu que seuls le PSG, Monaco, Marseille ou Lyon sont capables d'offrir en France. Même un club comme Bordeaux peut difficilement s'aligner. Le cas de Rolan, convoité par Fulham, illustre assez bien le phénomène.

Un cercle vertueux

Ces moyens colossaux ne permettent pas seulement aux clubs de Championship de se doter d'infrastructures ou de services médicaux plus développés que dans la majorité des clubs de Ligue 1. Ils ont aussi la possibilité de conserver le même train de vie sur plusieurs saisons. "Avec les nouveaux droits TV, cela leur donne un parachute de quatre ans", estime Comolli. C'est largement suffisant pour donner les moyens aux clubs de conserver leurs meilleurs éléments et, dans le même temps, d'en attirer de nouveaux.
C'est un cercle vertueux. Avec des stades pleins, une ambiance inimitable et une porte d'entrée potentielle vers la Premier League, le Championship devient aussi de plus en plus compétitif et intéresse toujours davantage les joueurs étrangers. Notamment ceux d'une Ligue 1 qui risque de voir le phénomène s'amplifier. "Les clubs français doivent impérativement travailler pour se développer, remplir les stades et faire des revenus sur le merchandising, prévient Comolli. Sans quoi l'écart avec le Championship continuera à se réduire."
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