Ligue 1 - 13e journée - Nantes, l’anti-PSG

Elles sont deux. Montpellier et Marseille sont les deux seules formations à avoir ralenti le PSG cette saison dans sa course effrénée vers la tête de la Ligue 1 (dix victoires, deux nuls). L’une a défendu à dix, l’autre a beaucoup tenté pour l’emporter, mais l’issue fut la même : un petit point obtenu aux allures d’immense exploit (0-0 et 2-2).

En ce début de saison, le PSG ne laisse que des miettes à ses adversaires nationaux, à l’instar du FC Barcelone en Liga, de Manchester City en Premier League (dix victoires et un nul chacun) ou de Naples en Serie A (dix victoires, deux nuls). Et, comme pour les trois autres leaders cités, le football développé par les Rouge et Bleu est un football ultra offensif, spectaculaire, pensé par un entraîneur joueur et magnifié par ses nombreux atouts en attaque.

Du FC Nantes, club entraîné par le tacticien Claudio Ranieri et prochain adversaire du PSG, on ne peut pas en dire autant. On serait même tenté d’en dire exactement l’inverse. Ce serait peut-être un brin exagéré, mais il y a dans le football prôné par l’Italien de grandes différences avec celui qui est cher à Unai Emery.

"Ranieri amène ce style un peu italien qu’il faut avoir parfois dans un match. Il préfère qu’on ait le bloc assez bas et compact, évoquait l’attaquant nantais Emiliano Sala dans L’Equipe le mois dernier. Pour lui, il faut qu’on soit une espèce de château à protéger. Il nous parle toujours de château."

Pour l’instant, le château tient sur des fondations solides, les Canaris devant avant tout leur cinquième place à un état d’esprit défensif et solidaire. Avec neuf buts encaissés, le FCN possède la troisième meilleure défense de Ligue 1 (seuls Paris et Montpellier ont fait mieux avec huit buts pris). Il n’est pas sûr que cette statistique demeure aussi reluisante à l’issue du match au Parc des Princes samedi soir, ce PSG aimant pour sa part rester très haut sur le terrain et étouffer son adversaire dans ses 30 mètres, tout particulièrement lorsqu’il évolue dans son antre.

Conscient de l’opposition de style à venir (de la rude opposition tout court), Ranieri a joué les plaisantins en conférence de presse jeudi. Ses boutades - "si je pouvais mettre 22 joueurs…" ou encore "je vais prendre deux bus" - ont donné le ton de l’affrontement à venir, lui qui a également rigolé en parlant d’aligner une défense à cinq. Pas sûr que cette dernière phrase contienne autant d’humour que les deux autres.

Pas forcément spectaculaire cette saison (même si Ranieri défend l’idée qu’un match tactique est un spectacle en soi), le FC Nantes affiche des chiffres aussi mauvais dans le secteur offensif qu’ils sont bons à l’autre bout du terrain. Troisième meilleure défense, le club de Waldemar Kita chute au quinzième rang dès lors qu’on observe le classement des meilleures attaques. C’est d’ailleurs tout l’exploit de cette formation, capable d’empocher sept victoires en douze journées avec un bilan famélique de onze buts marqués. A l’inverse, le PSG a déjà planté 39 buts, ne laissant aucune place au doute lors de ses dix succès.

D’autres statistiques expliquent par ailleurs ces lacunes offensives. Avec seulement 44,1 % de possession de balle (d’après le site whoscored.com), les Nantais sont, avec Troyes, les moins aptes à conserver le ballon dans le championnat de France. Le FCN possède également le plus mauvais bilan de L1 concernant les passes réussies par match (72,5%), ce qui rend, de fait, assez délicate la mission "marquer des buts". Là encore, le PSG se situe à l’exact opposé et au premier rang dans ces deux secteurs avec quasiment 64% de possession de ballon (63,9) et 90,3% de passes réussies par match.

Au regard de ces effroyables statistiques offensives, certains pourraient avoir toujours du mal à comprendre comment Nantes peut pointer au cinquième rang du championnat. Et pourtant, même s’il doit beaucoup à la réussite, ce classement n’est pas usurpé pour un sou. Il s’explique même assez facilement si l’on prend conscience du grand respect des Canaris pour leur nouvel entraîneur Claudio Ranieri.

A 66 ans, l’ancien coach de la Juventus, Chelsea, la Roma ou encore Valence (liste non exhaustive) semble moins dans un plan de carrière qu’il n’a pu l’être à ses débuts. Ses quatre derniers contrats (Monaco en Ligue 2, la sélection grecque, Leicester et donc Nantes) indiquent en tout cas un réel changement de cap, lui qui entraîne depuis cinq ans des joueurs n’appartenant pas "au gratin" du ballon rond. Un contexte qui fait de Ranieri la vedette de ces différentes entités et facilitent forcément l’attention de ses ouailles.

Vous l’avez senti venir, on ne peut pas décrire la situation d’Unai Emery au PSG de la même manière, quand bien même le discours officiel de chaque membre du club cherche à renforcer la crédibilité de l’Espagnol. Avec vingt ans de moins que Ranieri (46 ans) et pas forcément la même aura, Emery semble parfois pâtir à Paris d’un manque de considération, lui qui entraîne pour la première fois de sa carrière un club aussi ambitieux et médiatisé. La gestion du cas Neymar en est d’ailleurs une conséquence parmi d’autres. Il est toutefois difficile d’imaginer que ces différences de gestion interne auront une réelle influence sur le match de samedi entre Parisiens et Nantais. Mais sur toute une saison…