Ligue 1 : Rennes ne fait vraiment rien comme tout le monde

A Rennes, tout va beaucoup mieux. C'est du moins ce que les résultats sportifs laissent entendre. Après n'avoir pris que six points lors des neuf premières journées, le club breton a su relever la tête en remportant trois rencontres de suite en Ligue 1. Quatre, toutes compétitions confondues avec la victoire à Dijon (1-2) en Coupe de la Ligue. Le succès contre Bordeaux vendredi soir (1-0) est venu confirmer le redressement des Rouge et Noir.

Mais le Stade Rennais n'est pas un club comme les autres. Il a montré, à diverses reprises, sa propension à nager à contre-courant, à surprendre. En mal. Là où partout ailleurs, un enchaînement de victoires aurait engendré une période d'accalmie, le club n'a jamais semblé aussi proche de l'implosion.

Car Christian Gourcuff et ses joueurs n'ont pas réellement eu le temps de savourer leur victoire contre les Girondins. Dans la foulée du match, le président du club, René Ruello, a annoncé sa démission dans un communiqué : "Après le délire médiatique hallucinant de la mi-octobre, j’ai pris du repos et la décision de quitter mes fonctions à la Présidence du club, malgré le soutien et les assurances de mon actionnariat."

Il est vrai que les quinze derniers jours n'ont pas été de tout repos à Rennes. Les rumeurs autour d'un éventuel licenciement du duo Ruello-Gourcuff se sont multipliées. Au point de pousser le premier vers la sortie, d'après ses dires. Difficile de ne pas douter de cette version puisque le club a annoncé une heure seulement après sa démission l'arrivée d'Olivier Létang au poste de manager général et de président délégué. Des fonctions élargies qu'il occupera à partir du 7 novembre, date du prochain conseil d'administration. Le timing pose forcément question. Tout comme le fait que L'Equipe et Ouest France annonçaient depuis plusieurs jours maintenant l'arrivée de l'ancien du PSG.

"Je viens de l'apprendre, je suis écœuré. Ecœuré de ce qui se passe depuis un mois ici. René Ruello a eu la délicatesse de ne pas me le dire avant le match. Je l'ai appris après vous, la presse", a pour sa part déclaré Christian Gourcuff, qui n'a donc pas caché ses sentiments.

En coulisses, tout semblait prêt depuis longtemps. Une scène assez absurde, détaillée par Ouest France, s'était d'ailleurs jouée le 16 octobre dernier à la Piverdière, au centre d'entraînement de Rennes. Arrivé en fin d'après-midi, René Ruello était sorti de sa voiture et avait lancé, agacé : "Je viens d'avoir François Pinault au téléphone, il n'est au courant de rien !" D'après les informations du quotidien, le propriétaire du club aurait surtout assuré ce dernier de plus amples explications.

A l'évidence, la position de Christian Gourcuff est plus que fragilisée. Parce que René Ruello était un proche de l'entraîneur breton. Parce que lui-même n'a pas caché le manque de compatibilité avec Olivier Létang vendredi soir : "On fait les choses à l'envers. Je ne le connais pas donc c’est difficile de m’exprimer mais ça m’étonnerait que quelqu’un qui soit parachuté vienne pour ce que l’on voulait faire. […] Ses idées ? Il travaille comme agent." Létang a en effet rejoint la société d'agents Sports Invest Uk après son départ du PSG en avril dernier. Une autre vision du football en somme.

Il y a une semaine, l'ancien coach de Lorient avait d'ailleurs déjà glissé un tacle à l'égard de son nouveau manager général : "Ça n'aurait aucun sens de continuer avec des personnes avec lesquelles je ne partage pas les mêmes valeurs, je ne l'ai jamais fait et ça fait 35 ans, je ne vais pas changer maintenant."

Dans ces conditions, difficile (impossible ?) d'imaginer Christian Gourcuff poursuivre sa route au Stade Rennais. Plusieurs noms ont filtré dans la presse ces dernières semaines, dont celui de Christophe Galtier, qui semble le mieux placé.

A ce stade, une chose est sûre : Rennes ne sort pas grandi de cette soirée. Celui qui en parle le mieux, c'est peut-être Romain Danzé, dont les propos ont été relayés par 20 minutes : "Ça faisait super longtemps que le Stade Rennais n’avait pas aligné quatre victoires consécutives. Et le soir de sa quatrième victoire, il n’a plus de président. C’est le Stade Rennais, on le sait de toute façon. Moi, ça fait 17 ans que je suis là, et voilà… C’est un club à part." Il serait peut-être temps qu'il rentre dans le rang.